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Les concessions faites par le Président iranien Hassan Rouhani et l'Ayatollah Ali Kamenei dont les détails émergent peu à peu reviennent pratiquement pour l'Iran à renoncer à son programme pacifique nucléaire pour lequel elle a investi environ 40 milliards de dollars et la communauté scientifique iranienne payé le prix fort avec plusieurs de ses meilleurs spécialistes assassinés par Israël. En Iran certains considèrent Rouhani comme une marionnette de l'Occident et s'élèvent contre cette capitulation.

L'accord intérimaire concocté en coulisse - avec la complicité du sultan d'Oman Qaboos servant d'intermédiaire - par les US et Rouhani depuis Août 2013 est considéré par certains Iraniens dans l'opposition comme les prémices avancés d'une fermeture par l'Iran de son programme nucléaire civil ce à quoi ils s'opposent.

Dés son élection Rouhani a regroupé l'Organisation pour l'Energie Nucléaire de l'Iran et le Ministère de l'énergie. Selon le quotidien iranien Kayhan du 20/11/2013 pratiquement toutes les demandes de l'AIEA énoncées lors de rencontres à Genève le mois dernier ont déjà été appliquées depuis l'arrivée au pouvoir de Rouhani et le gros des activités des installations nucléaires iraniennes a été suspendu.

L'Iran a fait d'importantes concessions sur son droit à l'enrichissement de l'uranium comme signataire du TNP puisqu'elle a accepté de se limiter à enrichir à un maximum de 3.5% renonçant à son droit à enrichir à 20% pour produire des isotopes pour son réacteur de recherche médicale. Principaux bénéficiaires de ce renoncement le nucléaire médical français et le nucléaire médical russe. L'Iran devra de nouveau importer l'uranium enrichi pour son nucléaire médical.

Les US et la Grande Bretagne se sont empressés d'affirmer que le droit à l'enrichissement n'était pas stipulé dans l'accord intérimaire signé.

L'Iran a également accepté de ne pas augmenter sa production d'uranium enrichi à 3.5 bien qu'ayant en prévision la construction de deux nouvelles centrales nucléaires en dehors de celle déjà en fonctionnement à Bushehr. La Russie se frotte les mains car non seulement elle va construire ces deux nouvelles centrales mais en plus elle fournira l'UE à 3.5%.

L'Iran a accepté de ne plus installer de nouvelles centrifugeuses de ne plus construire de nouvelles infrastructures d'enrichissement et de ne pas produire de combustible pour son réacteur à eau lourde d'Arak ce qui revient à terme à fermer ce centre.

L'Iran a accepté de soumettre toutes ses installations directement ou indirectement liées à son programme nucléaire à des contrôles renforcés et imprévus par les inspecteurs de l'AIEA sachant que par le passé notamment dans le cas du nucléaire de Saddam Hussein certains de ces inspecteurs sont à la solde des USionistes pour le compte desquels ils espionnent.

En retour de toutes ces concessions l'Iran n'a obtenu pratiquement rien quant à la levée des sanctions unilatérales imposées par les USionistes l'UE et leurs satellites. L'Iran a 100 milliards de $ de fonds gelés dans les banques étrangères les US ont promis d'en dégeler 7 milliards. A cause des restrictions bancaires l'Iran n'a perçu que 4.2 milliards de $ de ses ventes de pétrole et est obligée d'importer des produits de pays comme l'Inde la Chine le Japon la Corée du Sud ces principaux clients en contrepartie de ses ventes de pétrole comme monnaie d'échange. Environ 15 milliards de $ de ses revenus seront versés sur des comptes à l'étranger avec restriction quant à l'utilisation de cet argent 400 millions devant être transférés à des institutions éducatives dans des pays du Tiers Monde pour payer les frais de scolarité des étudiants iraniens.

Les sanctions restent donc en grande partie en place et il n'est pas exclu que les Sionistes et leurs valets au Congrés US n'en votent d'autres même si l'administration Obama fait mine de s'y opposer.

Pourtant ces sanctions contre l'Iran ont un impact certain sur les économies des pays qui les appliquent à l'exception d'Israël qui n'entretient plus de relation commerciale avec l'Iran depuis la chute du Shah. En France PSA a durement pâti de ces sanctions l'Iran étant son deuxième client à l'exportation et on peut dire que les vagues de licenciements sont la résultante de ces sanctions.

C'est pourtant le moment qu'a choisi Rouhani pour capituler face aux USionistes.

En Iran la capitulation de Rouhani est très mal vécue par l'opposition. Pourtant elle a été soutenue par le guide suprême l'Ayatollah Ali Khamenei qui 3 jours avant la signature de cet accord intérimaire, le 20 Novembre, a fait un discours devant les plus hauts commandant militaires et environ 50 000 membres des Basij -milice composée de volontaires actifs parallèlement à l'armée- où il a endossé cet accord tout en ponctuant son discours des accusations habituelles contre les impérialistes occidentaux pour sauver la face.

Selon le quotidien iranien Kayhan, Mohammad Hassa Asfari, membre du comité sur la sécurité nationale et la politique étrangère du parlement iranien ainsi que d'autres membres du parlement avaient rencontré le ministre des affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif pour demander que l'un des leurs accompagne la délégation iranienne pour assister aux négociations à Genève. Rouhani et Zarif ont refusé Zarif refusant de divulguer les détails de l'accord avant que celui-ci ne soit signé.

Pourtant selon les articles 125 et 77 de la Constitution iranienne tout accord avec des gouvernements étrangers doit être approuvé par le parlement. Certains membres de ce dernier ont sévèrement critiqué la signature de ce qu'ils considèrent comme un accord très préjudiciable à l'Iran voire une capitulation de Rouhani.

Rouhani représente en Iran une élite prête à faire des concessions pour pouvoir faire des affaires avec l'Occident favorisées par la levée des sanctions les Mullahs conservant eux le pouvoir politico religieux et pour certains économiques. Comme partout ailleurs se sont toujours les élites qui finalement trahissent les intérêts nationaux et ceux du peuple.

Les groupes d'opposition considèrent cet accord intérimaire comme une trahison de la nation iranienne et pensent que l'Iran s'est soumise aux puissances occidentales qui auront le dernier mot lors de l'accord final si tant est qu'il y en ait un. Ils comparent cet accord à l'accord Turkamanchai de 1828 avec la Russie qui a vu l'Iran perdre ses provinces du Sud Caucase au profit de la Russie ou encore à celui signé par le premier ministre iranien de l'époque en 1919,Hassan Vossogh Eldoleh, avec la Grande Bretagne qui lui avait versé un pot de vin et qui faisait de l'Iran un protectorat britannique. Ce dernier accord a ensuite été annulé par le parlement iranien.

Côté USioniste la coopération n'a jamais été aussi active pour concocter un accord final visant à démanteler totalement - à l'exception de la centrale de production d'électricité de Bushehr de facto sous contrôle russe - le programme nucléaire iranien indépendant.

Kerry a affirmé que l'accord final devrait prendre d'abord en compte la sécurité d'Israël et Obama a redit qu'aucune option d'attaque militaire contre l'Iran n'était exclue et qu'il était hors de question de diminuer la présence militaire US dans le Golfe. En fait les US viennent de décider de stationner plusieurs de leurs plus modernes avions de combat au Bahreïn positionnés pour attaquer l'Iran immédiatement sur simple ordre d'Obama.

Netanyahou s'est félicité du démantèlement du programme d'armes chimiques syriens appelant au démantèlement du nucléaire iranien de la même façon tout en vociférant en public contre l'accord intérimaire avec l'Iran pour tromper son monde.

L'objectif c'est de faire en sorte qu' »Israël « reste la seule puissance nucléaire au Moyen Orient non signataire du TNP capable pour imposer son hégémonie de mener une attaque «préventive» nucléaire contre tout pays osant contester cette domination juive sioniste.

Reste maintenant à voir si l'opposition iranienne à cet accord en Iran- que ce soit au sein du parlement, chez les Gardes de la Révolution, le peuple iranien qui aurait donc souffert de ces sanctions pour rien- finira par avoir raison de cet accord vécu pour eux comme une capitulation ?