Selon les autorités sanitaires, les feux de cheminées des particuliers auraient un effet aussi polluant que les voitures diesel. En conséquence, et suite à une mesure préconisée par un plan de protection de l'atmosphère, un arrêté préfectoral pourrait les interdire dans certains départements à l'horizon 2015. Les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis seraient concernés.

Les soirées au coin du feu, à souffler sur les braises et entendre les flammes crépiter, ne seront-elles bientôt plus qu'un souvenir pour les franciliens ? Le quotidien Le Parisien l'a dévoilé dans son édition du 28 janvier dernier : « Un arrêté préfectoral pourrait interdire l'usage des cheminées dès 2015 en Ile-de-France. Une partie des 125 000 foyers ouverts de la région situés dans les zones urbaines pourraient être définitivement condamnés, sauf à les transformer en inserts et autres poêles à bois ». Et la source, qui reflète l'avis des 2 500 médecins réunis au sein de l'Association Santé Environnement, précise que « face au tollé provoqué par cette mesure, les communes rurales de grande couronne ne seraient pas concernées par cette mesure ».

Il y aurait en effet un risque pour la santé trop important. Les feux de cheminée pollueraient autant que les pots d'échappement. Isabelle Momas, docteur en pharmacie et directrice du département de santé publique et biostatistique de l'université Paris Descartes, apporte davantage de précisions pour le site 20minutes.fr : « Les études écologiques relient les concentrations ambiantes quotidiennes en PM10 ou PM2,5 et les effectifs journaliers de décès cardio-pulmonaires et d'admissions hospitalières aux urgences. Les études individuelles associent exposition aux particules et exacerbation voire survenue d'asthme, de symptômes respiratoires et réduction des performances ventilatoires ».

La combustion de bois à des fins de chauffage produirait 4 100 tonnes d'émissions de PM2,5, soit le tiers des émissions en Ile-de-France. A l'intérieur des habitations équipées d'une cheminée, leur concentration atteindrait des taux quatre à cinq fois supérieurs aux seuils recommandés pour le dioxyde d'azote, le monoxyde de carbone ou encore le benzène. Et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) enfonce le clou : Les particules fines de ces feux de cheminée occasionneraient 42 000 morts par an dans l'hexagone.

Chez certains, la colère n'a pas tardé à gronder. L'exemple de Pierre Vasseur, président de l'Association de protection des sites de Maule et de la vallée de la Mauldre, dans les Yvelines, en est une illustration. Ce dernier s'est emporté contre « une décision ridicule ». Selon lui, « il existe des sources de pollution bien plus graves et sérieuses par ailleurs ». Hélène Gassin, vice-présidente d'Europe Ecologie-Les Verts au conseil régional d'Ile-de-France, a ainsi tenu à tempérer : « Il ne sera pas question de créer une police des feux de cheminée, mais il faudra alerter tous ceux qui utilisent ce moyen de chauffage sans connaître son impact sur la santé ».