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Washington va revoir « les conditions d'autorisation à l'exportation en Russie de certains équipements de haute technologie susceptibles d'avoir un usage militaire. »
Entre les États-Unis et la Russie, tout a toujours été une question d'étoiles.

Dans les années 80, l'étoile rouge et glacée du communisme soviétique planait tel un drone alcoolique sur les âmes du Kremlin, quand les étoiles bodybuildées de la bannière américaine flottaient au sommet du monde « libre ». À la même époque, on eut le summum du bluff meurtrier : la « guerre des étoiles » (l'initiative de défense stratégique lancée par Reagan). Et maintenant, l'étrange menace russe sur les astronautes yankee. La raison de ce courroux spatial : Washington va revoir « les conditions d'autorisation à l'exportation en Russie de certains équipements de haute technologie susceptibles d'avoir un usage militaire. Or, le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a admis mardi que ces sanctions pouvaient affecter le secteur des lancements d'engins spatiaux », explique Le Parisien.

Vous me direz, bien au-dessus des prairies d'Ukraine, on prend enfin de la hauteur. La phrase, prononcée ce mardi, fait pourtant guerre froide dans le dos : selon le vice-Premier ministre russe Rogozine, « les États-Unis "exposent" leurs astronautes de la Station spatiale internationale (ISS) en adoptant des sanctions contre Moscou qui peuvent toucher le secteur spatial russe ». Il a précisé que « s'ils veulent frapper le secteur russe des fusées, ils vont automatiquement, par rebond, exposer leurs cosmonautes de la Station spatiale internationale ». « Exposer », c'est délicatement dit, mais ça commence à sentir le vilain coup. Les méchants néo-soviétiques vont-ils abandonner leurs collègues dans la nuit infinie ? Y aura-t-il une baston intergalactique au-dessus de nos têtes ? Laurence Haïm sera-t-elle mise en orbite pour commenter le spectacle ?

C'est dur quand même, parce que l'ISS, la station mondiale, c'était officiellement le terrain neutre, l'endroit où on pouvait jouer ensemble, la « maison commune » de l'Humanité !

En même temps, les Américains qui, depuis 30 ans, quittent peu à peu l'espace, sont terriblement dépendants des vaisseaux russes Soyouz, lesquels sont aujourd'hui l'unique moyen de revenir de la Station spatiale internationale. C'est marrant, dans le très bon film Gravity, la jolie astronaute américaine en détresse (Sandra Bullock) revient sur terre grâce à une capsule Soyouz... Les Américains, qui n'en finissent plus de déployer leur arsenal de « sanctions », pourraient bien finir par s'en mordre les doigts. Bien sûr, c'est à qui sera le plus viril : « Si la Russie continue sur la voie de la déstabilisation de l'Ukraine, elle va le regretter », déclare, en gonflant les biceps, un haut responsable américain. Mais les analystes de la Maison-Blanche devraient être plus prudents. Poutine n'est pas Gorbatchev et encore moins Eltsine. Peut-être que le tsar du XXIe siècle est, au fond, un féroce loup soviétique programmé pour la revanche.