La chancelière Angela Merkel s'est rendue mardi dans les régions d'Allemagne les plus touchées par des inondations historiques, promettant une aide financière de l'Etat, alors que l'eau continuait de monter dans plusieurs régions d'Europe centrale où l'on déplorait au moins 11 morts.

La vigilance restait de mise en Allemagne, en République tchèque, où la mort d'une huitième personne a été signalée mardi, ainsi qu'en Autriche (2 morts), en Suisse (un mort) et en Hongrie.

Partout, les crues ont fait d'importants dégâts matériels et des milliers de personnes ont dû être évacuées.

Portant un manteau noir et des chaussures de marche, Angela Merkel a visité mardi matin la ville bavaroise de Passau, l'une des plus touchées en Allemagne.

Située à la frontière autrichienne, au confluent du Danube, de l'Inn et de l'Ilz, Passau a vu son centre-ville envahi par les eaux et les habitants y sont encore privés d'eau potable, d'électricité et de réseau de téléphone fixe.

"Cela fait 48 heures que l'on n'a ni eau ni électricité. J'attends que l'Etat fasse quelque chose, parce que là on se sent tout simplement abandonnés", a déclaré Pajrak Tarviz, un habitant de la ville, interrogé par la télévision publique allemande.

"On a rapidement besoin d'électricité. Ici on a beaucoup de magasins, de cabinets médicaux, et sans eau et sans électricité on ne peut rien faire", renchérissait une autre riveraine, Monika Meyer.

"On ne pouvait rien faire d'autre que regarder monter les flots. On avait du mal à le croire, mais on se sentait surtout impuissant, comme KO", racontait également Annette Bömh, dentiste à Grimma, en Saxe, une ville déjà durement frappée par les crues record de 2002.
Des militaires ont été déployés pour nettoyer la ville de la vase laissée par les eaux qui se retirent progressivement. Si la partie haute du centre-ville a été relativement épargné, le long du Danube on pouvait voir que certaines maisons ont été totalement englouties sous les flots, et la plupart jusqu'au deuxième étage.

A Passau, Mme Merkel a loué la qualité des secours et promis 100 millions d'euros d'aide "immédiate et sans tracasserie administrative" pour les régions frappées par le sinistre, tout en laissant entendre que ce montant pourrait être relevé plus tard.
La chancelière s'est ensuite rendue dans d'autres villes touchées en Saxe(est) puis en Thuringe (est) où les eaux continuaient à monter. Environ 4.000 soldats de la Bundeswehr ont été mobilisés pour prêter assistance à la population.

A Prague, la Valtva a atteint son point haut mardi matin tandis que les inondations gagnaient le Nord de la République tchèque.
Le pire était notamment encore à venir à Usti-nad-Labem, une ville industrielle d'environ 100.000 habitants située sur l'Elbe, à environ 30 km de la frontière avec l'Allemagne.

"Les habitants d'Usti-nad-Labem sont désespérés. Un grand nombre d'entre eux sont au chômage, leurs maisons avaient déjà été détruites lors des inondations en 2002 et maintenant tout recommence", a confié à l'AFP une habitante de la ville, Martina Hrabetova.
Plusieurs usines chimiques dans la région ont suspendu par précaution leur production lundi, dont l'usine Spolana de Neratovice (20 km au nord de Prague) d'où s'étaient échappées des dizaines de tonnes de chlore liquide dans l'Elbe lors des inondations de 2002.

En Autriche voisine, le Danube devrait également atteindre son point culminant dans la journée, dans l'est du pays (Haute-Autriche et Vienne), et se rapprocher des records atteints en 2002. Plus de 20.000 pompiers, policiers et secouristes étaient mobilisés dans le pays, ainsi que 800 soldats. Le groupe d'électricité Verbund a indiqué que la production des centrales hydroélectriques situées sur le Danube avait été partiellement arrêtée et réduite à un tiers de la production habituelle.

En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban a décrété l'état d'urgence dans certaines régions en raison de risques de crue du Danube. Environ 8.000 soldats ont été mobilisés, ainsi que des milliers de secouristes et policiers, a-t-il indiqué au cours d'une conférence de presse.
L'état d'urgence concerne notamment les régions de l'Ouest du pays, autour des villes de Györ et Komarom, où des travaux de renforcement des digues étaient en cours, ainsi que certains quartiers de Budapest.