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© RIA Novosti. Igor Zarembo
L'UE devient songeur et les États-Unis sont en plein désarroi, c'est en ces termes que les experts décrivent la réaction de l'Occident au contrat gazier signé entre la Russie et la Chine.

Les succès stratégiques enregistrés par Moscou inquiètent Bruxelles et Washington pendant que les plus grands fonds d'investissements font ressortir que l'accord russo-chinois est une véritable percée.

La Russie avait indiscutablement opéré une percée dans le développement de son économie nationale. Le contrat gazier avec la Chine deviendra une sorte de catalyseur pour la métallurgie, l'industrie du charbon, le secteur de l'énergie et les branches connexes. Les experts estiment qu'un vaste champ de développement s'ouvre ainsi devant la Sibérie et l'Extrême-Orient. De surcroît, le modèle traditionnel des livraisons d'hydrocarbures « Est-Ouest » peut changer de direction, estime Alexandre Passetchnik, directeur du département analytique du Fonds de sécurité énergétique nationale :
« Dans la perspective, quand on aura mis en place la route de l'Est, on aura les positions avantageuses pour discuter du projet « Altaï » (la route de l'Ouest destinée à approvisionner en gaz la Chine). La Russie disposera finalement de deux gazoducs (de l'Est et de l'Ouest) qui permettront de mieux gérer les ressources et envoyer en Asie et notamment en Chine le gaz des gisements qui approvisionnent actuellement l'Europe. »
Selon les analystes, cela peut tourner pour les États-Unis en perte de rentabilité des projets GNL nationaux. Et comme les USA attendent beaucoup de l'exportation du GNL, ils devront revoir le cas échant tous leurs prix des ressources en énergie. Quant à l'Europe, elle devra désormais rectifier ses positions concernant le gaz russe, estime Alexandre Passetchnik :
« L'Europe devra désormais prendre davantage compte des réalités commerciales et non pas politiques auxquelles elle s'est habituée ces derniers temps. Elle devra aussi penser à sa propre sécurité énergétique et faciliter les projets russes de gazoducs ou lieu de s'y opposer. Il s'agit notamment du gazoduc « South Stream » et des réglementations du troisième paquet énergie. »
Les tentatives de l'UE de réduire sa dépendance au gaz russe aux frais de la Russie elle-même, paraissent ridicules après la signature du contrat gazier russo-chinois. Le contrat passé avec la RPC contrebalance les pressions que l'UE peut exercer sur la Russie dans les litiges gaziers, pense Vladimir Feigin, président de l'Institut de l'énergie et des finances :
« Certes, l'Europe aimerait choisir d'autres fournisseurs mais lorsque les fonctionnaires commencent à analyser la situation, ils se rendent compte que tous leurs projets prennent du temps et que la manne énergétique ou gazière qui leur assurerait les livraisons à des prix plus intéressants et en quantités illimitées, est tout simplement inexistante dans le monde. Ils voient également que la Russie peut jouer selon leurs propres règles pour renforcer ses positions. Nous sommes obligés de le faire. Après tout, nous ne pouvons pas transporter le gaz ou le pétrole vers l'Europe depuis l'Extrême-Orient. Ce serait inefficace et pas du tout rentable d'autant plus que le marché européen est en stagnation alors que celui d'Asie et du Pacifique est en plein accroissement. La Russie cherche, naturellement, à renforcer ses positions sur un marché en pleine expansion. »
Les États-Unis et l'UE ont dû se rendre à l'évidence que la Russie n'est plus condamnée sans appel à livrer son gaz uniquement en Europe et qu'après la signature du contrat avec Pékin, Moscou peut le livrer à l'Est. Il a, par conséquent, une plus grande marge de manœuvre pour défendre ses intérêts stratégiques. Par contre, l'alliance énergétique entre la Russie et la Chine est une sonnette d'alarme de plus pour les États-Unis. Trop habitués à leur rôle de leader en tout, les Américains voient leurs positions faiblir lentement mais sûrement.