Traduit par Fabio Coelho pour Croah.fr

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Un activiste kurde et sa femme, tous deux témoins des atrocités commises par l'EIIL à Kobani au cours des derniers mois, et détenteurs de photos et de vidéos qui attestent de la brutalité des takfiristes, se sont entretenus avec Murad Gazdiev, de Russia Today, pour raconter ce qu'ils ont vu.


Bazran Halil, un activiste kurde des droits de l'Homme et journaliste indépendant, a brièvement traversé la frontière turque en compagnie de son épouse pour s'entretenir avec le correspondant de Russia Today. Son ordinateur portable est rempli de vidéos qui attestent de la brutalité caractéristique dont fait preuve l'État Islamique takfiriste.

« Il y avait un homme atteint du syndrome de Down [Trisomie 21]« , explique-t-il.
Il ne comprenait rien à ce qui se passait, ne savait pas s'il devait fuir ou même juste s'éloigner de la ligne de front. Lorsque les militants takfiristes sont arrivés, ils l'ont décapité et ont pris des photos, qu'ils ont ensuite partagé sur les réseaux sociaux en disant « nous avons tué un athée, un kaffir ».
Bazran affirme que les militants takfiristes ont fait usage d'armes chimiques. Pour prouver ses dires, il fournit des images de la morgue de Kobani, où l'on peut voir des corps brûlés vraisemblablement par du phosphore blanc.

Peu importe la taille de la blessure, la mort est quasi certaine, selon l'activiste, qui affirme que la victime se consume littéralement de l'intérieur dès que le produit chimique entre dans la circulations sanguine.


La femme de Bazran, Raushan, affirme que l'EIIL inspire la terreur, pas seulement la peur, au peuple syrien.

« Si vous fumez, ils vous coupent les doigts », affirme-t-elle. « Boire est punissable d'emprisonnement. Et si une femme est vue en compagnie d'un homme qui n'est pas de sa famille, elle est lapidée à mort. »

Raushan a également décrit la façon dont le groupe takfiriste entraîne les nouveaux combattants.

« En mai, un élève de 9 ans s'est rendu à Alep pour les examens », raconte-t-elle.

« Les djihadistes ont kidnappé tous les garçons, les ont enfermés dans une mosquée et les ont obligés à étudier la loi de la Sharia. Ceux qui n'apprenaient pas le Coran assez rapidement recevaient des décharges électriques à l'aide de câblages. »

« Même des animaux n'auraient jamais fait », conclut Bazran.

Ayant séjourné une semaine en Turquie, Bazran et sa femme sont désormais sur le chemin du retour en Syrie pour poursuivre leur travail de journalisme à Kobani, qui bien qu'elle ait été reprise par les forces kurdes cette semaine, n'est pas tirée d'affaire et reste en proie à la guerre et à l'instabilité.