Ukraine manif
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Cette nuit (du dimanche 8 au lundi 9 décembre) et le jour qui suit seront décisifs. C'est un des leaders de l'opposition qui l'affirme. Le même qui en appelle à bloquer le quartier gouvernemental. La rumeur court que le pouvoir pourrait recourir à l'état d'urgence et faire évacuer de force les dizaines (centaines ?) de milliers de manifestants qui exigent la démission du président et du gouvernement.


Ce serait une tragédie. Mais en ne faisant rien, le président Yanoukovitch avoue son impuissance et semble perdre le contrôle de la situation. Plus alarmistes encore, on parle de concentration de troupes ukrainiennes...et russes à proximité de Kiev. Exagérations sans doute. Mais rien n'est à exclure. L'ETAT UKRAINIEN SEMBLE ETRE EN PASSE DE S'EFFONDRER.

Va-t-on vers un bain de sang ? Est-ce d'ailleurs le but recherché par ceux qui, en Ukraine et à l'étranger, ont enclenché cette stratégie qu'il faut bien appeler « de coup d'état » ? En tout cas, une grande épreuve de force a lieu en ce moment, qui met aux prises, à l'intérieur une opposition liée aux régions occidentales du pays et un pouvoir principalement assis sur les régions orientales. Une partie de bras de fer, aussi, entre le bloc euro-atlantiste et la Fédération de Russie. L'issue de la crise en Ukraine pourrait bouleverser la scène internationale. Il est difficile d'apprécier la situation loin du terrain, d'autant que ce qui se passe dans la capitale ne laisse pas préjuger des sentiments des populations dans d'autres régions. Le mot d'ordre de « grève générale » lancé par les opposants sera-t-il suivi ? Pour l'heure, il ne l'est pas. Une ombre majeure pèse sur la suite des événements : ce sont les troupes de choc des fascistes de « SVOBODA », l'un des trois grands partis d'opposition, fer de lance de la contestation.

L'opposition ukrainienne a appelé ce dimanche soir les manifestants rassemblés sur la Place de l'Indépendance dans le centre de Kiev à bloquer le quartier gouvernemental.

Le coordinateur du dénommé Etat-major de la résistance nationale Alexandre Tourtchinov (parti Batkivchtchina) a appelé les protestataires à former une colonne de 30 000 personnes environ et à se diriger vers les bâtiments gouvernementaux.

L'opposition ukrainienne a promis de bloquer la résidence du président Viktor Ianoukovitch Mejigorie, près de Kiev, si ce dernier n'annonçait pas la démission du gouvernement dans un délai de 48 heures, rapporte dimanche (8/12) le correspondant de RIA Novosti à Kiev.

Coup d'Etat à Kiev ? L'UE et les USA interviennent aux côtés des opposants

Imaginons, toutes proportions gardées, quelque 60.000 manifestants à Bruxelles envahissant la « zone neutre » et cherchant à prendre d'assaut le palais royal. Imaginons leurs chefs déclarer qu'ils resteront sur place tant que le roi (président) et le premier ministre Di Rupo n'auront pas démissionné. Imaginons ces manifestants rejoints par des ministres russes, chinois ou iraniens... Que ferait, chez nous, la police ? Que resterait-il de la souveraineté de l'état belge ?

C'est à peu près ce qui se passe à Kiev, capitale de l'Ukraine. Le président Viktor Ianoukovitch, élu démocratiquement et reconnu internationalement (qu'il nous plaise ou non est une autre histoire) a la légalité pour lui. Et la confiance renouvelée du parlement, tout aussi démocratiquement élu. Serait-il devenu « illégitime » parce qu'il hésite entre le rapprochement avec l'UE et l'union douanière avec la Russie, le Belarus et le Kazakhstan ? Libre aux « pro-européens » et à l'UE de le penser. Mais qu'ils disent alors clairement : « Nous organisons un coup d'état, nous prenons le risque d'un bain de sang, pour imposer le point de vue de Bruxelles - et de Washington ».

Les manifestants sont menés par des chefs libéraux, nationalistes et néofascistes. Il y a également parmi eux des mécontents de la situation économique et sociale, des amoureux de « l'Europe » idéalisée, des jeunes contestataires « de nouvelle gauche », libertaires, apolitiques....

Qu'ils le veuillent ou non, ils sont les otages d'un affrontement de forces ukrainiennes, russes et euro-américaines qui les débordent largement.

J'arrive mal à comprendre ce que font des gens « de gauche » aux côtés d'authentiques nazis, et au nom d'une même « révolution ».
Le parti n'a cessé de progresser. Il est né dans la ville de Lvov, en Galicie. «Il s'agit d'un nationalisme ouest-ukrainien, d'un nationalisme galicien», note Jean-Marie Chauvier, journaliste belge et spécialiste de l'ex-URSS.
Le succès de ces mouvements de l'extrême-droite ukrainienne s'est toujours construit sur la revendication nationale, longtemps mise en veilleuse par le centralisme de l'URSS.

Source : Le poids de l'extrême-droite en Ukraine par Pierre Magnan, Francetvinfo, le 3 décembre 2013