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Ce devrait être le plus gros scandale de la santé publique, bien au-delà du médiator, de la pilule, du sang contaminé et même du vioxx, sans oublier la crise de nerf sur cette viande de cheval qui n'a aucun impact sur la santé et ne révèle que des pratiques commerciales suspectes. Ce scandale, c'est celui de la « chasse » au cholestérol avec à l'appui des molécules pharmaceutiques générant des milliards d'euros de chiffre d'affaire chaque année. Avec deux volets dans cette histoire.

En premier lieu, l'aspect thérapeutique qui à première vue repose sur des évidences factuelles et scientifiques. Le cholestérol est censé favoriser le dépôt de lipides sur les artères, phénomène désigné comme l'athérosclérose et responsable de bon nombre d'accidents vasculaires. Les cardiologues se sont dits alors qu'en utilisant des statines, molécules aux effets hypolipidémiants, il serait possible de faire baisser le taux de cholestérol et de ce fait, limiter les risques de refaire un accident vasculaire. Des tonnes d'études ont été menées mais les résultats sont controversés.

Quelques rares voix se sont élevées, dénonçant l'emprise des laboratoires pharmaceutiques avec des conflits d'intérêts impliquant une partie du corps médical si bien qu'au final, ces voix dissidentes n'hésitent pas à parler d'un mythe du cholestérol, surtout avec cette histoire du bon et du mauvais cholestérol, distinction qui n'est pas sans rappeler les vieilles histoires racontées à l'école primaire sur les animaux nuisibles et utiles. La science ne rend pas forcément intelligent.

Bref, les résultats sont controversés mais il y a plus inquiétant et c'est le second volet de cette affaire très embarrassante pour le système de santé publique. Les statines ont été prescrites à titre préventif à des millions de patients (pour ne parler que de la France) simplement sur la foi d'analyses sanguines du taux de cholestérol qui, lorsqu'il s'écarte des normes, justifierait un traitement hypolipidémiant. Voilà un exemple de dérive du système de soin qui finit par générer des millions de malades potentiels et qui pour le dire ouvertement, administre une sorte de poison moléculaire à des gens bien portants.

Pourtant, principe de précaution oblige, nous devrions être reconnaissants envers ces médecins qui oeuvrent pour notre santé. Mais la vérité est plus cruelle. Nul besoin d'être sorti de polytechnique pour comprendre qu'il n'y a pas de lien entre le transport du cholestérol et le dépôt des lipides sur la paroi des vaisseaux sanguins. Ce sont deux choses différentes. Avec en toile de fond l'obsession de la norme dans un domaine où elle n'est pas pertinente. Prenez par exemple l'image d'un tuyau métallique où circule de l'air contenant de la limaille de fer. Avec un taux égal à Y, très peu de limaille se dépose.

Prenez alors un taux de Y divisé par 10 et générez une aimantation dans le tuyau. Eh bien vous verrez que la limaille se dépose en quantité plus importante, bien que sa concentration dans l'air soit inférieure d'un facteur 10. Au final, ces analyses de cholestérol n'auraient fait que transformer des gens bien portants en malades potentiels tout en leur offrant de surcroît quelques inquiétudes infondées et surtout en leur administrant des molécules qui sont loin d'être anodines comme une banale vitamine C. Des cas troublants sont mentionnés, attestant que les statines peuvent avoir des effets assez nocifs chez quelques patients. Un livre a même été écrit sur ce sujet, avec une bonne dizaine d'autres essais évoquant pour certains une « folie du cholestérol » qui s'est emparée des Etats-Unis et hante le corps médical depuis quarante ans. Pour info, ce sont ces même Etats-Unis qui dans les années 1970 paniquèrent à propos d'un certain virus H1N1, déclenchant une campagne de vaccination vite interrompue du reste.

Il ne m'appartient pas de me prononcer sur ce dossier avec l'étiquette d'un expert mais avec l'expertise d'un honnête citoyen pourvu d'un bagage scientifique suffisant pour lire des documents et notamment ceux fournis par le Books daté de février 2013. Je suis convaincu que la médecine anti-cholestérol est une énorme arnaque servant les intérêts des laboratoires sur fond de peurs diffuses signant notre époque et le tout justifié par un principe de précaution qui nous a aussi valu de gaspiller en 2009 des centaines de millions d'euros en vaccins pour traiter une grippe assez anodine.

Ce billet ne sert qu'à évoquer cette affaire qui comme on s'en doute, risque de mettre en effervescence les médias puisque Philippe Even vient de publier un livre sur ce sujet en février 2013, dont l'objectif est de dénoncer autant le mythe du cholestérol que la complicité des autorités de santé dans ce dossier. Il faudra expliquer à des millions de gens qu'on leur a fait bouffer des cochonneries sans aucune justification scientifique rigoureuse et que de plus, des milliards d'euros ont été gaspillés par la Sécu pour empoisonner des gens bien portants. Autant dire que si l'affaire est bien présentée et relayée, ça va barder pour le système de santé. Je n'ai pas grand-chose à rajouter si ce n'est de vous inviter à consulter les documents disponibles pour forger votre opinion sur cette affaire qui, une fois de plus, n'honore pas les responsables de la santé publique, ni l'ensemble du corps médical peut enclin à se doter d'une opinion critique, préférant prescrire sans compter pour calmer l'hypochondrie généralisée des individus.

Le mot de la fin à Philippe Even : « il n'y a pas de mauvais cholestérol, c'est une farce inventée par les industriels de la pharmacie ». Et un conseil, pour prévenir les accidents vasculaires, rien de mieux qu'une hygiène de vie. No comment !

Puis une conclusion plus générale sur l'impasse de la médecine chimiothérapique qui ne trouve plus de molécules ce qui incite les laboratoires à lancer des médicaments n'ayant pas d'efficacité prouvée mais dont la nouveauté et la cherté permet de fructueux bénéfices sous réserve que le système de santé soit complice, et il l'est bien trop souvent. La médecine est dans une impasse et ne progresse plus, sauf l'autre domaine très important du système de santé, je veux parler de la chirurgie où des progrès tangibles sont avérés. Et encore plus général que le constat d'une perte de confiance des populations face à ceux dont la fonction est d'organiser la société où ils vivent et de leur prodiguer les soins auxquels ils ont droit.

Après la défiance vis-à-vis des politiciens, voici la méfiance face au système de santé. Ni la science ni la technologie n'est en cause. Simplement la corruption d'un système dont on voit aussi les effets à l'hôpital. Car dans ce secteur aussi les abus sont nombreux. Les progrès en chirurgie sont indéniables mais le système régresse par la faute d'un système qui cherche le profit et accumule les actes injustifiés. Finalement, ce n'est pas le système qui dysfonctionne mais ce qu'il y a dans le cerveau des opérateurs du système et en premier lieu la hiérarchie. Voilà à peu près ce qu'on peut penser en élargissant le cholester-gate à une configuration plus générale. J'aurais pu aussi mettre les universitaires, les économistes, les administrateurs...