L'Egypte vit des heures de très grande tension depuis dimanche après-midi. Un mouvement populaire d'une ampleur jamais vue a réclamé la démission du président Mohamed Morsi, tandis que ses partisans ont manifesté en ce jour anniversaire de sa prise de fonctions. Toute la journée, des manifestants ont convergé vers la place Tahrir, au Caire, où des centaines de personnes avaient déjà passé la nuit.

Les opposants ont planté des tentes et tendu des banderoles hostiles à Mohamed Morsi, en ce lieu symbolique de la révolte qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak en 2011. D'autres manifestants anti-Morsi se sont dirigés vers le palais présidentiel. Des rassemblements hostiles au président ont également eu lieu dans les provinces. L'armée a annoncé jusqu'à 17 millions de personnes mobilisées à travers le pays. Dans l'autre camp, ses partisans défendent la «légitimité» du premier président civil. Les Frères musulmans, confrérie dont il est issu, appellent à une «mobilisation générale» pour appuyer le chef de l'Etat.

Ces mobilisations rivales ont donné lieu à de nouvelles violences dimanche, après des heurts en Alexandrie et dans les provinces du Delta du Nil entre manifestants pro et anti-Morsi qui ont fait huit morts depuis mercredi, dont un journaliste Américain. Une personne a été tuée à Beni Suef, trois autres dans la province d'Assiout, au sud du Caire, et une cinquième au cours d'affrontements aux abords de locaux des Frères musulmans.

A l'origine des appels à manifester contre le président, depuis repris par l'opposition, se trouve Tamarrod (rébellion en arabe), un mouvement qui a revendiqué quelques 22 millions de signatures pour une pétition appelant à une présidentielle anticipée.