john malcom fraser
John Malcom Fraser
Dans une interview publiée par The Telegraph, l'ancien Premier ministre australien John Malcolm Fraser estime que l'Australie devrait couper ses liens avec l'Amérique et devenir totalement indépendante des Etats-Unis.

Premier ministre de 1975 à 1983, le libéral Fraser a permis à l'Australie de vivre sa meilleure période de prospérité. Ce qui fait que les opinions bien fondées de Fraser sont très attendues par la presse australienne et britannique. Le paradoxe est que le premier ministre Fraser était un partisan de l'extension de l'alliance militaire avec les États-Unis.

Il a été celui qui a introduit l'Australie dans l'alliance secrète des « cinq oreilles » (Etats-Unis, Angleterre, Nouvelle-Zélande, Canada et Australie). Rappelons que la NSA a construit un réseau SIGINT à travers le monde, en commun avec le Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande, constitué de centrales de réception au sol et équipé de dizaines d'antennes paraboliques d'un diamètre de 33 m. Ce réseau, appelé ECHELON était destiné à l'interception, l'enregistrement et l'analyse du trafic téléphonique longue distance, fax, radio et données des satellites espions américains.

Fraser explique son attitude par le fait que l'alliance avec les États-Unis pendant la guerre froide, a érigé une barrière contre l'expansionnisme soviétique. En vertu du traité ANZUS datant des années 50, les Australiens ont été obligés de participer avec leurs troupes aux guerres du Vietnam, d'Irak et d'Afghanistan, à l'appel des Etats-Unis. Mais l'Union soviétique s'est désintégrée en 1991, et avec elle, la menace mondiale a disparu. Malgré tout l'Amérique a étendu son réseau Echelon et a beaucoup changé depuis, devenant elle-même une menace.

La différence entre la période actuelle et celle de la guerre froide où il y avait deux superpuissances, c'est qu'aujourd'hui, l'Amérique se veut le leader militaire et économique et n'a pas l'intention de quitter cette position, au risque de déclencher la Troisième Guerre mondiale. L'implication américaine dans le Moyen-Orient, avec tout ce qui se passe en Syrie et en Irak, semble être le point culminant de l'échec de la politique américaine. Il est temps pour l'Australie de rester loin des guerres impérialistes américaines, dit Fraser.

Le point de vue de l'ancien premier ministre John Malcolm Fraser est que l'alliance avec les États-Unis n'est plus utile pour l'avenir de l'Australie et que la dépendance militaire vis-à-vis des Etats-Unis devrait être supprimée avant que l'Australie ne soit entraînée dans une guerre contre la Chine. Cela ne signifie pas que l'alliance avec les Etats-Unis devrait être remplacée par une autre avec la Chine, mais plutôt que l'Australie doit assurer les Chinois que les Australiens et les Chinois ne sont pas des ennemis. Même si l'Amérique l'est.

Au cours des 25 dernières années, sur le plan économique, la Chine a réussi à démontrer qu'elle est l'alternative la plus viable pour l'Australie, par rapport au Japon, l'Union européenne et les Etats-Unis. L'importation massive de matières premières de minerais de fer, de charbon et de gaz liquéfié par la Chine, pour un montant de 68 milliards de USD / an a permis à l'économie australienne de ne pas ressentir les effets douloureux de la récession mondiale, et d'avoir un taux de croissance annuel de 4-5%.


Contrairement à la Chine, Les Etats-Unis ont imposé des tarifs préférentiels à travers le traité AUSFTA, pour importer d'Australie des céréales, légumes, fruits, viande, tabac, coton et produits textiles, d'une valeur de 9,2 milliards USD / an. Washington a essayé pendant plusieurs années, sans succès, d'imposer des mesures australiennes visant à éliminer, de force, une importante source d'approvisionnement en matières premières à la Chine. L'administration Obama prenant comme prétexte que le gouvernement Abbott devrait s'aligner sur la politique américaine concernant les soi-disant mesures d'atténuation du réchauffement climatique.

A l'occasion du sixième sommet des BRICS qui s'est tenu les 14-16 Juillet 2014, le Président du Brésil a fait des propositions à la Chine sur quelques grands projets d'investissement auxquelles cette dernière a répondu instantanément. Parmi les 298 passagers qui sont morts dans l'accident d'avion en Ukraine le 17 Juillet, il y avait 28 Australiens. Vrai accident ou coup monté par les Américains, le Premier ministre australien Tony Abbott a accusé, avec véhémence et sans preuve, la Russie et les forces d'auto-défense d'avoir abattu le vol MH 17 avec un missile sol-air, avec l'intention d'envoyer des troupes australiennes dans des opérations spéciales dans l'est de l'Ukraine, qui seraient naturellement dirigées contre les forces d'auto-défense, aux côtés de l'armée ukrainienne. Cette attitude a irrité la Chine, le partenaire BRICS le plus proche de la Russie et les conséquences ne tardèrent pas à apparaître.

La Chine, qui achète plus de 60% du minerai de fer mis en vente annuellement partout dans le monde, a donné une réponse positive aux propositions du Brésil, et a décidé d'abandonner les importations en provenance de l'Australie en faveur du Brésil. Le Brésil est un membre du BRICS, qui occupe la deuxième place des ressources de minerai de fer dans le monde. Et la sixième place des économies mondiales depuis 2011 quand il a dépassé l'Angleterre. Par conséquent, le groupe sidérurgique Wuhan en Chine a commencé à déménager ses usines d'aciérie au Brésil et s'est orientée vers l'achat de parts de la société minière MMX (Mineracao & Metalicos), la deuxième plus grande au Brésil. Wuhan a investi dans la construction du nouveau port brésilien Acu, avec une superficie de 90 km2 incluant le plus moderne complexe sidérurgique pour la production de tout acier y compris pour la construction navale. Le groupe Chinois Baosteel a investi à son tour dans les actions de la Brasileira de Metalurgia e Mineracao (CBMM), le plus grand producteur mondial de niobium. Le niobium est un métal rare utilisé pour obtenir des aciers hautement liés. La logique chinoise est élémentaire. Plutôt que d'acheminer 5 minéraliers de fer, un de charbon et un pétrolier à partir de l'Australie pour fabriquer de l'acier en Chine, mieux vaut utiliser le minerai de fer, le pétrole, l'énergie et la main-d'œuvre brésiliennes dans le nouveau complexe sidérurgique construit par les chinois au Brésil. Il suffit ensuite d'un seul bateau pour transporter des profilés en acier en Chine, et le Brésil profite également de la production de cet acier pour le développement de son industrie automobile.


Pour faire quelque chose en réaction à la décision chinoise, Tony Abbott a annulé des pourparlers avec ses homologues chinois sur l'amélioration rapide des relations bilatérales en matière de défense permettant une présence militaire chinoise importante en Australie. La frégate australienne HMAS Warramunga avait été invitée pour la première fois à participer à des exercices avec des navires de la marine chinoise. Ces manœuvres se déroulaient dans la mer Jaune, au large de la côte nord-est de la Chine, et ni les navires américains, ni les navires japonais ou sud-coréens n'y ont jamais été invités.