Image
Comme ici le 22 juin 2013, la police a utilisé des canons à eau pour disperser ce samedi des manifestants qui voulaient se rendre sur la place Taksim, haut lieu de la contestation contre le gouvernement. | (AFP/OZAN KOSE.)
La police turque a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage de canons à eau ce samedi soir pour refouler plusieurs milliers de personnes qui se rendaient sur la place Taksim d'Istanbul, le bastion d'une fronde inédite de trois semaines contre les dirigeants accusés d'autoritarisme et de vouloir islamiser la société.

Le 31 mai, la police turque était violemment intervenue pour évacuer quelques centaines de militants écologistes du parc Gezi qui s'opposaient à l'arrachage de ses 600 arbres dans le cadre d'un projet d'aménagement de la place Taksim.

Ce projet, défendu par le Premier ministre et ancien maire d'Istanbul Recep Tayyip Erdogan, prévoyait la reconstruction d'une ancienne caserne ottomane à la place du parc et la construction de tunnels, aujourd'hui presque achevés, pour rendre la place aux piétons. Des milliers de manifestants ont occupé jour et nuit le parc Gezi avant d'être évacués au cours d'une intervention policière d'envergure les 15 et 16 juin.

Le projet de réaménagement du parc Gezi annulé

Mais un tribunal administratif d'Istanbul a annulé début juin l'ensemble de ce projet, au motif que la population n'a pas été consultée et qu'il viole son «identité». Cette décision, qui n'a été rendue publique que cette semaine, a été saluée comme une victoire par les opposants au projet, qui ont dans la foulée annoncé leur volonté de reprendre le contrôle de «leur» parc. «Nous revenons vers notre parc pour remettre en mains propres, à ceux qui ont interdit son accès à la population, la décision de justice qui annule le projet destiné à retirer son identité au parc Gezi, à le priver de ses usagers et à le bétonner», a annoncé le collectif Solidarité Taksim dans un communiqué.

Quelques heures avant les nouveaux incidents de ce samedi, le gouverneur d'Istanbul Huseyin Avni Mutlu avait mis en garde les manifestants, rappelant que les rassemblements sur la place Taksim étaient interdits. «Nous prévoyons de rouvrir le parc Gezi demain (dimanche) ou au plus tard lundi pour qu'il soit mis à la disposition de tous les citoyens», avait déclaré à la presse Hüseyin Avni Mutlu.

Réunis à l'appel du collectif Solidarité Taksim, à l'origine de la contestation, les manifestants se sont donc heurtés à l'imposant dispositif de policiers antiémeute qui leur barrait l'accès de la place et se sont dispersés dans la grande avenue piétonne Istiklal et dans les rues environnantes.