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L'effet sanitaire néfaste du bruit n'est pas une hypothèse, mais un fait avéré. Le bruit tue.
Il représente la 2° cause de mortalité, après le charbon, avec 10 000 décès prématurés, 900 000 nouveaux cas d'hypertension et 43 000 hospitalisations, chaque année, en Europe. (European Environnement Agency, report 10/2014).


Le mécanisme de l'augmentation des accidents cardiovasculaires par le bruit est parfaitement connu, ainsi que la quantification de la relation dose-réponse, notamment à travers des études portant sur la consommation de médicaments en fonction du niveau de bruit. Les manifestations cliniques des effets du bruit nocturne sont abondamment décrites et documentées dans les annexes de « Nightnoise Guidelines for Europe » de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

La place des éoliennes industrielles dans cet enjeu majeur de santé publique est conséquente.

Des centaines de publications scientifiques ont mis en évidence le caractère particulièrement nocif de la proximité d'éoliennes industrielles, ainsi que l'impossibilité actuelle d'en modéliser les effets avec la précision nécessaire, en raison de l'insuffisance des critères de prise en compte de la gêne des riverains et des différences considérables entre les prévisions d'impact et la réalité.

Les « morceaux choisis » par la filière professionnelle, dans des études financées par elle, ne sauraient constituer le minimum des connaissances indispensables au législateur.

Au Danemark, le vent qui permet des taux de charge considérables aux machines est à l'origine de l'implantation de la plus forte densité d'éolienne d'Europe par habitant. Cette avance en la matière a conféré aux danois le triste privilège d'en découvrir plus vite les effets sur la santé. Le scandale sanitaire été dénoncé par les professeurs Møller et Pedersen et officiellement reconnu par la ministre de l'environnement, Ida Auken, qui a concédé que 11% de la population rurale devait effectivement être en affectée.

Leur publication de juin 2011 « Low frequency noise from large wind turbines » avait mis en évidence le niveau audible de 35dBA d'une seule éolienne à plus de 1200m et l'importance sans cesse croissante, des basses fréquences des machines. En janvier 2012, après un travail commun avec l'Université d'Aalborg, sous l'autorité du Professeur H. Møller, le Danemark prenait en compte dans sa législation ces très basses fréquences et infrasons et limitait à 20dB, dans les habitations, les fréquences comprises entre 10Hz et 160Hz. Au même moment, la France dispensait les éoliennes de tout contrôle des basses fréquences, (art 26 de l'arrêté du 26 aout 2011) alors que le code de santé publique en limite les émergences, à partir de 125Hz.

La valeur de 30dBA (en extérieur) est indiquée, par l'OMS, (p. 108) comme seuil à partir duquel peuvent se manifester des effets sanitaires. Cette valeur de 30dBA est retenue par notre code de santé publique pour caractériser l'infraction.

Afin de permettre l'implantation d'éoliennes à 500m des maisons, ce même arrêté du 26 août 2011 dispense les éoliennes de ce code, en portant le seuil de l'infraction les concernant à 35dBA. Le bruit éolien est pourtant particulièrement plus nocif, à niveau égal, que n'importe quel autre bruit, tels que ceux liés aux transports. Notamment en raison de son caractère impulsionnel, de sa grande variabilité et de ses composantes basses fréquences qui ne sont absolument pas prises en compte par nos normes de mesurage en dBA. (« A » correspondant à une pondération de la valeur mesurée, en fonction de la physiologie de l'oreille humaine).

Le rapport AFSSET de 2008, qui n'avait pas retenu la distance minimum de 1500m préconisée par l'Académie de Médecine, fait état ce caractère particulièrement intrusif du bruit éolien. (p 82).

Le danois E. Pedersen en a établi une correspondance avec les autres sources sonores dans le journal de l'Acoustical Society of America.

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Mettant en évidence que dès 35dBA, plus de 6% des riverains seront sévèrement affectés s'il s'agit d'un bruit éolien. Les valeurs supérieures à 40dBA sont pourtant couramment constatées et d'ailleurs légales, en France, du moment que leur dépassement (émergence) de la valeur du bruit de fond reste inférieur à 5dBA le jour et 3dBA la nuit.

Les chantres des éoliennes ont rarement conscience que leur puissance acoustique varie entre 104dBA et 107dBA (Vestas V 90 2 MW). Les lois de l'acoustique entrainant qu'une seule de ces machines génère un bruit audible à 500m de 42 dBA (L 500m = 107 dBA -11-20 log 500 = 42 dBA). Et encore 36 dBA à 1000m. Deux éoliennes semblables et équidistantes entrainant ainsi un bruit audible d'au moins 39dBA dans un rayon d'un kilomètre qui affectera donc sévèrement plus du quart des riverains concernés.

Cette pollution sonore est excessive. Ses effets sanitaires sont démontrés. Les dénégations de la filière professionnelle, comme d'ailleurs celles de l'ADEME, dont le rôle est de promouvoir les énergies renouvelables, ne font que jouer sur les mots, sur le caractère direct ou non du lien entre éoliennes et symptômes, ou évoquent l'absence d'une étude épidémiologique que les riverains comme l'Académie de Médecine réclament pourtant depuis bientôt 10 ans.

La détresse de ces riverains se manifeste dans d'innombrables plaintes, dont bien peu semblent avoir été entendues.

AUCUNE étude ne nie l'abondance de ces plaintes, malgré les efforts des riverains, pour masquer ce bruit, qui vont du double vitrage, aux vérandas, volets et même volume de la télévision qui doit être haussé, ainsi que le constate l'huissier chargé par le TGI de Montpellier d'interroger de simples témoins résidant à plus d'1 kilomètre.

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En 2011, Daniel Shepherd (et al) publiait, dans la revue scientifique Noise and Health, « Evaluating the impact of wind turbine noise on health-related quality of life » dans lequel il concluait à la distance minimum de 2km d'éloignement des habitations en terrain vallonné. Les infrasons sont susceptibles d'entraîner des effets à des distances bien plus considérables. La Royal Society of Medicine vient de publier une aide au diagnostic des effets sanitaires éoliens néfastes dans un rayon de 10km.

Après les indemnisations de riverains et des stratégies extrêmes allant jusqu'à acheter un village pour pouvoir y implanter une centrale éolienne, le Danemark vient de s'alarmer en raison de problèmes sanitaires qui semblent liés aux infrasons éoliens et vient de se résoudre à suspendre à peu près toute implantation terrestre tant que ce risque ne sera pas écarté par l'enquête demandée par le gouvernement. Seuls 67 MW ont été installés, pour cette raison en 2014, contre plus de 10 fois plus l'année précédente.

La distance de précaution de 1000m, votée par le Sénat ne concerne que les bruits audibles et apparait notoirement insuffisante. Elle ne fait que compenser l'augmentation de la puissance acoustique des éoliennes, qui est passée de 101dBA (calculs AFSSET 2008 p. 69) aux 104dBA/107dBA actuels, cette augmentation justifiant à elle seule le doublement de la distance initiale. (En acoustique, doublement de la distance = atténuation de 6dBA)

Contre toute attente, les conclusions à venir du nouveau rapport de l'ANSES seraient évoquées pour éviter d'adopter immédiatement cette indispensable mesure sanitaire.

Sait-on bien que cette étude s'attache uniquement à l'impact sanitaire éventuel des basses fréquences et infrasons éoliens réclamée par le précédent rapport ? (AFSSET 2008 p. 7) Et que ce risque potentiel est la raison du tacite moratoire danois concernant toute nouvelle implantation ?

Si cette nocivité des infrasons éoliens devait être reconnue, elle serait de nature à faire interdire, ainsi qu'au Danemark, l'implantation de toute nouvelle éolienne terrestre.

Mais dans le cas contraire, l'impact de leur bruit audible, à moins d'un kilomètre, n'en demeurerait pas moins excessif. Ce bruit représentant, de toute évidence, un facteur significatif dans le bilan des décès prématurés et années de vie en bonne santé perdues.

On imagine les enjeux industriels, fait rarissime, le Professeur H.Møller, spécialiste de l'acoustique incontesté au Danemark, aurait été limogé de l'Université d'Aalborg en juin dernier pour un prétexte économique. La presse a rendu un vibrant hommage à ses compétences et sa droiture dans son véritable combat pour la défense de la santé des populations. Dans l'attente des conclusions danoises sur ces effets sanitaires des éoliennes, l'effet « normatif » de ce limogeage sur les autres scientifiques peut être à craindre.