Alors que Dieu­donné a été placé en garde à vue en début de semaine et accusé d'apolo­gie du terro­risme, l'humo­riste a reçu l'éton­nant soutien de Jon Stewart, célèbre présen­ta­teur améri­cain.


La France est plus que jamais au centre de l'atten­tion de la presse inter­na­tio­nale depuis les atten­tats de la semaine passée. Les chefs d'Etats de nombreux pays sont appa­rus en masse à Paris pour affi­cher leur unité face à la barba­rie, plusieurs entre­prises ont promis de faire des dons à Char­lie Hebdo et les chaînes d'infor­ma­tion étran­gères diffusent en boucle des images de l'Hexa­gone. Voilà désor­mais que Dieu­donné fait à son tour parler de lui à travers le monde. Hier, lors de l'émis­sion améri­caine The Daily Show, le célèbre présen­ta­teur Jon Stewart a consa­cré l'une de ses rubriques au cas de l'humo­riste français.

Jon Stewart, dont l'émis­sion réunit quoti­dien­ne­ment des millions de télé­spec­ta­teurs, est d'abord revenu sur la marche répu­bli­caine orga­ni­sée en France le 11 janvier dernier. Le présen­ta­teur s'est ému de voir un pays placer la liberté d'expres­sion au devant de ses prio­ri­tés. « C'est magni­fique, s'est-il exclamé, la posi­tion de la France sur la liberté d'expres­sion est la même que sur la ques­tion des maîtresses: il n'y a pas de limites ».

Il a alors diffusé des extraits de chaînes de télé­vi­sion améri­caines rela­tant l'arres­ta­tion de Dieu­donné pour apolo­gie du terro­risme (l'humo­riste avait publié le message « Je Suis Char­lie Couli­baly » au soir du 11 janvier). « J'ai envie de dire à ce mec d'aller se faire foutre, mais en même temps, on était tout juste dans les rues de New York avec des pancartes, en train de crier 'liberté d'expres­sion'. », a commenté Jon Stewart avant d'ajou­ter, « Je Suis Confu­sed ». Le présen­ta­teur a alors tenu à donner son avis sur cette situa­tion complexe. « Soyons clairs, sa publi­ca­tion est détes­table. Mais arrê­ter quelqu'un pour ce qu'il a dit, quelques jours à peine après une mani­fes­ta­tion en faveur de la liberté d'expres­sion, c'est un peu bizarre »...

L'anima­teur a alors réalisé un petit sketch dans lequel il donne vie à un crayon en papier. Ce dernier se pose une ques­tion exis­ten­tielle, « si je n'existe que pour expri­mer l'avis de ceux qui sont en accord avec moi, quel est l'inté­rêt de ma vie? ». Une ques­tion à laquelle Jon Stewart s'est lui-même chargé de répondre, "La liberté d'expres­sion ne doit pas unique­ment être utili­sée au service de la bonne cause. Vous avez tout autant le droit de gaspiller cette merveilleuse ressource comme bon vous semble".

Certains argu­men­te­ront peut-être que Jon Stewart est améri­cain, qu'il ne connaît donc pas bien le dossier Dieu­donné et ses subti­li­tés. Mais après tout, n'est-il pas le mieux placé pour avoir un avis objec­tif sur la ques­tion? Le fait de ne pas être sous le coup de la forte émotion qui s'est empa­rée du public français ne lui permet-il pas de mener une réflexion plus prag­ma­tique? Toujours est-il que c'est désor­mais à la justice française de se plon­ger dans cette ques­tion épineuse. Dieu­donné sera en effet jugé en correc­tion­nelle le 4 février prochain