Existe-t-il un gène ou des gènes « criminels » ? Certaines personnes sont-elles génétiquement programmées pour tuer ? Cette nouvelle étude du Karolinska Institute (Suède) relance le débat, à partir de 2 gènes déjà documentés par un certain nombre d'études pour leur implication dans certains comportements déviants. Les conclusions, présentées dans la revue Molecular Psychiatry, révèlent 2 informations tout de même essentielles : Environ 20% de la population présenteraient l'une des deux variantes génétiques en cause, sans pour autant être des assassins. Une prédisposition génétique n'est donc pas une circonstance atténuante. Ensuite, 5 à 10% des criminels correspondent bien à ce génotype.

Les tueurs en série et autres récidivistes hériteraient donc d'une certaine propension à porter des coups et blessures, selon cette étude génétique menée auprès de près de 800 prisonniers finlandais convaincus de comportement brutal répétitif. Le Dr Jari Tiihonen, professeur de neurosciences à l'Institut Karolinska et auteur principal de l'étude confirme ici 2 gènes, mais précise que des dizaines ou centaines d'autres gènes pourraient être impliqués, mais avec un impact plus faible.

Son étude a analysé l'ADN des prisonniers à partir d'échantillons de sang et rapproché les résultats des types d'infractions commises. Leur analyse aboutit à des variantes dans 2 gènes « remarquables », CDH13 et MAOA, fréquemment impliquées dans les crimes.

Ces 2 gènes sont déjà connus :

· MAOA métabolise le neurotransmetteur dopamine et la variante ici identifiée, combinée à la toxicomanie contribue à favoriser l'absence total de contrôle. En cas de variation, lorsque l'expression de MAOA est réduite, les niveaux de dopamine augmentent en excès dans le cerveau et encore plus sous l'effet de l'alcool ou des drogues, induisant une « explosion » d'agressivité.

· CDH13 code pour une protéine impliquée dans le développement des connexions neuronales dans le cerveau. C'est l'un des gènes majeurs associés au TDAH.

2 variantes génétiques et 13 fois plus de risque de commettre un crime violent, précise l'étude qui précise néanmoins l'importance de facteurs environnementaux, comme une enfance difficile, dans les comportements criminels. En conclusion, ces facteurs environnementaux pourraient être boostés par cette prédisposition génétique, et des comportements facilitateurs, comme la toxicomanie. Mais, en matière de criminalité, la prédisposition génétique ne se suffit évidemment pas à elle-même et, heureusement, puisque 20% des personnes au sein de certains groupes de population, présentent au moins l'une des deux variantes génétiques identifiées.

Source: Molecular Psychiatry 28 october, 2014 DOI: 10.1038/mp.2014.130 Genetic background of extreme violent behavior