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Le Pakistan et le Japon font leurs paris sur la construction des gazoducs afin d'assurer leur sécurité énergétique suite au contrat gazier passé entre la Russie et la Chine.

Islamabad est en train de poser à la fois trois tuyaux gaziers, dont un sera en provenance de Russie. En attendant, à Tokyo, on mène les pourparlers sur le projet d'acheminement du gaz de l'île de Sakhaline vers le Japon.

Pakistan promet de finaliser la construction du gazoduc Iran-Pakistan-Inde (IPI) baptisé « gazoduc de la paix », comme l'indiquent les médias locaux. Il devrait devenir fonctionnel dès décembre 2015. Les sanctions occidentales contre l'Iran ont empêché de livrer le gaz vers le Pakistan en décembre de cette année. Cependant, malgré la pression des États-Unis, de l'Arabie saoudite et d'autres pays producteurs de pétrole, désormais plus rien n'empêche le Pakistan et l'Iran d'achever ce projet a assuré le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif.


Commentaire : Il est certain que ce contrat gazier passé entre la Russie et la Chine dérange fortement les plans américains et qu'ils vont tout faire pour « mettre des bâtons dans les rouges » ou dans ce cas-ci « des bombes dans les gazoducs ».


Dans le même temps, le ministre de la Défense de l'Eau et de l'Energie du Pakistan Muhammad Asif Khawaja a proposé à la Russie lors des pourparlers à Moscou de poser un gazoduc vers le Pakistan. Son ministère est en train de promouvoir activement le projet de construction d'un gazoduc de Turkménistan vers le Pakistan et l'Inde via l'Afghanistan (TAPI). La participation de l'Inde est envisagée dans les deux projets. Le Pakistan est commercialement intéressé par le transit de gaz vers l'Inde, mais c'est exactement ce point qui est devenu l'obstacle à la réalisation du projet TAPI.

À une certaine époque, à cause des tensions avec le Pakistan, l'Inde est sortie du projet IPI, alors que le Pakistan se trouvait dans l'incapacité de financer ce projet unilatéralement. Actuellement les deux pays ont une opportunité de faire table rase des obstacles politiques à la coopération gazière, suppose l'expert de l'Institut des études orientales de l'Académie des sciences de Russie Tatiana Chaoumian.

« Ces projets nécessitent certains changements dans les relations interétatiques », explique-t-elle. « Nous observons actuellement des progrès dans les relations indo-pakistanaises. Ces changements sont associés à l'arrivée du premier ministre du Pakistan Nawaz Sharif àl'investiture du premier ministre indien Narendra Modi. Leur rencontre pourrait être un bon signe pour d'éventuelles négociations et la recherche des moyens qui permettront de créer certaines garanties à la construction conjointe et l'utilisation des gazoducs. L'amélioration des relations politiques va permettre de créer une atmosphère où les grands projets gaziers, importants du point de vue des intérêts des deux pays, seront réalisés ».

Les hommes politiques pourraient également aider le Japon à résoudre ses problèmes de sécurité énergétique. Un groupe composé de 33 députés du parlement japonais s'est dit favorable à la construction d'un gazoduc entre l'île russe de Sakhaline et la préfecture japonaise d'Ibaraki au Nord-est du pays. Les députés espèrent que ce projet sera inclus dans le programme de la visite d'Etat du président russe Vladimir Poutine au Japon, prévue en automne prochain.

Selon l'expert de l'Institut de l'Extrême-Orient Valeri Kistanov, le contrat gazier russo-chinois pour une durée de 30 ans et une valeur de 400 milliards de dollars a également provoqué le déclic pour le Japon. Tokyo voit désormais le rôle croissant de la Russie en matière de la livraison des hydrocarbures en Asie.

« Le Japon est obligé de relancer ce projet », explique Valeri Kistanov. « Ces députés défendent le lobby des hommes d'affaires japonais qui se sont engagés dans le renforcement de la coopération avec la Russie dans le secteur de l'énergie. Bien entendu, le facteur chinois y a beaucoup contribué. Et il est possible qu'il s'agisse du facteur principal. Le Japon ne veut pas que la Chine puisse dominer dans le domaine de la coopération avec la Russie dans l'Extrême-Orient. Surtout que la Chine et le Japon sont constamment en concurrence pour le pétrole et le gaz dans de nombreuses régions du monde, notamment en Afrique et en Amérique latine. Le Japon est contraint d'acheminer le pétrole du Moyen-Orient à travers la mer de la Chine du Sud et la mer de Chine orientale, ce qui peut susciter des risques liés au transit. Cela force le Pays du soleil levant de réfléchir à la construction d'un gazoduc depuis la Russie. »

Les parlementaires japonais font du lobbying sur la construction du gazoduc russo-japonais malgré le soutien par le Japon des sanctions américaines et européennes contre la Russie par rapport à sa position sur l'Ukraine. Ainsi, se trouvant sous la pression de ses partenaires du G7, Tokyo était obligé de geler les projets de coopération technologique avec la Russie, et réduire au minimum les contacts dans le domaine nucléaire. Mais le Japon devra faire un choix. Soit de poursuivre cette politique, soit de la mettre de côté et s'occuper de l'économie réelle. Si le Japon va pouvoir acheter le gaz naturel russe directement depuis ce gazoduc, cela lui reviendra sensiblement moins cher. Actuellement la seule alternative qui se présente devant Tokyo, c'est le transport du GNL avec des méthaniers, un moyen de transport plus coûteux et plus périlleux.