C'est avant tout la culture de la suprématie, de la violence et des armes, qui règne aux Etats-Unis et dans laquelle le tueur de la discothèque gay d'Orlando a grandit, qui l'a poussé à commettre ce crime de masse, selon le journaliste John Wight. Bien qu'Omar Mateen ait pu prêter allégeance à l'Etat islamique avant le meurtre de masse à Orlando, c'est un enfant de la culture américaine qui est en phase terminale de la haine de l'autre, et d'une addiction aux armes et à la violence mortelle dans laquelle cette culture baigne.

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© GoogleLa suprématie et la violence : made in USA
Massacrer 50 personnes dans une discothèque à cause de leur penchant sexuel est d'une barbarie sans égale. Cela nous rappelle cette bigoterie, selon laquelle les musulmans, les noirs, les juifs, les homosexuels ou toute autre minorité, est l'ennemi de toute humanité bien-pensante, non seulement sur des questions morales mais aussi pour s'assurer que nous restons à la hauteur des batailles épiques que les générations précédentes ont menées pour écraser les idéologies de haine et de racisme quand et où elles ont émergé.

L'exemple le plus flagrant, le fascisme, a été et reste une idéologie de haine et de génocide. Dans les camps de concentration d'Hitler, il y avait des prisonniers de guerre soviétiques, des Juifs, des communistes, des gauchistes, des membres du syndicat du commerce, des Tsiganes, des personnes handicapées et des homosexuels. Se fondant sur la croyance perverse de la suprématie raciale, les Nazis ont estimé que l'éradication des sous-hommes précédemment mentionnés était une condition non-négociable de la «purification» et du «nettoyage» de l'humanité.

Les Nazis ont été écrasés par l'Armée rouge et l'Union soviétique à un prix très élevé et avec l'aide d'alliés occidentaux, rejoignant une cause commune et comprenant que toute idéologie ou différences culturelles qui existaient entre eux n'étaient rien comparé à la nécessité de confronter et de vaincre une idéologie qui représentait une menace à l'humanité toute entière. C'est une alliance entre l'Est et l'Ouest dont le monde a cruellement besoin aujourd'hui quand il s'agit de confronter et de vaincre l'Etat islamique et ses antennes, des groupes dont l'inhumanité et le barbarisme sont alimentés par une interprétation fasciste de la suprématie inspirée du divin, bien qu'ils se concentrent davantage sur la religion que sur les races.
L'absence d'alliance entre l'Est et l'Ouest quand il s'agit d'éradiquer Daesh montre que les gouvernements et les idéologues occidentaux n'ont pas pris conscience du problème, manquent de responsabilité et ne savent pas gouverner.
Prisonniers d'une mentalité datant de la Guerre froide, l'Occident est gouverné par des abrutis qui considèrent que la Russie et la Chine représentent une menace au moins aussi grande que Daesh. Les proches des victimes d'Omar Mateen ne seraient sûrement pas d'accord avec cela.

La folie sur laquelle s'appuie ce prisme de la Guerre froide est responsable de l'absurdité des exercices militaires menés par l'OTAN sur la frontière avec la Russie alors que des avions et des soldats russes mènent la bataille contre l'Etat islamique en Syrie.
Bien que l'on parle beaucoup de la radicalisation de Mateen et de son allégeance à l'Etat islamique - et du fait que le FBI ait mené non pas une ou deux, mais trois enquêtes sur lui sans que rien n'ait été fait pour l'empêcher d'acheter librement le fusil d'assaut AR-15 qu'il a utilisé pour perpétré ce massacre - on parle moins des selfies de Mateen en tee-shirt et sweatshirt avec le logo de la police de New York (NYPD).

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© GoogleMateen en tee-shirt avec logo de la police de New York (NYPD)
Et nous voilà au cœur du problème. L'idéologie déformée de la haine qui alimente l'Etat islamique a sa part de responsabilité dans ce crime, tout comme l'idéologie déformée qui alimente la fixation que fait l'Amérique sur la violence, le pouvoir et la domination. C'est une fixation que l'on retrouve dans la culture de l'application raciste des lois qui estime la valeur des citoyens dont elle doit assurer la protection selon leur race, leur compte en banque. C'est la même culture qui veut que l'on tire d'abord et que l'on se pose des questions après.

Cette culture de l'application des lois n'est qu'un symptôme d'une nation intoxiquée par l'exceptionnalisme et la suprématie responsables de bien plus de morts, de destruction et de souffrance humaine en un jour que de ce qu'a fait l'Etat islamique depuis qu'il a vu le jour.

Si vous ne me croyez pas, demandez aux Indiens d'Amérique du Nord, dont la présence et la culture ont été presque complètement éradiquées de leurs terres au profit de la suprématie blanche. Demandez aux Afro-Américains, dont les ancêtres ont souffert des centaines d'années réduits en esclavage et au service des mêmes idéaux suprématistes. Ou demandez encore aux habitants d'Hiroshima et de Nagasaki, des villes que des psychopathes ont utilisé pour tester leurs armes nucléaires. Demandez ensuite aux Coréens, aux Vietnamiens, aux peuples d'Amérique centrale - sans oublier plus récemment les Afghans, les Irakiens et les Libyens - tous ces peuples qui ont subi la dure réalité de l'exceptionnalisme américain.
Parler la langue de la liberté et de la démocratie tout en détruisant des sociétés et des pays pour avoir refusé de se laisser dominer par l'exceptionnalisme américain a empoisonné la société et la culture américaine.
La stupidité des lois sur les armes qui date du 18e siècle et qui reste en vigueur au 21e siècle illustre la pure hypocrisie d'un pays qui se dit être le pays de la liberté alors qu'il compte parmi ses plus proches alliés des Etats médiévaux et barbares comme l'Arabie Saoudite, où les homosexuels sont quotidiennement fouettés et pire.

Alors que les élections présidentielles approchent aux Etats-Unis, n'est-ce pas éloquent de voir que le choix va se faire entre une menteuse avérée et un homme aussi fanatique qu'un trafiquant de drogue - et avec le même objectif, celui de fournir une échappatoire à la réalité ?

Cette question est une réponse en elle-même.

Omar Mateen n'est pas un enfant de l'Etat islamique, c'est un enfant de l'Amérique, une nation dont la politique étrangère a semé les graines qui ont fait pousser l'Etat islamique.

L'Histoire ne sera pas bienveillante.