Image
© Inconnu
Nous savions déjà que la prise d'antidépresseurs n'était pas sans risques. En voici une nouvelle fois la confirmation. Une étude américaine réalisée sur des animaux, met en avant l'augmentation des risques de développer une maladie cardiaque suite à la prise d'un traitement antidépresseur sur le long terme. De tels résultats pourraient êtres équivalents chez l'homme, et mettent en garde les patients qui sont sous ce type de traitement.

L'étude1 s'est déroulée au Centre médical Baptise Wake Forest, en Caroline du Nord. 49 guenons, dépressives et non dépressives, ont été choisies afin de démontrer les effets des antidépresseurs sur les artères. Les chercheurs ont opté pour des femelles car les coronaropathies (maladies des artères coronaires) représentent la principale cause de décès chez les femmes aux Etats-Unis, et les troubles dépressifs sont deux fois plus susceptibles de se développer chez les femmes que chez les hommes.

Après avoir reçu un régime alimentaire de type occidental lors d'une phase de prétraitement (des études2,3 ont en effet révélé un lien entre l'alimentation et la dépression), les guenons ont été séparées en deux groupes. L'un a reçu un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, un médicament prescrit en cas de dépression, et l'autre un placebo. La dose administrée était comparable à celle chez l'homme. Ainsi, les résultats ont démontré que les guenons non dépressives qui avaient reçu le médicament ont formé trois fois plus de plaques dans leurs artères que les animaux qui avaient reçu le placebo. En ce qui concerne celles atteintes de dépression, l'athérosclérose était jusqu'à six fois plus importante. L'auteure de l'étude a déclaré que « nos résultats laissent penser que le traitement à long terme par ce médicament favorise l'athérosclérose coronarienne chez les primates non humains ». Mais cela pourrait aussi significatif chez l'homme, car près d'un quart des femmes d'âge moyen aux Etats-Unis prennent des antidépresseurs. Au Canada, c'est environ 20 % des femmes* qui y ont recours4, et en France, l'un des pays les plus friands de ce type de médicaments, ce chiffre atteint les 21,5 %.

Les risques déjà existants liés à la prise d'antidépresseurs
Ces médicaments, qui stimulent l'humeur et l'état affectif d'une personne, agissent directement sur le quotidien. Alors que certains diminuent l'angoisse et améliorent le sommeil, d'autres jouent le rôle de sédatifs et perturbent les activités, comme la conduite par exemple. Le risque le plus important, et le plus fréquent, est la dépendance à ces médicaments. En effet, la plupart des patients, même s'ils n'en ont plus besoin, continuent leur traitement car psychologiquement, ils ne peuvent plus s'en passer. Mais encore, le risque de pensées suicidaires est fortement multiplié lors de la prise de tels psychotropes. Enfin, les femmes enceintes sous traitement antidépresseur ont 68 % de risques en plus de faire une fausse couche5.
*Données datant de 2011

Notes :

1. Carol A, Thomas C, Susan E, Thomas B. Effects of long-term sertraline treatment and depression on coronary atery atherosclerosis n premenopausal femal primates. Journal of Biobehavioral Medicine. April 2015, Volume 77, Issue 3

2. Corinna Rahe, Bernard T. Baune, Michael Unrath, Voker Arolt and al. Associations between depression subtypes, depression severity and diet quality: cross-sectional findings from BiDirect Study. BMC Psychiatry. 2015,15:38

3. Shae E. Quirk, Lana J. Williams, Adrienne O'Neil, Julie A. Pasco and al. The association between diet quality, dietary patterns and depression in adults: a systematic review. BMC Psychiatric. 2013,13:175

4. Les cinq médicaments sur ordonnance les plus consommés, selon le sexe, le groupe d'âge et la catégorie de médicament, population à domicile de 25 à 79 ans, canada 2077 à 2011. Statistiques Canada.

5. Nakhai-Pour HR, Broy P, Bérard A. Use of antidepressants during pregnancy and the risk of spontaneous abortion. CMAJ. 2010 May 31.