Se sentir non informés ou incapables de comprendre des questions sociales importantes favorisent un sentiment de dépendance envers les gouvernements plutôt que de motiver à rechercher de l'information, selon une étude canado-américaine publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology, une revue de l'American Psychological Association (APA).

Ce qui a pour conséquences, montrent Steven Shepherd de l'Université de Waterloo et Aaron C. Kay de l'Université Duke, d'augmenter la confiance dans les gouvernements, d'augmenter la tendance à les justifier et d'augmenter le désir d'éviter d'apprendre sur le sujet, surtout si l'information est négative.

Plus la situation est urgente et que les gens se sentent potentiellement menacés, moins ils veulent en savoir et préfèrent faire confiance aux gouvernements.

Les chercheurs ont mené une série de 5 études au Canada et aux États-Unis. Ils décrivent une "réaction en chaîne allant de l'ignorance concernant un sujet à la confiance envers le gouvernement et à la dépendance envers celui-ci".

Dans une étude menée avec 197 Américains, âgés en moyenne de 35 ans, les participants qui se sentaient les plus touchés par la récession économique évitaient les informations qui pouvaient remettre en question la capacité du gouvernement de gérer l'économie.

Dans une autre étude, les chercheurs fournissaient une description simple ou complexe de l'économie à un groupe de 58 Canadiens (moyenne de 42 ans). Les participants qui ont reçu la description complexe rapportaient des niveaux plus élevés de sentiment d'impuissance pour passer à travers la crise économique ainsi que de dépendance et de confiance envers le gouvernement pour gérer l'économie, et moins de désir d'en apprendre davantage sur la question.

"Ceci en dépit du fait que, toutes choses égales par ailleurs, on devrait avoir moins confiance en quelqu'un pour gérer efficacement quelque chose qui est plus complexe", commente Aaron Kay. "Au contraire, les gens ont tendance à répondre psychologiquement en s'en remettant au gouvernement, ce qui amène à faire confiance et à se sentir plus dépendants de celui-ci."

"Finalement, ils évitent d'en apprendre sur la question parce que cela pourrait ébranler leur foi dans le gouvernement."

Dans une autre étude menée avec 163 Américains (moyenne de 32 ans), non seulement les participants qui se sentaient peu connaissants sur la question des approvisionnements en pétrole évitaient les informations négatives à ce sujet, mais devenaient encore plus réticents si la question semblait urgente.

Deux autres études montraient que les participants qui recevaient des informations complexes sur les sources d'énergie faisaient plus confiance au gouvernement que les participants qui recevaient des informations simples.

Les chercheurs recommandent de poursuivre les recherches pour déterminer comment les gens réagissent face à d'autres questions importantes comme la sécurité alimentaire, la sécurité nationale, la santé, les inégalités sociales, la pauvreté et les conflits moraux et éthiques, ainsi que dans quelles conditions ils ont tendance à répondre par une augmentation de l'engagement plutôt qu'une diminution.

Ces travaux s'insèrent dans le cadre d'un courant de recherche basé sur la théorie de la justification du système introduite en 1994 par le psychologue John. T. Jost.

Sources: Journal of Personality and Social Psychology, APA.