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© Alexandre DardotÉpandage de pesticides par hélicoptère
C'est une première en Amérique du Sud. La Colombie a officiellement banni l'épandage de produits à base de glyphosate, dont fait partie le tristement célèbre Roundup de Monsanto. À quelques jours de la marche mondiale contre Monsanto, c'est une victoire qui pourrait se propager à d'autres pays.

Le gouvernement colombien vient d'annoncer l'interdiction de pulvérisation de pesticides à base de glyphosate sur l'ensemble de son territoire. Ce pays d'Amérique du Sud de 47 millions d'habitants restait le seul à pratiquer l'épandage aérien, notamment pour éliminer les cultures illégales de coca qui fournissent les réseaux de cocaïne.

D'un côté la lutte contre la drogue, de l'autre, la lutte contre le cancer. Les agriculteurs, écologistes et experts locaux ont toujours dénoncé les pratiques d'épandage pour la santé de la population et l'environnement. Les Américains, quant à eux, ont toujours affirmé la non-toxicité du produit, dont ils conseillaient l'utilisation au gouvernement dans sa lutte contre les réseaux de drogue. En effet, la Colombie est l'un des premiers producteurs et exportateurs de cocaïne au monde, en grande partie grâce à de nombreux champs cultivés illégalement.

Asperger ces champs de pesticides était l'un des moyens d'action dont disposait le gouvernement pour tenter d'enrailler le narcotrafic. Bogota s'est posé beaucoup de questions lorsque, le 20 mars dernier, l'OMS a affirmé l'aspect "cancérogène probable" du produit.

C'est alors que le ministre colombien de la Santé, Alejandro Gaviria, a décidé de bannir les épandages aériens de glyphasate. Ce dernier était en conflit avec le ministre de la Défense, Juan Carlos Pinzon, qui voyait dans cette interdiction, une augmentation des cultures illégales de cocaïne combattues au quotidien par l'armée. Finalement, le conseil national des stupéfiants a statué le 14 mai dernier par une interdiction à sept voix contre une. L'épandage des pesticides contre les cultures de coca était jugé inefficace selon Daniel Mejia, directeur du Centre d'études sur la sécurité et les drogues de l'université des Andes.

En résumé, la lutte contre le narcotrafic en Colombie ralentit, la santé des habitants s'améliore. C'est avant tout une défaite de Monsanto, une victoire pour le bio.