Le journaliste canadien François Bugingo, qui aurait inventé plusieurs reportages dans des zones de conflits depuis 20 ans, a été suspendu, samedi, de toutes ses collaborations à la télévision, à la radio et dans la presse écrite, ont indiqué les médias auxquels il collaborait.
Selon La Presse, le journaliste de 41 ans aurait reconnu, dans un entretien récent, n'être jamais allé à Misrata en Libye, un des faux reportages incriminés où il décrit une exécution dont il a été témoin, "mais en vérité, il n'a jamais mis les pieds dans cette ville", explique le journal du groupe Gesca. Dans son édition de samedi, une enquête détaillée sur plusieurs reportages, en Somalie ou en Bosnie par exemple, que "le journaliste a inventé de toutes pièces".
D'autres reportages sont également mis en doute dans cette enquête, qui s'appuie sur les témoignages de journalistes que François Bugingo assurait avoir rencontrés dans le cadre de ses reportages.
Suspensions en cascade
Le Groupe Média, filiale de Québecor et qui possède le réseau de télévision TVA, a annoncé la suspension de ce journaliste originaire du Congo précisant qu'il n'est pas un de ses employés, mais "un collaborateur". Dans un communiqué, la direction déclare que "les allégations envers un de ses collaborateurs, François Bugingo, sont importantes et prises au sérieux". En conséquence, "la collaboration avec François Bugingo est donc suspendue jusqu'à ce que des vérifications soient faites".
Plus tôt, le groupe Cogeco avait également suspendu François Bugingo. Ce dernier tenait une chronique de politique internationale sur la radio 98.5 qui a le plus fort taux d'écoute au Québec.
Enfin, les deux journaux du groupe Québecor pour lesquels il était pigiste ou tenait un blog, le Journal de Montréal et le Journal de Québec, l'ont aussi suspendu. Le rédacteur en chef Dany Doucet a estimé qu'en raison de "l'importance des allégations", la décision de suspendre le journaliste avait été prise "jusqu'à ce que la lumière soit faite sur toutes ses collaborations dans tous les médias où il a travaillé".
"Sidéré" par les révélations
Samedi sur sa page Facebook, François Bugingo s'est dit "sidéré" par les révélations de La Presse, en se disant "désolé que (ses) employeurs actuels y soient mêlés malgré eux". Il a assuré délivrer une information "toujours vérifiée et solide".
Chers lectrices (eurs), auditrices (eurs), téléspectatrices (eurs) et amis partout sur la planète, comme vous, j'ai vu...La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), dont le journaliste est membre, a jugé que les faits reprochés à François Bugingo sont de nature à "entacher la crédibilité de la profession de journaliste". Le communiqué de la FPJQ précise que "compte tenu de la gravité et du caractère systémique des fautes reprochées", le conseil d'administration l'a invité "à s'expliquer".
Posted by François Bugingo on samedi 23 mai 2015
Commentaire : Dans la droite ligne, histoire de renforcer la confiance que l'on peut avoir dans nos médias :
- Quelques scandaleuses arnaques journalistiques