Barbe noire bien taillée, regard perçant, corps rond et doté d'un solide sens de l'humour, le docteur Maaz "était considéré comme le meilleur pédiatre et en tout cas un des derniers à être resté dans cet enfer", ont confié ses collègues à l'AFP. Seuls ses yeux cernés laissaient entrevoir l'immense fatigue de celui qui, jour après jour, sans relâche, tentait de sauver les enfants malades ou blessés par les bombardements du régime sur les quartiers tenus par les rebelles à Alep, la deuxième ville de Syrie.
Commentaire : On s'entend : « rebelles », mot chéri employé par les médias officiels adeptes du Novlang, veut dire terroristes, assassins sans conscience financés par la coalition internationale.
Le docteur Maaz est devenu une nouvelle victime de cette guerre qui, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, a fait plus de 270.000 morts depuis 2011. 13.500 enfants ont été tués dans les combats. Deux chiffres à prendre avec des pincettes, le travail de cette ONG sur le conflit syrien faisant l'objet de maintes critiques et étant contredit par d'autres chiffres. A Alep, le docteur Maaz en a sauvé des dizaines d'un tel sort. Lorsque les bombardements se sont intensifiés quelques jours avant le raid fatal, lui et le reste de l'équipe ont fait descendre les couveuses au rez-de-chaussée pour les protéger.
Risquer sa vie pour sauver les autres
Pour son collègue le Dr Hatem, directeur d'un hôpital pour enfants à Alep, il était "le pédiatre le plus qualifié de la ville et le plus formidable de l'hôpital". "Il était amical et blaguait souvent avec l'équipe. Il était humain et courageux", écrit-il dans une lettre publiée jeudi par la campagne "Syria campaign". Originaire d'Alep, le Dr Maaz travaillait la journée à l'hôpital pour enfants et s'occupait des urgences durant la nuit à l'hôpital al-Qods. Sa famille se trouvait en Turquie et il devait lui rendre visite avant que la mort l'emporte.
Pour Mirella Hodeib, porte-parole à Beyrouth de Médecins sans frontières (MSF), qui soutenait financièrement al-Qods, le Dr Maaz "était un pédiatre très dévoué [qui] avait choisi de risquer sa vie pour aider la population d'Alep", une ville meurtrie par les destructions, les bombes et les coupures d'eau ou d'électricité.
« Al-Qods était le principal hôpital pour enfants et il était un important pédiatre. Il travaillait dans cet établissement depuis des années. Sa disparition est une terrible perte », a-t-elle confié.Pénurie de médecins
Jointe par téléphone par l'AFP à Kilis (Turquie), Miskilda Zancada, chef de mission de MSF en Syrie, a qualifié sa mort de "tragédie". "Il ne reste plus que 70 à 80 médecins pour 250.000 habitants dans la partie non gouvernementale (de la ville d'Alep) car 95% d'entre eux sont partis ou ont été tués", souligne-t-elle.
Dans une lettre publiée par l'organisation Crisis Action, des médecins d'Alep ont lancé un cri d'alarme. "Nos hôpitaux sont près du point de rupture" à cause de l'intensification des frappes qui ont fait certains jours "près de quatre morts et plus de cinquante blessés toutes les heures. "Bientôt, il n'y aura plus de professionnels de santé à Alep. Vers qui se tourneront alors les civils qui auront besoin de soins ?" s'interrogent-ils. Selon eux, au moins 730 médecins ont été tués en Syrie en cinq ans.
Commentaire : Les États-Unis et la coalition, qui ont du sang jusqu'aux coudes, devront un jour rendre compte de tous ces morts en Syrie. Et quel cynisme ignoble et éhonté de la part des Occidentaux de s'émouvoir de la mort d'un médecin tué dans un bombardement, tout en se lavant les mains de leurs propres crimes : Raid américain sur l'hôpital de MSF à Kunduz: les survivants demandent justice
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