Traduction de l'anglais par C.L. pour Les Grosses Orchades

Alors que les nouvelles sanctions U.S. contre la Russie paraissent imminentes, le Kremlin vient de mettre un arrêt définitif - du moins pour le moment - aux communications au plus haut niveau entre les États-Unis et la Russie.

Vladimir Poutine
© Inconnu
Depuis l'« invasion de la Crimée », le président Vladimir Poutine et le président Barack Obama ont eu des entretiens téléphoniques réguliers, dans un effort non sans réserves de faire baisser la tension en Ukraine. Mais, tandis que les USA et l'U.E. se préparent à rendre publiques leurs nouvelles sanctions contre la Russie, Poutine a décidé que les interactions n'avaient plus lieu d'être. Le Kremlin a mis fin aux contacts à haut niveau avec l'administration Obama, si l'on en croit certains diplomates et des sources proches de la direction russe. Cette mesure signe la fin de la diplomatie pour l'instant.

« Poutine ne parlera pas à Obama sous pression », a dit Igor Yurgens, Président de l'Institut pour le Développement Contemporain, un important groupe de réflexion de Moscou proche du Premier Ministre Dmitry Medvedev. « Ça ne veut pas dire définitivement. »

Obama et Poutine se sont parlé au téléphione pour la dernière fois le 14 avril, l'appel venant de Moscou prétend la Maison Blanche. Au cours de cette conversation, Obama a pressé Poutine de « cesser de soutenir des activistes armés pro-russes qui créent du désordre en Ukraine ». Il a également prévenu que les USA feraient payer la Russie encore davantage si Poutine persistait dans sa ligne de conduite actuelle. Selon la lecture que fait le Kremlin de cette conversation, Poutine a réfuté toute allégation d'ingérence russe en Ukraine orientale et a dit que « ces spéculations étaient basées sur des informations fausses ».

Obama et Poutine ont parlé ensemble de l'Ukraine à diverses reprises au cours des dernières semaines, y compris lors de leurs entretiens téléphoniques du 28 mars, du 16 mars et du 6 mars. Mais ces entretiens sont maintenant suspendus pour un temps indéterminé, vu leur absence de progrès et la frustration qu'elles provoquent de part et d'autre.

Vendredi, Kerry a averti qu'une nouvelle série d'attaques financières américaines contre la Russie allaient avoir lieu. « Nous mettons en œuvre d'autres sanctions, elles seront opérationnelles dès lundi au plus tard, » a-t-il dit dans une assemblée privée, à Washington, selon des personnes présentes. Il aurait ajouté que des hommes d'affaires russes et des personnalités proches de Poutine seraient sur la liste de ceux qu'allaient frapper ces sanctions.

Des sources diplomatiques impliquées dans le processus ont confirmé que Poutine ne voit aucun intérêt à continuer de parler avec Obama dans les circonstances présentes. Les deux dirigeants se reparleront peut-être dans le futur, mais aucun des deux ne prendra l'initiative d'amorcer des rapports directs comme ils en ont eus depuis le début de la crise ukrainienne. La mise en échec des accords pris la semaine dernière à Genève entre les groupes de contact des États-Unis, de l'Union Européenne, de la Russie et de l'Ukraine, a remis en question toute interaction future entre Washington et Moscou.

D'autres hauts fonctionnaires U.S. on désormais perdu le contact avec leurs interlocuteurs russes. Le Secrétaire à la Défense Chuck Hagel a, lui aussi, essuyé une fin de non recevoir de son homologue russe Sergey Shoygu. De hauts responsables du Pentagone on tenté de prendre langue avec la Russie au cours des dernières 24 heures pour le compte de M. Hagel, mais n'ont obtenu aucune réponse, a fait savoir le colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone.

Cela laisse le canal entre le Secrétaire d'État John Kerry et le ministre des Affaires Étrangères russe Sergei Lavrov, en guise de voie de communication fonctionant encore à moitié au niveau diplomatique entre Washington et Moscou, mais cette relation elle-même, souvent glaciale, s'est encore refroidie cette semaine, les deux côtés se lançant à qui mieux mieux des injures et des accusations graves.

Après s'être entretenus au téléphone lundi, puis mardi, des accords maintenant défunts de Genève sur l'Ukraine, Kerry et Lavrov n'entretiennent plus de relations diplomatiques qu'à travers la presse, en y proférant l'un envers l'autre des accusations corrosives très peu diplomatiques.

Kerry a fait une apparition dans la salle de presse du Département d'État jeudi après-midi, pour déclarer publiquement que la Russie manquait à sa parole.

« Depuis sept jours, la Russie a refusé de faire un seul pas concret dans la bonne direction » a-t-il morigéné. « Pas un seul officiel russe, pas un seul, ne s'est montré à la télévision ukrainienne, pour appeler les séparatistes à respecter les accords de Genève, à remettre leurs armes et à se retirer des bâtiments officiels qu'ils occupent. Ils n'ont pas fait appel à eux pour qu'ils se soumettent. »

Kerry s'en est également pris à Russia Today, la chaîne de télévision « patronnée par le Kremlin » qui, selon lui, « passe son temps à faire de la propagande et à déformer ce qui se passe ou ce qui ne se passe pas en Ukraine. »

« Au lieu de ça, la Russie, continue ouvertement à financer, à coordonner et à exciter un lourd mouvement séparatiste à Donetsk » a - t-il encore accusé.

Lavrov a publiquement répondu que « Les États-Unis s'ingénient à pervertir tout ce qui se passe en Ukraine ».

Vendredi, Kerry a ainsi résumé ses récents échanges avec son homologue russe : « J'ai eu six conversations avec Lavrov au cours des dernières semaines. La dernière a été kafkaïenne... C'était bizarre. »

Bizarre ! Vous avez dit « bizarre » ... Moi, j'ai dit « bizarre » ?... Oui, vous avez dit « bizarre »... Bizarre, bizarre, bizarre !