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© Tcho
« On » n'a pas fini de nous faire aimer le futur. Les drones remplacent les avions de chasse, les robots les chirurgiens trop humains, les automates les passeurs d'ordres en Bourse. Dans Le Quotidien du peuple chinois, édition française, on trouvait ces jours-ci l'information suivante : « Récemment, un robot rédacteur du Los Angeles Times (LAT) a écrit et publié un article sur un tremblement de terre, trois minutes seulement après qu'il a eu lieu, et l'Associated Press a annoncé son intention d'utiliser la technologie d'automatisation d'une société du nom d'Automated Insights pour produire des rapports sur les bénéfices des sociétés. »

Ce n'est pas un hasard si les robots du LAT ont oublié de marquer la France sur leur atlas récemment (cf. Le Monde du 25 juillet, qui n'a semble-t-il rien compris au problème). L'éternelle euphorie américaine a vite fait de rassurer tout le monde à ce sujet : « Narrative Science, une start-up de Chicago spécialisée dans l'écriture par robot, recueille des données d'événements comme le sport et la criminalité, et utilise des algorithmes pour produire des articles. Et de fait, Kristian Hammond, co-fondateur de Narrative Science, a déclaré que 90 % des nouvelles pourraient être rédigées par des ordinateurs en 2030. »

Dans un premier temps, je me suis cru menacé par cette invasion robotique qui reflète un monde à la « Terminator » pas trop intellectuel. Mais dans un deuxième temps, j'ai bien mieux réagi... Ne sommes-nous pas depuis longtemps dans cette scène de la vie des marionnettes (voir le texte d'Ewald von Kleist) ? René Guénon ne parle-t-il pas aussi d'une cité hindoue de l'Antiquité peuplée d'automates dirigés par un maître supérieur ?

En réalité, nous savons depuis longtemps en France, depuis Marat en fait, que l'information n'a pas besoin d'être mécanisée ou robotisée pour exister. La « machine » de Cochin est passée par là depuis longtemps et a formaté l'opinion pour penser en un certain sens. Dans « information », il y a « formation ». La pensée binaire (bien/mal avec immigrés/méchants blancs, gentils USA/méchante Russie, génial socialisme/affreux FN, gays/homophobes) est notre lot quotidien et l'électeur n'a pas fini d'être conditionné par cette théurgie techno-manichéenne.

Nos journaux sont de plus en rédigés par des quasi-robots. Il n'y a qu'à voir la page d'accès de Yahoo! pour constater l'omniprésence du people, du sexe, de la consommation, du luxe, du sport et autre inhibant orwellien. Le politiquement correct reflète l'involution humaine vers un ergonomiquement correct et un technologiquement correct. L'unification sexuelle en découle.

On compte, bien sûr, une résistance humaine mais elle est confinée à des réseaux, à des journaux libres comme Boulevard Voltaire qui, tant qu'ils ne seront pas censurés, pourront permettre à l'humanité restante et contestante de réagir.

Et on souhaite aux robots journalistes beaucoup de lecteurs robots.