Image
© Dave Martin Associated PressLa gigantesque marée noire est survenue après l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon, en avril 2010.
Le géant pétrolier BP a été jugé responsable jeudi aux États-Unis de « graves négligences » ayant conduit à la marée noire de 2010 dans le Golfe du Mexique et fait désormais face à plusieurs milliards de dollars de dommages et intérêts.

Une cour fédérale de Louisiane a estimé que le groupe britannique avait été « imprudent » dans la gestion de sa plateforme pétrolière Deepwater Horizon dont l'explosion en avril 2010 a tué 11 personnes et provoqué la plus grande catastrophe environnementale aux États-Unis. « L'écoulement du pétrole a été le résultat de graves négligences de [BP] et d'une faute délibérée » de sa part, écrit le juge Carl Barbier dans sa décision portant sur le volet civil de cette longue procédure judiciaire.


Selon le jugement qui fustige des décisions « fondées sur le profit », BP est de loin le principal fautif et sa responsabilité dans la catastrophe est évaluée très précisément à 67 %. Celle de la société suisse Transocean, qui était propriétaire de la plateforme, s'élève à 30 % tandis que 3 % échoient à l'Américain Halliburton, qui avait construit le coffrage du puits au coeur du sinistre.

En conséquence, le magistrat assure que le géant britannique s'expose à des « dommages et intérêts encore plus élevés » qui pourraient s'élever, selon les médias américains, à 18 milliards de dollars et seront versés aux plaignants dont le gouvernement américain et les États de Louisiane et d'Alabama.

Appel de BP

Le groupe britannique a aussitôt réagi en contestant « vigoureusement » le jugement et en annonçant son intention de faire appel. « La loi est claire : se rendre coupable de négligence grave répond à des critères sévères qui n'ont pas été réunis dans ce cas. BP pense qu'une vue impartiale du dossier ne colle pas avec la conclusion erronée de la cour », a affirmé le groupe dans un communiqué. En juillet 2013, BP avait déjà dénoncé une « frénésie » de demandes, selon lui, « fictives » de compensation.

Le montant exact des dommages et intérêts dépendra du calcul par la justice américaine du nombre de barils de brut déversés dans le Golfe du Mexique et attribués à BP.

Une nouvelle audience, qui doit débuter en janvier, devra permettre de trancher entre l'estimation initiale de l'État américain (4,9 millions de barils) et celle, bien inférieure, de BP (3,1 millions). « Durant ces audiences, BP va essayer de prouver que sa conduite mérite une amende inférieure au montant maximal » prévu par la législation américaine, à savoir 4300 $US par baril déversé à la suite de négligence grave.

La marée noire de 2010 a déjà coûté très cher au groupe britannique. Après avoir plaidé coupable au pénal, BP avait été condamné à payer une amende record de 4,5 milliards et avait également dû verser 7,8 milliards à des particuliers et entreprises affectés par cette catastrophe. Le groupe a par ailleurs versé 10 milliards de compensation aux entreprises, particuliers et autorités locales ayant accepté de ne pas porter l'affaire devant la justice et a dépensé environ 14 milliards pour les opérations de nettoyage des côtes.

Quatre ans après la catastrophe, la faune dans la région continue toutefois à souffrir de la marée noire, les dauphins, les tortues et les thons paraissant particulièrement affectés, avait relevé l'organisation écologiste américaine National Wildlife Federation en avril.

En mars dernier, BP avait décroché une petite victoire en obtenant le droit de briguer à nouveau des contrats fédéraux aux États-Unis dont il avait été exclu en raison de sa responsabilité dans la marée noire. La levée de cette interdiction, pour le moment provisoire, a constitué un soulagement pour le groupe qui tire plus de 30 % de ses bénéfices avant impôts de ses activités américaines.

Le jugement de jeudi a été très mal accueilli à la Bourse de Londres où le titre de BP a chuté de près de 6 % à la clôture.