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Pour espérer contenir l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui fait rage au Liberia - le pays où le taux de mortalité est le plus important et le plus rapide, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) - le gouvernement prend des mesures draconiennes. Deux quartiers de la capitale, Monrovia, ont été placés en quarantaine et sous surveillance sécuritaire, alors que dans le reste du pays, un couvre-feu a été instauré.

La situation est particulièrement compliquée dans le bidonville de West Point, véritable ghetto de la capitale, dans lequel 75 000 personnes s'entassent dans un espace d'un demi-kilomètre grillagé, sous la surveillance de la police. Les images qui en parviennent, comme celles du Huffington Post, sont difficilement soutenables.

NI CENTRE DE TRAITEMENT NI ÉQUIPEMENTS

Il y a quatre jours, l'attaque dans ce quartier d'un centre médical avait provoqué la fuite de dix-sept patients porteurs du virus Ebola. Ces derniers ont depuis été retrouvés et transférés vers un autre centre.

« Pour le moment, décrit un professeur et habitant du quartier à RFI, personne ne quitte West Point et personne n'y entre, mis à part quelques officiels du gouvernement, l'armée et quelques organisations internationales. En ce qui concerne Ebola, il n'y a plus de centre de traitement pour les patients ni d'équipements puisque le centre qui était ici a été fermé. »

« ON NE PEUT PAS NOUS ENFERMER SUBITEMENT SANS NOUS PRÉVENIR »

Quelques heures à peine après le début de cette mise en quarantaine, mercredi 20 août, des heurts avaient éclaté, les habitants du bidonville étant furieux d'être traités comme des pestiférés, mais surtout d'être coupés de leur travail. Quatre personnes y ont été blessées par balle, selon le correspondant de l'Agence France-presse et des témoins. Les incidents se sont produits quand des policiers sont venus évacuer une représentante de l'Etat résidant dans le quartier avec sa famille
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.« C'est inhumain, ce que fait cette dame. On ne peut pas nous enfermer subitement sans nous prévenir, comment nos enfants vont-ils manger ? », a déclaré un résident, Patrick Wesseh.

La situation semblait s'être calmée jeudi. Ce jour-là, les autorités ont procédé à des livraisons de sacs de riz et d'eau. Mais les organisations non gouvernementales présentes sur place s'inquiètent d'une possible pénurie à venir. Dans le bidonville, les prix ont déjà explosé, notamment celui de l'eau, qui a quadruplé.

AUCUNE RÉGION ÉPARGNÉE

La totalité du Liberia est désormais touchée par l'épidémie, depuis que des cas ont été découverts dans le Sud-Est, près de la frontière avec la Côte d'Ivoire. « C'était la dernière région épargnée par Ebola », a souligné un responsable des services de sécurité.

L'épidémie d'Ebola a fait au moins 1 350 morts, dont 576 au Liberia, selon le dernier bilan de l'OMS, datant du 18 août.