Commentaire: Le système démocratique nous donne une illusion de conscience, de pouvoir et d'action. Il nous fait croire que la vie du pays nous est connu, les évènements s'y déroulant, compris. Il nous donne l'impression que nous pouvons agir et que, en connaissance de cause, toute action entreprise en tant que citoyen sera suivie d'un effet allant dans le sens d'un progrès social à peu près constant, à peu près juste, et ceci, pour le bien de tous. Rien n'est plus faux. Le Système et son Administration sont en réalité opaques et incompréhensibles, quasi-inintelligibles pour le commun des mortels. Qu'il suffise de prêter attention aux textes amphigouriques, illisibles, des milliers de lois remplissant nos codes juridiques pour s'en convaincre. Bien concrètement, cela ne se traduit-il pas par le fait que nous venons de voter... sans le savoir ? Une loi pour se faire matraquer, voire tuer, plus facilement, plus légalement.

La nocivité et l'inanité d'un Système capable de rendre cela possible sont manifestes, évidentes. Si les alternatives sont difficiles à mettre en place et nécessitent de modifier notre façon de concevoir la vie en société, il y a malgré tout de l'espoir :


En pleine affaire de bavure à Aulnay-sous-Bois, le gouvernement socialiste s'apprête à faire voter une loi dont l'objectif est d'augmenter les pouvoirs de la police.
Manifestations
© Julien Tetart/Twitter
Anticipant sans doute les désordres que sa politique (et celle de l'exécutif suivant) ne manquera pas de provoquer, il vise officiellement à « renforcer l'efficacité de la mobilisation des forces de l'ordre pour la sécurité, [pour lesquelles] il apparaît nécessaire de prévoir des dispositions leur permettant d'être juridiquement plus assurées lorsqu'elles ont à faire usage de leurs armes ». En clair : à donner aux policiers un véritable permis de tuer tout en diminuant les droits des citoyens victimes des violences policières (qui ont d'ailleurs explosé sous la présidence Hollande). Le dernier fait d'armes du trio infernal Valls-Cazeneuve-Urvoas, totalement à rebours des engagements du candidat socialiste qui promettait de soumettre les contrôles d'identité à la délivrance d'un récépissé, ouvre un peu plus grande la porte à l'État policier.

Le projet de loi relatif à la sécurité publique a été adopté en première lecture par le Sénat le 24 janvier dernier et va être soumis au Parlement en procédure accélérée dans les jours qui viennent. Il vise à renforcer les pouvoirs et la sécurité de la police en diminuant ceux du simple citoyen.

En assouplissant les contraintes régissant la possession ou l'usage d'une arme :
  • Les forces de l'ordre pourront ouvrir le feu après sommations.
  • Les agents de sécurité privée ont la possibilité d'être armés quand ils protègent des personnalités exposées à des risques exceptionnels.
  • Les policiers municipaux armés pourront faire usage de leur arme quand des atteintes à la vie ou à l'intégrité physique sont portées contre eux ou contre autrui (cette dernière disposition a été supprimée du projet de loi).
En protégeant les policiers des retombées liées à l'usage de la force :
  • Afin de garantir leur anonymat, les gendarmes et policiers pourront être autorisés à s'identifier par un numéro d'immatriculation administrative et non par leur état civil.
  • En cas d'outrage aux personnes dépositaires de l'autorité publique, les peines encourues seront doublées pour les aligner sur celles prévues en cas d'outrage à magistrat.
Il vise également « à doter certains personnels des équipes de sécurité pénitentiaire des prérogatives légales leur permettant d'intervenir sur l'ensemble du domaine pénitentiaire en cas de comportement faisant craindre la commission d'infractions portant atteinte à la sécurité de l'établissement, et de lutter contre la détention d'objets illicites en détention (stupéfiants, téléphones...). »