La taille du pénis des citoyens corrélée au PIB de leur pays ? Les scientifiques ne sont pas en panne d'imagination. Une nouvelle étude pointe les errements scientifico-médiatiques relatifs à ces "études à la con".

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Des études récentes ont démontré le plus sérieusement du monde - de façon statistique donc théoriquement irréfutable - des liens surprenants entre différents critères et phénomènes a priori incompatibles : consommation de chocolat et nombre de prix Nobel d'un pays, sonorité d'une langue et fréquence de relations adultérines, PIB d'un état et taille du pénis des citoyens, diversité linguistique et sécurité routière, prénoms et résultats au bac... Une étude conjointe de psycholinguistes néerlandais et écossais, publiée dans la revue PLOS One, vient d'en rajouter une louche : plus vous voyez d'accacias autour de vous, plus vos chances de mourir dans un accident de la route sont élevées. Ouch !

Quand la science se bidonne...

Mais ces scientifiques ont justement cherché un résultat improbable pour illustrer leur scepticisme (relatif) à propos de ce genre d'études nomothétiques (qui visent à établir des lois scientifiques à partir de liens entre des phénomènes observés). Première remarque, les bases de données disponibles gonflent à grande vitesse, de même que la puissance de calcul, ce qui augmenterait de façon non négligeable le risque d'interférences statistiques, c'est à dire des corrélations purement et simplement erronées, qui se retrouveront naturellement contredites dans l'avenir, au fur et à mesure que les données se feront de plus en plus précises. Ensuite, corrélation ne signifie pas lien de causes à effets, on a trop souvent tendance à l'oublier, surtout dans les médias, qui offrent des couvertures parfois inattendues à des études qui n'en demandaient pas tant. "En général, sans parler des articles attrape-clics, j'espère que les lecteurs ne prendront pas [ce genre d'études] au sérieux. Les études statistiques de ce type sont censées lever des questions plutôt qu'apporter des réponses" rappelle Joshua Keating sur Slate.com.

Des scientifiques renvoyés à leurs études ?

Et puis, enfin, beaucoup de critères peuvent être rapprochés les uns des autres, voire imbriqués : la consommation de chocolat est corrélée au niveau de consommation d'un pays, donc à sa richesse, donc à son investissement dans les sciences et technologies, et donc, au final, au nombre de prix Nobel. Et il y a tout à parier qu'une étude sur la consommation de cacahuètes donne les mêmes résultats.

Les chercheurs ont par exemple établi une chaine de corrélations qu'ils estiment scientifiquement justifiées : La diversité linguistique est liée au climat, le climat affecte l'importance culturelle de la sieste. Les cultures appréciant les siestes ont des langages moins complexes. Complexité qui est liée à la taille du groupe, elle-même corrélée à la fréquence de relations sexuelles adultérines au sein d'une population... etcetera, jusqu'à tomber sur une corrélation entre la densité d'une variété d'acacias et le nombre d'accidents mortels, contrôlée par la longueur du réseau routier, la distance à l'équateur, le PIB, la taille et la densité de la population...

Comme le rappelle Slate.fr, Coluche avait raison... « Quand on est malade, il ne faut surtout pas aller à l'hôpital : la probabilité de mourir dans un lit d'hôpital est 10 fois plus grande que dans son lit à la maison ».