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Société Générale, La Défense, février 2013 - Christophe Ena/AP/SIPA
Parfois, la recension des faits, bruts de décoffrage, vaut mieux que tous les commentaires savants. Reportez vous à la page 25 du quotidien économique Les Echos, paru ce mardi 30 avril. Titre : « Les rémunérations des dirigeants des banques françaises sont reparties à la hausse en 2012 ».

Ce n'est pas Marianne qui le dit, ce sont Les Echos, la bible des libéraux français. L'austérité est de mise partout : dans la gestion de l'Etat - qui impose des hausses d'impôts conséquentes et une réduction des dépenses publiques que certains jugent encore insuffisante ; dans les entreprises où la disette salariale dure maintenant depuis plus de 10 ans ; dans la majorité des foyers français où l'on tape dans les comptes d'épargne pour assurer les fins de mois. Partout, donc, sauf dans les banques.

Ainsi le salaire (fixe + variable) de Jean-Laurent Bonnafé, le patron de BNP Paribas, a progressé de 42,08% à plus de 2,8 millions d'euros. Celui de Frédéric Oudéa, son homologue de la Société Générale, a cru de 30,42% à près de 2,2 millions d'euros - et ce, alors même que le résultat de la banque chutait de 67,5%. Même chez BPCE (Banques Populaires - Caisse d'Epargne), le Pdg, François Pérol, voit sa rémunération augmenter de + 2,62% alors que le résultat de sa banque a perdu 19%.

Sous la pression de l'opinion publique anglaise, les banquiers britanniques ont fait des efforts de « modération.» En Allemagne, toujours citée comme le modèle à suivre, les rémunérations des banquiers ont été « bridées ». En France, c'est Noël au moment des vacances de Pâques. Les patrons des banques françaises ne sont d'ailleurs pas seuls à se goinfrer pendant la crise : les 3000 traders de BNP-Paribas se sont ainsi répartis quelque 550 millions d'euros de bonus. Soit, en moyenne, 170.000 euros par personne.

En 2008, on ne s'est pas contenté de sauver les banques - et sans doute fallait-il le faire. On a aussi sauvé les banquiers. Cinq ans après le déclenchement de la Grande Crise économique, tout le monde se serre la ceinture... sauf eux !

Ne le répétez pas trop fort, on pourrait vous accuser de populisme, voire de « banquophobie ».