Après le FMI, c'est maintenant à un éminent membre la Commission Européenne de le reconnaître, en toute discrétion : la rigueur est une erreur catastrophique qui a fait perdre 4,78 points de PIB et 1,9 point de chômage à la France entre 2011 et 2013. C'est ballot !

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L'Humanité relève, un mois après le New-York Times, un rapport de la Commission Européenne intitulé "Les consolidations budgétaires et leurs retombées dans la périphérie et le noyau de la zone euro". Son rédacteur n'est autre que Jan In't Veld, un économiste connu et respecté, modélisateur en chef de la Commission. D'après le bonhomme, qui confirme ainsi plusieurs estimations récentes de cadres du Fonds Monétaire International (FMI), le "coefficient multiplicateur" utilisé par les puissances publiques pour évaluer l'effet négatif des politiques d'austérité sur l'économie est largement sous-évalué.

Résultat : L'austérité aurait en réalité fait perdre 4.78 points de Produit intérieur brut (PIB) à la France entre 2011 et 2013. Et tous les pays européens sont touchés : l'Allemagne aurait perdu 3,9 points, l'Italie, 4,86, l'Espagne, 5,39, et la Grèce, 8,05 points. Le chômage est aussi concerné : sur la même période, 1,9 point de chômage est imputable à l'austérité en France. 1,7 point en Espagne et en Allemagne, et jusqu'à 2,7 points en Grèce.

Selon l'économiste, cet effet imprévu s'explique par le fait que les mesures négatives, appliquées dans tous les pays européens au même moment, se cumulent et interfèrent entre elles, de telle façon que leur incidence s'en trouve démultipliée. Et le plus dur est à venir... Si les États arrêtaient immédiatement leurs politiques de rigueur, la France, l'Espagne, le Portugal ou la Grèce ne combleront qu'en 2018 leur retard de croissance dû aux seules mesures d'austérité prises entre 2011 et 2013. Problème : ces Etats, ayant voté le Pacte budgétaire européen, se sont eux-mêmes interdits d'autre politique que l'austérité.