Il n'y aurait rien de plus comique que l'attitude de l'Alliance atlantiste vis-à-vis de l'Iran, si le tragique qui se profilait en arrière plan ne jetait pas un froid.

De gauche à droite, les ministres américain, allemand, français et chinois des Affaires étrangères se félicitent après la conclusion d'un accord avec l'Iran.
© Fabrice Coffrini/AFPDe gauche à droite, les ministres américain, allemand, français et chinois des Affaires étrangères se félicitent après la conclusion d'un accord avec l'Iran.
Depuis le début, le monde entier savait que rien dans le « dossier iranien » n'autorisait à déceler une quelconque décision de Téhéran de se doter de la bombe atomique. Rien sauf l'euphorie étatsunienne, adoptée par ses supplétifs européens et arabes, qui croyaient avoir trouvé le prétexte de détruire l'un des derniers remparts contre l'hégémonie impérialiste et sioniste sur la région. Les monarques du pétrole se préparaient à fêter les bombardements salvateurs contre le « régime chiite » et les sionistes au redéploiement de leur stratégie expansionniste.

Eh bien, il n'y aura rien de tout cela. Comme je l'ai signalé dans une précédente chronique, le dossier iranien va connaître une fin clôture différente. Les Iraniens ne sont plus ce qu'ils étaient aux yeux de l'OTAN et des Etats-Unis. Une « nouvelle ère » va s'ouvrir, comme par enchantement. De la certitude que l'arme nucléaire était bel et bien en cours de fabrication, de la conviction qu'il n'y avait aucune possibilité de négociation avec les Mollahs, de la détermination que seules des frappes devaient être la solution, de tout cela, Washington se résout au calme et à ne plus exercer de sanctions supplémentaires.

Un coup d'arrêt est donc donné à l'escalade dont on attendait une déflagration inévitable, tant la radicalité des positions occidentales paraissait incompressible. Pourtant tout est mal qui est en voie de bien finir. En dehors des effets de scène du ministre des affaires étrangères français, il est évident que l'OTAN a définitivement abandonné la partie de bras de fer qu'elle ne peut plus jouer.

Laurent Fabius, lui, peut se permettre de s'agiter, personne ne jugera la France sur son incapacité à imposer quoi que ce soit sur cette question. Autant se permettre alors de faire le fier à bras, de se faire tirer un peu les oreilles, et de faire semblant d'apposer des réserves à la décision du maître. A côté, l'entité sioniste est au plus haut dans la panique de ses dirigeants. Le fiasco du « printemps » version « démocratie de marché » et la déconfiture en Syrie ne sont pas pour jeter de l'enthousiasme. Barak Obama et le gouvernement des Etats-Unis ne peuvent pas risquer d'aller à l'encontre des intérêts de Wall-Street.

Ils n'en sont que les commis. Le lobby sioniste et l'AIPAC ne peuvent pas obtenir plus que ce qui peut aller dans le sens des gains des multinationales et des financiers étatsuniens. Dans les limites du rôle imparti à Israël, en tant que base avancée du Pentagone au Moyen-Orient, mais pas en tant que Quartier Général, comme la doxa ambiante tente de le faire accroire. Nous assistons, ainsi, à l'un de ces tournants que l'Histoire peut proposer, quand il s'agit de rééquilibrer le monde, en redistribuant les rôles de chacun et en reconfigurant la place de chacun selon les rapports de forces, les pertes et profits et les risques en général. Le défaut de « puissance absolue » a fini par balayer l'arrogance et convoquer l'humilité, même empreinte de suffisance. Une page est vraiment tournée.