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« Je travaille comme cuisinier au Sénat américain où je prépare quotidiennement les repas des grands de ce monde, incluant un certain nombre de sénateurs qui ont posé leur candidature pour la présidence, mais je ne parviens pas à joindre les deux bouts, et j'ai besoin des coupons alimentaires du gouvernement américain pour nourrir mes enfants.

Je suis un père célibataire de deux enfants et je gagne seulement 12 dollars de l'heure (..). Mais même en travaillant 7 jours sur 7, cumulant 70 heures par semaine avec mes deux emplois, je ne parviens pas à payer le loyer, les fournitures scolaires pour mes enfants ou même mettre de la nourriture sur la table. Je n'aime pas l'admettre, mais j'ai besoin des coupons alimentaires pour que mes enfants ne se couchent pas affamés le soir. »
Cet extrait est tiré de la lettre ouverte écrite par Bertrand Olotara, qui travaille comme cuisinier au Sénat américain, et qui a été publiée par le journal britannnique The Guardian.

«Aujourd'hui, je n'irai pas au travail, parce que je veux que les candidats à la présidence savent que je vis dans la pauvreté. Beaucoup de sénateurs traversent le pays en donnant des discours sur «la création d'opportunités» pour les travailleurs, et aider nos enfants à réaliser le «rêve américain», mais la plupart ne semblent pas voir ou se soucier que dans les locaux où ils travaillent, des travailleurs doivent se battre pour survivre. (...)

Pourtant, je fais tout ce que nos politiciens nous recommandent de faire pour faire progresser ma situation et m'y maintenir : je travaille dur et je respecte les règles du jeu ; j'ai même obtenu un diplôme et travaillé pendant 5 ans en tant que professeur remplaçant. Mais j'ai été licencié, et maintenant je suis coincé, essayant de joindre les deux bouts avec des emplois sans avenir. (...)

Mon employeur, Compass Group, renouvelle son contrat avec le gouvernement américain aujourd'hui, mais aucun des sénateurs ou des officiels du gouvernement à qui moi et mes collègues servons des repas chaque jour ne nous a demandé si cette entreprise multinationale, dont le siège est au Royaume Uni, traite ses employés américains correctement. Personne ne s'est donné la peine de vérifier si cette société, qui réalise des millions de bénéfices, alloue un salaire et des avantages salariaux décents à ses employés afin de leur éviter de dépendre des programmes d'aide publique pour satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. Bien sûr, nous, les travailleurs, nous avons une opinion en ce qui concerne le renouvellement des contrats fédéraux, mais personne n'a pris la peine de nous poser la question.

Le président Obama et les autres candidats devraient être contraints de dire à tous les Américains s'ils comptent cesser de donner des contrats à des entreprises extrêmement rentables qui paient si mal leurs travailleurs, que ceux-ci doivent compter sur les programmes d'aide sociale comme celui des coupons alimentaires pour survivre. Sinon, toute leur rhétorique affirmant qu'ils voudraient que les travailleurs américains puissent progresser ne sera que du vent.

Mes collègues et moi sommes en grève parce que nous voulons que l'actuel président - et ceux qui font campagne pour lui succéder - s'assurent que les contrats fédéraux soient attribués de préférence à de bonnes entreprises américaines qui paient des salaires décents à leurs employés, qui leur offrent des avantages comme des congés payés, et qui leur permettent d'engager des négociations collectives pour qu'ils n'aient plus besoin de faire grève pour faire entendre leur voix.

La plupart des sénateurs me connaissent et savent où me trouver. J'attends impatiemment une réponse. »