Vodaphone
© AFP PHOTO / JUSTIN TALLISVodafone révèle l'existence de "câbles secrets" utilisés par les agences gouvernementales pour écouter ou enregistrer des conversations de ses utilisateurs
Dans un rapport inédit révélé par « The Guardian », l'opérateur de téléphonie, présent dans 29 pays, révèle l'existence de « câbles secrets » utilisés par des agences gouvernementales pour écouter ou enregistrer des conversations tenues par ses utilisateurs.Un scénario digne de la fiction « 1984 » de George Orwell. L'opérateur téléphonique mondial Vodafone, aux près de 400 millions d'abonnés, publie un rapport choc sur la surveillance téléphonique orchestrée par les 29 Etats dans lesquels il opère. Baptisé « Law Enforcement Disclosure Report », ce rapport de 40.000 mots révélé par le journal britannique « The Guardian » révèle l'existence de « câbles secrets » (« secret wires ») permettant aux agences gouvernementales de certains des pays dans lesquels il opère d'écouter, en direct ou en différé, et d'enregistrer des conversations privées tenues par ses utilisateurs. Voire même de les tracer en obtenant de nombreuses métadonnées (comme les lieux précis ou les dates à laquelles sont passés les appels), sans que les autorités aient besoin de fournir de mandats légaux pour y accéder.

Dans six des pays dans lesquels Vodafone opère - dont il tait l'identité par peur des représailles pour ses employés sur place - la loi oblige en effet les opérateurs télécoms à installer des canaux d'accès direct ou autorise les gouvernements à le faire. Les entreprises de télécoms ignorent l'identité ou le nombre des utilisateurs ciblés par cette surveillance étatique.

D'après des sources industrielles citées par « The Guardian », ces câbles secrets seraient installés dans une pièce gardée fermée dans les centres de données des opérateurs. Les employés y travaillant peuvent être, selon ces sources, des salariés de l'entreprise de télécoms mais sont astreints au silence vis-à-vis du reste des employés.

Vodafone, qui affirme que ces câbles ont été directement connectés à son réseau ainsi que ceux d'autres opérateurs concurrents dans six pays du monde, est pour l'heure le premier à oser exposer cette surveillance de masse au grand jour. « Ces canaux existent, ce modèle d'accès direct existe », souligne Stephen Deadman responsable de la vie privée chez Vodafone. Vodafone en appelle ainsi aux Etats afin que ces canaux d'accès direct soient désactivés. Les gouvernements devraient « décourager les agences et les autorités d'exercer un tel accès sans un mandat légal ». « En l'absence de mandats légaux, il n'y a aucune visibilité à l'extérieur. Lorsqu'une demande d'accès est formulée, nous pouvons la repousser », ajoute Stephen Deadman.

En outre, tous les Etats devraient publier des données annuelles sur le nombre de mandats reçus à travers le monde, estime Vodafone. Aux Etats-Unis, Verizon et AT&T ont publié des informations, mais celles-ci ne concernaient que leurs clients américains.

Selon le rapport global rédigé par Vodafone pour les 29 pays dans lesquels il est présent, c'est à Malte et en Italie que la surveillance téléphonique est la plus forte, avec respectivement 3.773 et 606.00 demandes d'accès aux métadonnées des appels passés sur son réseau. Douze mois après les révélations d'Edward Snowden sur la surveillance à grande échelle de la NSA, les révélations de Vodafone jettent à nouveau la lumière sur la protection de la vie privée de nos citoyens.