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L'Europe, soutenue par les États-Unis, a élargi les sanctions à l'encontre de la Russie, commettant ainsi une nouvelle erreur dont les conséquences se feront sentir fortement sur l'état de son économie.

Il s'agit de la suspension de la coopération en matière de production de pétrole en eau profonde et en Arctique, des restrictions dans l'accès aux marchés du capital occidental et de l'interdiction de livraisons de produits à une série d'entreprises russes de la défense. Les Américains font comme les Européens : ils introduisent aussi des nouvelles sanctions à l'égard du secteur financier, énergétique et de la défense de l'économie russe, dans l'espoir, selon l'expression du président Obama, « d'augmenter l'isolement politique de Moscou ».

Du point de vue des experts, de tels actes de l'Occident sont particulièrement déplacés sur fond du processus de négociations commencé en Ukraine, alors que les parties se sont mises d'accord sur une trêve - fragile, mais réelle. Il est évident que l'espoir de l'isolement politique de Moscou n'est aucunement corrélé avec la tâche de la désescalade du conflit ukrainien. C'est le seul but tout à fait indépendant que poursuit l'Occident, en tentant de mettre la Russie à genoux. D'après l'avis du président de la Douma d'État Sergueï Narychkine, les initiateurs des sanctions antirusses ont perdu le sentiment de la réalité et demeurent dans un monde illusoire. Le représentant permanent de la Fédération de Russie en UE Vladimir Tchijov a un point de vue analogue :

« L'Union Européenne a montré par cette décision qu'elle vit dans une réalité parallèle. Introduire les nouvelles sanctions et simultanément, proposer d'élaborer vers fin septembre (soit dans deux semaines) les propositions sur leur suppression est une absurdité même dans un le sens bureaucratique, et politique aussi, bien sûr. L'UE avec ses amis d'outre-atlantique a déclaré bien souvent que son objectif principal était la désescalade du conflit dans le Sud-est de l'Ukraine, appelant la Russie à prendre des mesures dans cette direction. Aujourd'hui, elle avance elle-même vers l'escalade des tensions. L'Europe stimule le parti de la guerre de Kiev. »

L'introduction de ces sanctions supplémentaires de l'Union européenne à l'encontre de la Russie pourrait amener à la déstabilisation de la trêve en Ukraine. C'est ce que redoute, par exemple, le vice-président de la commission du Sénat français sur les affaires internationales, la défense et les forces armées Yves Pozzo di Borgo. L'Europe fait une grande erreur, a constaté le politique.

De plus, les sanctions ne seront pas critiques pour le business russe. Les volumes des moyens octroyés par l'État excluent toute influence de la conjoncture politique variable à l'Occident sur les paramètres économiques russes.

D'après l'avis du directeur du centre indépendant de recherche Bruges Group Robert Oulds, l'UE veut propager son influence plus loin à l'Est, et la seule barrière sur cette voie, c'est la Russie. Mais le président Poutine ne permettra pas aux politiques européens de mettre la camisole de force à son pays, croit l'expert. À son avis, l'Occident doit coopérer avec la Russie, et non voir en elle un ennemi. Robert Oulds est persuadé que ce nouveau paquet de sanctions constitue le début d'une guerre commerciale. Et le fait que cela se passe malgré une certaine stabilisation de la situation dans le Sud-est de l'Ukraine, signifie seulement le désir de l'Europe de punir la Russie pour son indocilité. Bref, la plupart des analystes sont assurés que le Kremlin mènera une politique souveraine - domestique et étrangère, répondant aux intérêts nationaux, que cela plaise aux Occidentaux ou non. Le député du Parlement européen de l'Estonie Jan Toom dit :

« Je connais peu d'exemples où les sanctions économiques ont atteint les buts affichés. Au cours des 100 dernières années, elles se sont montré efficaces 13 fois. Ce n'est pas beaucoup. Il est clair qu'en introduisant des sanctions, nous nous coupons nous-mêmes de la voie vers un dialogue constructif ».

Après les sanctions du côté de l'UE, la Russie pourrait prendre des contre-mesures, ce qui compliquera beaucoup le retour des relations entre Moscou et l'Occident à leur ancien niveau. Et le principal, la nouvelle vague de sanctions amènera à la mobilisation de la société russe. Donc, l'acte occidental aura un effet contraire à celui que l'UE espérait.