Présentatrice de Russia Today, la journaliste Abby Martin a fondu en larmes lors de son hommage rendu au reporter-enquêteur Michael Ruppert, retrouvé suicidé.


Il s'est tiré une balle dans la tête: Michael Ruppert, un ex-policier reconverti dans le journalisme d'investigation, est mort, dimanche 13 avril, à l'âge de 63 ans.

Hier soir, une célèbre présentatrice de Russia Today, originaire comme lui du même environnement sociopolitique (la contre-culture californienne), n'a pas pu retenir ses larmes.

Le 5 mars, Panamza avait déjà évoqué la spécificité -dans le paysage médiatique contemporain- de celle qui faisait alors l'objet d'une importante couverture médiatique internationale en raison de son opposition -déclarée à l'antenne- à la conquête russe de la Crimée.

Hier, mardi 15 avril, elle concluait de manière émouvante la dernière minute de son émission Breaking the set par un vibrant hommage à Michael Ruppert (interviewé en octobre dernier).

Qui était-il?

En 1996, cet ancien policier s'est fait connaître sur la scène nationale pour avoir interpellé en direct John Deutch, alors directeur de la CIA, sur la collusion des services secrets avec les trafiquants de drogue.


En novembre 2001, deux mois à peine après les événements du 11-Septembre, il donna une conférence retentissante sur le sujet en accusant l'Administration Bush d'avoir une part de responsabilité dans l'exécution des attentats.

Trois ans plus tard, Michael Ruppert publia le livre-somme sur la question: Franchir le Rubicon (traduit en français depuis 2007). Réalisateur d'une investigation sur le sujet, l'auteur de ces lignes avait correspondu avec lui en 2010 car il fut le premier (notamment à travers un article publié le 9 octobre 2001) à mettre en lumière la connexion des délits d'initiés survenus autour du 11 septembre 2001 avec des dirigeants de la CIA. Le chapitre 14 de son ouvrage revient en détail sur cette question.


Dans le même livre, fait rare, il aborda également (chapitre 15) l'angle d'une implication israélienne dans le 11-Septembre, concluant sur une complicité stratégique des appareils d'Etat américain, britannique et israélien -en collusion avec Wall Street- dans la genèse et la réalisation des attentats. Nous étions tous les deux d'accord sur le faisceau d'indices accréditant l'hypothèse selon laquelle les spéculateurs boursiers qui ont bénéficié de l'évènement appartenaient essentiellement aux sphères "américaines, européennes et israéliennes" du Renseignement.

Après une période de dépression et d'exil au Vénézuela, Michael Ruppert était retourné en Californie pour se consacrer à un nouvel ouvrage, intitulé Collapse et pronostiquant l'effondrement à venir de la civilisation industrielle en raison du pic pétrolier. Ce livre et son auteur ont fait l'objet d'un documentaire réalisé en 2010 (et visionnable, dans son intégralité, en version originale sous-titrée ici).


En mars 2013, il accorda un entretien à une web-tv américaine au cours duquel il insista -entre autres sujets- sur la responsabilité personnelle de Richard Cheney, ancien vice-Président des États-Unis (2001-2009) proche du complexe militaro-industriel et de la mouvance ultra-sioniste, dans l'exécution du 11-Septembre.


En janvier dernier, le magazine américain Vice lui a consacré un webdocumentaire (intitulé L'Apocalypse, mec) qui est devenu, de facto, le dernier témoignage de Michael Ruppert, un homme qui est progressivement passé, dans la grande tradition de la contre-culture californienne, de la contestation politique à une quête plus spirituelle.