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Omnivore pour les uns, végétariens pour les autres

Ce débat déchaîne les littéralement les passions. L'Homme est-il un mangeur de viande ? De végétaux ? Est-il herbivore, carnivore ou omnivore ? Les questions demeurent, et pourtant les réponses foisonnent sur la toile au grès des théories évolutionnistes, anatomiques et même comportementales.

Sur ce sujet, je me suis moi-même épanché d'un article qui traité une théorie, la fameuse théorie anatomique. Aujourd'hui, on considère qu'il faut regarder 3 facteurs en particuliers pour mieux comprendre et statuer sur le régime alimentaire « idéal » celui qui est « fait pour l'Homme ».

Ces facteurs sont :

Anthropologique. L'Homme mangeait-il de la viande il y a 7, 6, ou 3 millions d'années ? Comment le savoir ? Disposait-il d'outils pour chasser ? Était-il capable de tuer un Mammouth ?

Anatomique. Comment est fait notre corps ? Sommes-nous anatomiquement « armés » pour digérer des plantes, ou de la viande ? Ces questions sont fondamentales, et les réponses sont bien souvent l'argument n°1 des végétariens.

Epidémiologique. Quel régime alimentaire nous rend malade ? La viande est-elle dangereuse pour notre santé ? Les légumineuses et le gluten ne sont-ils pas toxiques ?

Les arguments végétariens

Pour nos amis les végétariens, végétaliens et végans, il n'y a pas de doute. L'Homme cumule des preuves anatomiques, anthropologiques et épidémiologiques qui le définissent comme un Herbivore. Les végétariens les plus modérés peuvent parler d'herbivore à tendance omnivore, nuance.

En fait, j'ai déjà traité les deux derniers facteurs (anatomique et épidémiologique) et la réponse est plus que mitigé. Les arguments anatomiques ne me semblent pas du tout tranchés en faveur d'une « herbivorie » stricte mais tendent plutôt à démontrer une « omnivorie » large.

Au niveau épidémiologique, la science n'est pas en mesure de trancher non plus si les végétariens sont réellement en meilleur santé que les mangeurs de viande. Les études sont souvent biaisées, et orientées par des auteurs végétariens ou financées par l'industrie de la viande.

Bref, c'est le micmac dans notre assiette. Et pour trancher, d'une certaine manière, je vous propose de lire une analyse du premier facteur, l'anthropologie ou l'Histoire de notre espèce, de notre ligné à travers les âges.

Les arguments végétariens en 2 points

Je retrouve régulièrement deux arguments majeurs qui composent le paysage anthropologique de notre ligné :
  1. Pour manger de la viande il faut chasser, pour chasser il faut des outils, et pour avoir des outils dignes de ce nom (des arcs et des lances) il faut attendre l'âge du paléolithique supérieur, il y a 35 000 ans.
  2. Nos premiers ancêtres, les Australopithèques, apparu il y a 7 millions d'années (Ma) jusqu'il y a 2.5 Ma sont considérés comme des végétariens. « L'Homme » a donc été pendant 4.5 Ma un végétarien, un argument qui pèse lourd en faveur du régime végétarien.
Pourtant, ces deux arguments sont largement discutables.

L'outillage préhistorique

Etant chasseur je peux comprendre ce raisonnement ; je m'imagine très mal partir à la chasse sans fusil, sans arc et même sans lance si je veux ramener du gibier pour nourrir une hypothétique tribu. Selon des sites végétariens, la chasse à l'arc et la lance qui est avérée que depuis 35 000 ans, fonctionnerait qu'1 fois sur 20. C'est peu et quelque part, c'est compréhensible.

Mais est-il intéressant de se comparer avec nos alleux ? Non, intéressons-nous plutôt à l'outillage préhistorique et aux techniques de chasse de l'Homme. Le premier outil façonné par l'Homme date de -2.7 Ma, qui était apparemment utilisé pour nettoyer des peaux de bête. Hum... Le biface apparait 1 Ma plus tard mais ce n'est pas le plus important.

Un site très officiel au nom très révélateur, « L'Homme de Tautavel », nous informe de la vie de ces Hommes il y a 450 000 ans. On apprend, illustration à l'appui, que l'Homme de cette époque chassait beaucoup, parfois jusqu'à 100 têtes de cerfs retrouvées dans les grottes occupées jadis.

Comment ça ? Des têtes de cerfs ? Il y a 450 000 ans ? Oui, si vous avez bien suivi l'Homme n'aura inventé que 400 000 ans plus tard l'arc et la lance, les outils « nécessaires » pour obtenir de la viande. Et pourtant, l'Homme de l'époque n'avait pas besoin d'un tel outillage pour chasser. Des pieux, des pics en bois, des fossés en guise de piège, des rabatteurs suffisent aux Hommes pour tuer, dépecer et manger cerfs, mouflons, rennes, cheval, rhinocéros, bisons, bœufs musqués et autres.

La théorie du « manque d'outillage » énoncé par les végétariens en prend un sérieux coup. Ces nouvelles données permettent de remonter très loin dans le temps, jusqu'à 1, 2 même 4 Ma où l'Homme était capable de se nourrir d'une telle manière.

Des ancêtres végétariens

La 2ème partie de cette discussion touche l'histoire de notre lignée, des Australopithèques. Les amateurs du régime paléolithique se targue qu'un régime carné étaient suivi par tous nos ancêtres depuis au moins 2 Ma, si ce n'est plus loin, jusqu'à 7 Ma.

Pourtant, des avis contradictoires émanent de la plume de certains blogs végétariens, des avis qui qualifient nos ancêtres Australopithèques comme végétariens stricts. Les Australopithèques sont en effet connus pour avoir une anatomie buccale très différente de la notre, puisque composée de nombreuses et larges molaires qui indiquent un régime fortement végétal.

Le sérieux site Hominides.com confirme ces affirmations avec « des dents massives, en forme de meule » pour nos chers ancêtres australopithèques. L'observation simpliste de l'anatomie buccale ne peut pas suffire pour assoir un régime particulier, et pour cause.

Toujours sur le même site d'information préhistorique, on apprend que plusieurs indices biochimiques nous permettent de déterminer un régime alimentaire type. Le rapport carbone 13/ carbone 12 et strontium / calcium des dents et des os permet d'estimer la consommation de viandes et de végétaux par les hommes de l'époque.

Même si il est accepté que certaines lignées (notamment les australopithèques de l'Afar) soient, à priori, végétariennes, les autres lignées ne l'étaient pas. La plupart des Australopithèques se nourrissaient de végétaux (graines, tubercules, racines, etc.), à hauteur de 80 %, alors que le reste (20 %) était comblé par des insectes, et des petits animaux (rats, rongeurs, reptiles, oiseaux, etc.)

Conclusions et perspectives

Nous sommes loin d'un coup de hache qui tranche définitivement sur le régime originel et idéal pour l'Homme. Ceci dit, il est clair que nos ancêtres ont jouis d'une diversité pharaonique des régimes alimentaires, aux grés des saisons, des évènements climatiques, des migrations et des aléas quotidiens.

Un Homme préhistorique du paléolithique était peut-être « végétarien » 2 à 3 mois dans l'année, lorsque les ressources étaient abondantes avec peu de gibier. En revanche, il pouvait être un « carnivore » strict pendant les périodes d'abondances du gibier et de chasse intense.

Notre très vieil ancêtre Australopithèque était capable de se nourrir d'animaux même sans outils, et sans les capacités cognitives développées des descendants.

Il est clair qu'aujourd'hui, être végétarien est un choix moderne qui ne trouve pas une explication fondamentale dans l'histoire de notre lignée. Les arguments semblent clair, et nous montrent la présence de viande, autrement de meilleur qualité, dans le régime alimentaire.

Nul question ici de remettre en question les motivations de commencer ou de continuer un régime végétarien : les raisons sont très louables. Cependant, le régime végétarien se défend parfaitement avec des arguments modernes : dégradation de la qualité de la viande, dégradation du bien être des animaux d'élevages, effet de serre, dégradation de l'environnement sans chercher des puces dans l'histoire de notre lignée, et nuire à certains courants (paléo) qui ont aujourd'hui le vent en poupe.