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Hier, le « vrai » travail était loué par le plus bosseur de tous, notre fier et inusable président Sarkozy, qui, comme tout le monde le sait, ne rechigne jamais à la tâche et nous le rappelle à chaque discours... C'est certain que ça doit être un sacré boulot que de jouer les présidents de la République ! D'ailleurs lui, qui reconnaît entre mille travaux le vrai du faux, s'était empressé de faire voter une large augmentation de son salaire de 172% par des députés-forçats sans pareil ! En effet, ces représentants du peuple sont rémunérés 7 100 € (bruts / mois) qu'ils soient présents ou absents. Ajoutez y une indemnité de frais de mandat de 6 412 € (brut / mois) ainsi que divers avantages et vous obtenez la valeur du vrai travail...

Il nous apparaît donc un peu facile, voir même carrément outrancier de désigner les chômeurs, les ayants droit au RSA comme les seuls responsables d'une surcharge économique dans les comptes de l'état. Cette culpabilisation revêt tous les attraits d'un mauvais tour de passe-passe politicien mieux connu sous le vieille adage « diviser pour mieux régner ». En insinuant à la France qui travaille dur et se lève tôt que nos 3 millions de chômeurs et nos 6 millions de travailleurs pauvres se complaisent dans une précarité de confort par simple fainéantise ou par goût pour le parasitisme, notre candidat-président a tenté de monter le peuple contre le peuple, pour détourner au passage leur attention des vrais coupables : les politiques successivement au pouvoir...

Car qu'on se le dise, tout se joue bien plus haut, loin des urnes, dans le mépris total de nos aspirations les plus légitimes. Le traité constitutionnel européen, résultant d'un putsch anti-démocratique, institutionnalise et ratifie purement et simplement le chômage de masse en faisant de la lutte contre l'inflation son sacerdoce. Il faut savoir que chômage et inflation sont intimement corrélés, qu'en luttant contre l'un, l'on accroît invariablement l'autre.
Dans une société de plein emploi, les travailleurs sont de fait plus exigeants quant à leurs salaires. Étant en position de force, ils peuvent négocier, faire valoir leurs compétences et expériences, et alors revendiquer de meilleurs revenus ne craignant pas de se retrouver du jour au lendemain sur le carreau. Ainsi, cette hausse se répercute mécaniquement sur les prix à la consommation et entraîne une légère inflation, qui n'est que le fruit d'un cercle vertueux.
En revanche, pour le maintien d'un prétendu meilleur pouvoir d'achat, nos politiques luttent contre l'inflation (ou la baisse durable de la valeur de la monnaie). Cela se traduit fatalement par des salaires revus à la baisse, afin d'honorer la sacro-sainte compétitivité. Mais cette manoeuvre n'a d'ultime intérêt que pour ceux qui possèdent des tas d'or... Car en effet l'inflation a pour conséquence direct de réduire la valeur des liquidités accumulées dormant à la banque.

Dès lors, on comprend mieux à qui profite le crime. Cette lutte n'est autre que celle des très riches contre les travailleurs, juste bons à assouvir les nécessités d'un système ultra libéral mortifère, qui les condamne au pire au chômage, et au mieux à une docilité d'esclave.

Cette logique implacable, omet à dessein, que jamais dans l'histoire de l'humanité autant de richesses et de surplus furent créés. Les divers progrès techniques, la substitution de l'homme à la machine, les rapports de productivité sont tels que dans une société plus égalitaire quant à la répartition du travail et des richesses, tout un chacun pourrait disposer de son temps de manière bien plus souple. Le temps libre ne serait plus seulement consacré à récupérer de la force de travail, mais il pourrait se destiner à réfléchir, débattre, s'occuper de sa famille, pratiquer des arts, faire du sport, et participer activement à la vie de la cité, autrement dit, devenir un vrai citoyen !

« Qui échange son labeur contre de l'argent se vend lui-même et se place de lui-même dans les rangs des esclaves. » - Cicéron