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Un membre du Black Bloc.
Image: AFP
Le Parlement canadien a adopté une loi qui punit de dix ans derrière les barreaux le port d'un masque dans une manifestation. Il espère pouvoir plus facilement s'attaquer aux groupuscules radicaux qui avaient attiré l'attention lors du «Printemps érable».


Cette mesure doit permettre de lutter contre le «vandalisme et (...) la violence perpétrés par pure provocation», a assuré devant la Chambre des communes le député conservateur Blake Richards, qui en est l'auteur.

«Nous sommes aux prises avec un danger réel et croissant. Les membres du Black Bloc incitent des manifestants à prendre part à des émeutes partout au Canada», avait-il expliqué lundi lors de la présentation du texte.

Le Black Bloc est un groupuscule anarchiste dont les membres défilent en noir, le visage dissimulé derrière lunettes, foulards et capuches. Accusé d'être particulièrement violent, il s'est illustré au printemps lors des manifestations monstres organisées par les étudiants québécois qui s'opposaient à l'augmentation des droits de scolarité universitaires.

La loi (C-309) a été adoptée par 153 voix contre 126.

Loi pas nécessaire

Elle prévoit 10 ans d'emprisonnement pour les individus masqués «sans excuse légitime» participant à une émeute, cinq ans s'il s'agit d'une manifestation illégale.

Selon l'opposition, cette loi n'est pas nécessaire car le code criminel prévoit déjà des mesures adéquates. «La police a déjà les outils dont elle a besoin. On l'a vu au Québec» lors du Printemps érable, a réagi le chef du NPD (parti de gauche formant l'opposition officielle), Thomas Mulcair.

«Je ne pense pas que les gens comprennent les implications: quand est-ce qu'un bonnet qui descend sur le visage devient un masque?», a ajouté Bob Rae, leader intérimaire du Parti libéral, également dans l'opposition. «Va-t-on dire aux gens de ne pas porter de masque lorsqu'il fait froid?»

Les critiques fusaient également sur internet. «Les enfants, ne portez pas de masque ce soir autour de la maison de votre député conservateur!», a écrit @ChrisErl sur Twitter. «Vous allez vous faire arrêter (car) vous menacez la sécurité nationale.»