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Le Président du Venezuela est décédé d'un cancer après quatorze années à la tête du pays. Le gouvernement a déployé l'armée « pour garantir la paix ».

Le vice-président vénézuélien, Nicolas Maduro, a annoncé mardi le décès d'Hugo Chavez après s'être battu deux ans contre un cancer de la région pelvienne.

« Nous avons reçu l'information la plus dure et la plus tragique que nous pouvions annoncer à notre peuple. A 16H25 (20H55 GMT), aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias », a déclaré M. Maduro à la télévision.

Depuis la veille, l'incertitude planait sur le sort du président, hospitalisé dans un établissement militaire de la capitale. Il luttait depuis juin 2011 contre un cancer dans la zone pelvienne et son état de santé s'était aggravé ces dernières heures, selon le gouvernement. Au pouvoir depuis 1999, Hugo Chavez avait été réélu pour un nouveau mandat de six ans en octobre, avant d'être à nouveau opéré le 11 décembre à Cuba, pour la quatrième fois. Il n'était plus jamais apparu en public depuis.

Le gouvernement vénézuélien a déployé l'armée et les forces de police dans le pays pour « garantir la paix » après l'annonce du décès du président Hugo Chavez, a annoncé le vice-président Nicolas Maduro.

« Toute la Force armée nationale bolivarienne (et) la police nationale bolivarienne (...) sont en train de se déployer en ce moment pour accompagner et protéger notre peuple et garantir la paix », a déclaré M. Maduro dans une déclaration retransmise par l'ensemble des médias du pays.

« Les ennemis historiques » responsables de son cancer

Plus tôt dans la journée, le vice-président vénézuélien Nicolas Maduro avait accusé les « ennemis historiques » du Venezuela d'avoir provoqué le cancer dont souffre le président Hugo Chavez.

« Nous n'avons aucun doute, arrivera un moment dans l'Histoire où nous pourrons créer une commission scientifique (qui révèlera) que le commandant Chavez a été attaqué avec cette maladie (...) Les ennemis historiques de cette patrie ont cherché un point faible pour atteindre la santé de notre commandant », a déclaré M. Maduro à l'issue d'une réunion des hauts responsables politiques et militaires du pays.

Le vice-président, dont l'allocution était retransmise à la télévision, a également annoncé l'expulsion du pays d'un attaché militaire de l'armée de l'air américaine à l'ambassade des Etats-Unis, David Del Monaco, accusé de conspirer au sein des forces armées vénézuéliennes.

« Ce fonctionnaire a recherché des militaires actifs au Venezuela, d'abord pour se renseigner sur la situation des forces armées et (ensuite) pour leur proposer des projets déstabilisateurs », a affirmé M. Maduro.

Toujours à l'occasion de son allocution télévisée, le vice-président a reconnu que le Venezuela vivait ses « heures les plus difficiles » depuis qu'Hugo Chavez a été opéré une quatrième fois d'un cancer le 11 décembre à Cuba.

Réunion de crise en début de journée

Les plus hauts dirigeants politiques et militaires vénézuéliens ont commencé à se réunir mardi au lendemain de l'annonce de l'aggravation de l'état de santé du président Hugo Chavez, hospitalisé depuis presque trois mois pour un cancer. Cette réunion a débuté au palais présidentiel de Miraflores à Caracas, en présence notamment du vice-président Nicolas Maduro, des hauts gradés et de vingt gouverneurs d'Etat membres du parti socialiste au pouvoir, a précisé la télévision officielle VTV.

Alternant messages d'optimisme et bulletins alarmants, le gouvernement vénézuélien continue à souffler le chaud et le froid sur l'état de santé réel de son président. Selon le dernier bulletin en date, l'état du patient connaît une « aggravation » en raison « d'une nouvelle et grave infection » respiratoire, et sa situation demeure « délicate », a annoncé lundi le gouvernement. « A ce jour, il y a une aggravation de la fonction respiratoire en relation avec son état d'immuno-dépression, propre à son état clinique », a déclaré le ministre de la Communication Ernesto Villegas en lisant un communiqué diffusé dans tous les médias du pays depuis l'hôpital militaire de Caracas où le président vénézuélien est soigné. « Actuellement, il présente une nouvelle et grave infection », a ajouté le ministre.

Le président vénézuélien, 58 ans, est rentré par surprise à Caracas le 18 février et a été immédiatement admis à l'hôpital militaire de la capitale après avoir été hospitalisé pendant plus de deux mois à La Havane où il a subi en décembre une 4e intervention chirurgicale pour un cancer diagnostiqué en juin 2011 dans la région pelvienne. M. Chavez subit « une chimiothérapie très puissante, entre autres traitements complémentaires », a rappelé le ministre de la Communication. « L'évolution de son état clinique continue d'être très délicate », a-t-il ajouté.

Hugo Chavez, 58 ans est au pouvoir depuis 1999, doit respirer à l'aide d'une canule, après subi une trachéotomie suite à des complications respiratoires survenues à l'issue de sa quatrième opération, le 11 décembre à Cuba. Il a du mal à parler, selon le gouvernement. Depuis le dernier rapport médical, datant de 11 jours, l'évolution de son état de santé « n'a pas été favorable ».

Déstabilisation politique

Le gouvernement affirmait toutefois régulièrement que le patient continue de présider aux destinées du pays disposant des plus importantes réserves de pétrole au monde, mais il ne parvient pas à étouffer les rumeurs qui courent sur l'état de santé réel de M. Chavez, en l'absence de bulletins médicaux autres que les annonces gouvernementales. Lundi, M. Villegas a de nouveau accusé « des laboratoires étrangers » et « la droite vénézuélienne » de préparer une guerre pour « provoquer des violences, prétextes à une intervention étrangère ».

Le gouvernement « dénonce l'attitude hypocrite de ces ennemis historiques de Hugo Chavez, qui lui ont toujours voué de la haine, l'ont insulté et déprécié et qui aujourd'hui utilisent son état de santé comme excuse pour déstabiliser » le Venezuela, a insisté le communiqué lu par le ministre.

Malgré son retour inopiné de Cuba, annoncé via son compte Twitter, le mystère planait toujours sur l'état véritable de M. Chavez, silencieux depuis son départ le 10 décembre vers Cuba et quasiment invisible -seules quelques photos prises dans sa chambre d'hôpital à La Havane ont été dévoilées, mi-février, par les autorités.

De son côté, l'opposition a réclamé dimanche « la vérité » sur la santé de Hugo Chavez, qui s'était dit à plusieurs reprises guéri de ce cancer au cours des derniers mois. Une marche a été organisée à Caracas jusqu'à l'endroit où une cinquantaine de jeunes gens sont enchaînés depuis mardi dernier, pour exiger que le président, réélu pour un nouveau mandat de six ans en octobre mais qui n'a pas été en mesure de prêter serment, apparaisse publiquement ou renonce à ses fonctions. Sa prestation de serment, prévue le 10 janvier par la Constitution, a été repoussée sine die par le gouvernement, une décision avalisée par le Tribunal suprême de justice (TSJ) mais contestée par l'opposition.

Avant son départ pour La Havane, M. Chavez avait, dans un geste sans précédent, désigné comme héritier politique son vice-président Nicolas Maduro, pressant le pays de l'élire à la présidence en cas d'élections anticipées, comme le prévoit la Constitution en cas de défaillance ou démission du président.