Une question qui revient souvent sur le devant de la scène est de savoir si l'Homme continue à évoluer. Après tout, il n'a plus de prédateur... En réalité, tout dépend de ce que l'on nomme « prédateur ». Si l'Homme se taille une part de lion sur la planète et que ce dernier ne mange plus d'humains au petit déjeuner, les microbes, eux, continuent d'avoir un impact sur nous.

Prenons le choléra par exemple. La maladie tue des milliers de personnes par an, et dans des régions bien localisées du globe. On en a parlé pour Haïti en 2010 (une belle bourde de la part des Nations Unies), mais la maladie sévit surtout en Inde et au Bangladesh. Cela fait un beau millier d'années que le choléra tue là-bas. Au Bangladesh, la moitié des enfants qui ont plus de 15 ans l'ont attrapé au cours de leur vie ! Dans le pire des cas, la maladie peut vous tuer en quelques heures en raison des diarrhées importantes qu'elle engendre.

Des chercheurs viennent ainsi de trouver que, comme la malaria en Afrique, le choléra provoque une pression évolutive. De nombreuses personnes ne souffrent que de symptômes légers ou moyens ou carrément ne sont pas malades (pas de symptômes) !

Les scientifiques ont analysé l'ADN de 36 familles du Bangladesh et ont comparé cela avec le génome de personnes d'Europe du Nord, d'Afrique de l'Ouest et de l'Asie. La sélection naturelle a bien laissé sa marque sur 305 régions du génome des personnes du Bangladesh. On a même comparé le génome de personnes d'une même maison qui n'étaient pas malades alors que d'autres l'étaient et on a pu vérifier quels étaient les différents gènes qui permettaient la résistance.

Cette étude montre un bel impact des maladies infectieuses sur l'évolution humaine au passage (par pure sélection naturelle : les survivants passent leurs gènes de résistance à la nouvelle génération). Elle ne servira pas à trouver de nouveaux remèdes, car ceux qui existent marchent déjà très bien. Ce qui manque à présent, ce sont des mesures préventives essentiellement.