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Un samedi matin sur France Culture. La jolie voix de Ruth Stégassy nous réveille avec le lancement de son émission Terre à Terre. Elle nous parle de la France, de l'Aude plus précisément. D'un tout petit village perdu dans les cultures à quelques kilomètres de Narbonne : Malvési.
Un village sans histoire où il fait bon vivre ? Pas tout à fait. A quelques encablures des dernières maisons, au pied d'un site archéologique de la civilisation celtique (Oppidum de Montlaurès), s'étale dans une liberté totale, la raffinerie d'uranium Comurhex. C'est comme une verrue, plutôt comme un cancer...
Elle offre au ciel, ses bassins de lagunage, dont les clapotis s'irisent dans la lumière chaude de cette région bénie des dieux pour son climat.


La société Comurhex est une filiale d'Areva. Elle est chargée, depuis 1971, de convertir des concentrés de minerais d'uranium (yellow cake) en produits destinés à être transformés en combustible nucléaire. Mais pas seulement. Elle a également en charge l'uranium de retraitement en provenance de combustibles nucléaires irradiés. Ses bassins de lagunage, qui vu du ciel ressemblent à un marais salant, servent à décanter par évaporation, les résidus chimiques qui proviennent des différents stades du retraitement. Ils portent le joli nom d'ECRIN (Entreposage Confiné des Résidus issus de la conversioN).

Il s'agit d'une installation nucléaire de base en raison des déchets radioactifs contenus dans ces bassins dont du plutonium hautement radioactif. Mais seuls les bassins sont classés. Or c'est bien l'intégralité du site de la Comurhex qui devrait être déclaré "installation nucléaire de base".

Accidents, cancer, maladie professionnelle, etc.

Le 20 mars 2004, la digue de l'un des bassins de lagunage s'est rompue. Plus de 30 000 m3 de boues contenant de l'uranium, du radium et divers produits chimiques très dangereux sont relâchés dans la nature. Grâce à la construction très rapide d'un barrage, les boues sont arrêtées dans le terrain de la Comurhex et n'ont pas atteint le canal du Tauran tout proche. Dans les boues ainsi relâchées, on découvre du plutonium... Les ouvriers qui ont participé à la construction de ce barrage ont pataugé sans aucune protection dans ces boues hautement polluées.

Fin janvier 2006, des pluies intenses ont inondé une partie des terrains du site de production et se sont accumulées sur une zone entourant les bassins de décantation et de lagunage. Les teneurs en nitrates, observées à l'aval de l'usine sur le canal de la Mayral, ont atteint des valeurs de près de 80 mg/L pour une valeur habituelle de l'ordre de 20 mg/L.

Au mois d'août 2009, des déversements de fluor et d'uranium sont constatés qui représentent trois à quatre fois la dose maximale autorisée. Les eaux contaminées sont déversées dans le canal de Tauran. On en retrouve en grande quantité dans l'étang de Sigean (qui est une réserve animalière qui accueille de très nombreux touristes en plein mois d'août) et elles terminent leur course folle dans la mer à Port-la-Nouvelle. L'accident n'a été rendu public qu'un jour et demi après la découverte de la pollution sur les plages de Port-la-Nouvelle (en plein moi d'août).

Cancer broncho-pulmonaire, leucémie myéloïde chronique, les salariés de la Comurhex ne font pas de vieux os... Mais au moins certains voient leur maladie reconnue en tant que maladie professionnelle liée à la radioactivité. Mais quid des habitants du voisinage ?

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