Image
Les Américains ne comprennent toujours pas que l'attitude actuelle de la Russie vis-à-vis des USA s'explique avant tout par les actions de l'Occident lui-même, et restent prisonniers des schémas de l'époque de la Guerre froide, estiment les analystes Lauren Goodrich et Jay Ogilvy du centre Stratfor.

Les médias américains qualifient la Russie de pays "agresseur", cependant l'analyse de la situation sur la scène internationale montre que la Russie réagit essentiellement aux actions des USA et de l'Otan, estiment l'analyste en chef pour l'Eurasie Lauren Goodrich et l'observateur Jay Ogilvy du centre Stratfor.

Les rapports analytiques préparés par le centre Stratfor mettent en évidence dans quelle mesure l'Occident a frappé en premier et a poussé la Russie à réagir aux actes des USA et de ses alliés. La Russie a commencé à accroître son potentiel militaire après que l'Otan l'ait fait. En outre, selon les analystes américains, la Russie a "pris" la Crimée et est "entrée dans l'est de l'Ukraine" après que les USA aient contribué à une révolution en Ukraine l'an dernier.

Sachant que les USA ne comprennent toujours pas la Russie, ni ce qui se passe dans ce pays, les États-Unis adoptent à son égard des approches empreintes d'un esprit de Guerre froide.

"Et ce n'est pas le cas seulement en politique. Par exemple, quand Hollywood a besoin d'un vrai méchant, il s'agit la plupart du temps d'un Russe. C'est affligeant, parce que le ministre français des Affaires étrangères Alexis de Tocqueville, en prédisant l'avenir, avait noté que les USA et la Russie étaient deux superpuissances mondiales. Si nous sommes en désaccord, si nous ne nous comprenons pas, c'est néfaste pour nous tous", estime Jay Ogilvy.

Il est étonnant que les Américains n'aient toujours pas compris que le président russe Vladimir Poutine bénéficie d'un immense soutien parmi les Russes. En dépit des difficultés économiques dans le pays et le risque d'une "nouvelle guerre froide" avec l'Occident, la popularité de Poutine est maximale aujourd'hui, et sa cote est comprise entre 85 et 89%, ce qui est conséquent pour tout chef d'État. Ce soutien s'explique par le fait que pendant 15 ans, le président russe a maintenu un "contact social" avec la population, notent les analystes.

"Il a dit à la population qu'il soutiendrait l'économie dans un État relativement stable, qu'il reprendrait la Russie aux étrangers et aux oligarques, que les gens auraient un revenu stable, que les supermarchés fonctionneraient et que leurs rayons seraient remplis. Poutine a mis en œuvre tous ces petits contacts sociaux, et tant qu'il parviendra à le faire, sa popularité restera au niveau actuel", pense Lauren Goodrich.

Les USA et l'Europe estiment, par méprise, que les sanctions affectent les Russes. Les médias occidentaux publient des articles affirmant que les citoyens russes sont préoccupés par l'impossibilité d'acheter des fromages étrangers. "Or les Russes achèteront leurs analogues russes, qui ne sont pas aussi bons, mais ils y survivront", rapporte l'article. De plus, les Russes sont nombreux à soutenir l'embargo sur l'importation des produits alimentaires étrangers, assurent les auteurs.

Les représentants de l'Ukraine et de l'UE accusaient déjà auparavant la Russie de s'ingérer dans le conflit dans le Donbass, y compris d'accumuler des unités militaires à la frontière. Or les preuves n'ont toujours pas été fournies. Le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié ces affirmations d'"insinuations publiques infondées". Le ministère russe de la Défense a également démenti à maintes reprises ces accusations. Les inspections internationales n'ont constaté aucune violation commise par la Russie à la frontière ukrainienne, y compris une activité militaire cachée.

La Russie a également déclaré à plusieurs reprises qu'elle n'était pas impliquée dans le conflit en Ukraine ou dans les événements dans le Donbass, et qu'elle souhaitait que l'Ukraine surmonte la crise politique et économique.