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© SIPA USA/SIPAJohn Kerry, secrétaire d'Etat américain et Benjamin Netanyahou, premier ministre israélien en juin 2013 à Jérusalem.
Washington n'avait guère apprécié les propos de Moshé Yaalon contre le sécrétaire d'État américain...

Voir Israël et les États-Unis se déchirer sur la place publique est rare, mais c'est aussi de courte durée. Après leur clash diplomatique de mardi, consécutif à une virulente attaque personnelle du ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, contre le secrétaire d'État, John Kerry, le premier s'est excusé mardi soir dans un communiqué.

Plus tôt dans la journée, le quotidien Yediot Aharonot avait rapporté des conversations privées de Yaalon avec des officiels israéliens et américains. « Le secrétaire d'État John Kerry - qui est arrivé ici déterminé, et qui est animé par une obsession incompréhensible et une sorte de messianisme - ne peut rien m'apprendre sur le conflit avec les Palestiniens », aurait ainsi proféré le ministre israélien. « La seule chose susceptible de nous sauver est que John Kerry remporte le prix Nobel (de la Paix) et nous laisse tranquilles », avait-il également ironisé, selon le journal.

Déclaration «choquante et déplacée»

La Maison Blanche avait jugé cette déclaration « choquante et déplacée », alors le Département d'État qualifiant d'« insultants » les propos du ministre israélien, alors que John Kerry s'efforce depuis juillet dernier de parvenir à un accord de paix entre Israël et les Palestiniens. « Les remarques du ministre de la Défense, si elles sont confirmées, sont insultantes et inappropriées en particulier compte tenu de ce que font les États-Unis pour la sécurité d'Israël », a ainsi déclaré Jennifer Psaki, porte-parole du Département d'État, à des journalistes après une visite de John Kerry au Vatican.

Mardi après-midi, Moshé Yaalon avait déjà tenté de calmer le jeu, en publiant un communiqué dans lequel il qualifiait les États-Unis de « plus importants alliés » d'Israël, mais sans démentir les propos qui lui ont été prêtés. Dans la soirée, il a fait mieux, affirmant dans un nouveau communiqué qu'il « n'avait eu aucune intention d'offenser le secrétaire d'État et qu'il lui présentait ses excuses s'il avait été blessé par les propos qui ont été attribués au ministre de la Défense ».

Distance de Benjamin Netanyahu

A la suite des révélations de Yediot Aharonot, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, avait dû s'inscrire en faux contre les déclarations de son ministre lors d'un discours au Parlement. « Il y a parfois des divergences avec les États-Unis, mais elles portent toujours sur le fond et non sur les personnes », avait souligné le chef de gouvernement.

Moshé Yaalon, un faucon du gouvernement de Benjamin Netanyahu, avait critiqué plus spécifiquement des propositions américaines sur la sécurité en Cisjordanie, en particulier dans la vallée du Jourdain, le long de la frontière avec la Jordanie. « Le plan américain de sécurité qui nous a été présenté ne vaut pas le papier sur lequel il est écrit. Il n'assure ni la sécurité ni la paix », avait-il tranché. « Pour le moment, nous sommes les seuls à avoir concédé quelque chose - la libération de prisonniers (palestiniens) - alors que les Palestiniens n'ont rien donné », avait poursuivi ce dirigeants du Likoud (droite nationaliste).

Négociations en cours

Israël s'est engagé à relâcher en quatre temps un total de 104 détenus palestiniens afin de permettre la relance des négociations avec les Palestiniens. Mais lors des trois premières phases, les libérations se sont accompagnées d'annonces de constructions dans les colonies.

La ministre de la Justice Tzipi Livni, chargée des négociations avec les Palestiniens, a critiqué son collègue de la Défense : « on peut s'opposer aux négociations de façon argumentée et responsable, sans compromettre les relations avec notre meilleur ami ».

Une autre polémique israélo-américaine a éclaté mardi à la suite d'une déclaration du ministre israélien du Logement Uri Ariel, un fervent partisan de la colonisation, qui a assuré que les récents projets de construction annoncés par Israël l'avaient été « en coordination » avec les États-Unis.