Alors que les représentants américains se disent prêts à tolérer des victimes civiles lors de futurs bombardements en Syrie, un regard rapide sur l'histoire des actions militaires des États-Unis nous montre que cette tendance n'est pas nouvelle.
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© Nic Ut / Associated Press
Alors que Washington perd peu à peu l'espoir de retrouver une crédibilité au Moyen-Orient, après l'échec de sa tentative d'endiguer la montée du terrorisme à travers cette région et après l'intervention russe en Syrie, les États-Unis courent véritablement le risque de perdre la tête.

Pour preuve, la récente attaque d'avions militaires contre une installation de Daesh à Mossoul où était stockée une immense somme d'argent devant servir à payer les combattants et à financer les opérations terroristes à venir. D'après un reportage de CNN sur cette attaque, « les commandants américains étaient prêts à tolérer jusqu'à 50 victimes civiles comme conséquence des frappes aériennes compte tenu de l'importance de la cible. Toutefois, l'évaluation qui a suivi l'attaque a montré qu'il y avait eu de cinq à sept morts ».


Commentaire : Depuis quand les États-Unis se préoccupent-ils des dommages collatéraux provoqués par leurs attaques ? Rien de nouveau à l'horizon. Les masques tombent, la vérité est on ne peu plus claire : le vrai visage des dirigeants étasuniens et celui de ceux qui le soutiennent est celui de la psychopathie.


C'est une déclaration étonnante, cynique au sens où elle n'accorde aucune importance à la vie des civils et plonge dans l'hypocrisie, si l'on considère tous les efforts faits par les idéologues occidentaux et leur gouvernement, dans le but de diaboliser l'intervention russe en Syrie, qui accusent Moscou d'attaquer des cibles civiles sans se soucier des conséquences.

Imaginez qu'un commandant militaire russe ait fait une déclaration de ce genre, affirmant que des civils seraient tués lors de frappes aériennes russes à venir ? Le tollé au sein des médias occidentaux serait incommensurable. On pourrait même envisager des tentatives pour organiser des réunions d'urgence au sein du Conseil de sécurité de l'ONU afin de blâmer le gouvernement russe et d'essayer d'isoler Moscou de façon concertée, ainsi que de réduire la Russie au rang de paria.

Pourtant, lorsque les responsables américains font de telles déclarations les médias en parlent comme s'il ne s'agissait que d'un autre jour dans l'Empire.

Dans le même reportage, CNN nous informe que «lors des semaines précédentes, les États-Unis ont annoncé que toutes les cibles seraient déterminées une à une et que des victimes civiles seraient acceptables pour ce qui concerne les cibles importantes».


Dommages collatéraux

Bien qu'indéniablement choquante par son manque de sensibilité, cette déclaration n'étonne pas ceux qui sont familiers de l'histoire des opérations militaires américaines. Par exemple, en Corée et au Vietnam dans les années 1950 et 1960, les États-Unis ont mené une guerre totale contre les civils. Ils ont couverts de bombes la surface de ces deux pays jusqu'à ce que le paysage y soit entièrement dévasté. Un supplément à la destruction des récoltes et des champs de riz, causée par des bombes au napalm et des armes chimiques, telles que l'agent orange. Ces destructions ont au final privé des millions d'habitants des moyens de survivre.


En 1970, un journaliste d'investigation, Seymour Hersh, racontait dans son enquête sur le massacre de My Lai au Vietnam, comment « ils [les soldats américains] mettaient le feu à des cabanes de villageois et attendaient que les gens en sortent pour leur tirer dessus [...] ils rentraient dans les cabanes et les fusillaient [...] ils rassemblaient les gens en groupe et leur tiraient dessus. Tout était bien calculé. C'était des exécutions à bout portant...»


Vers la fin du reportage de Seymour Hersh on apprend, que les enquêteurs militaires qui se sont rendus à My Lai plus tard, ont « trouvé des charniers sur trois sites et un fossé rempli de corps. D'après les estimations, 450 à 500 personnes ont été tuées et enterrées ici, pour la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées ».
« Washington noie dans le sang des gens innocents, qui ne correspondent pas aux exigences de l'hégémonie américaine »
Un autre crime de guerre américain lié à la guerre du Vietnam a été le bombardement intensif du Cambodge, situé de l'autre côté de la frontière vietnamienne. Beaucoup considèrent que c'était un acte de génocide, étant donné le nombre de personnes qui ont péri. Encore pire : cela a préparé l'apparition des Khmers Rouges, ce qui nous offre un parallèle frappant avec le Moyen-Orient de nos jours, quand on pense au rôle que la guerre en Irak a joué dans la déstabilisation de la région, provoquant l'émergence de Daesh.

Un journaliste et réalisateur australien, John Pilger, s'était rendu au Cambodge dans les années 1970, après le renversement de Pol Pot, et a raconté l'horreur et la souffrance vécues par la population sous ce régime perverti.
John Pilger écrit que « pendant six mois, en 1973, des B-52, au cours de leurs 3 695 raids, ont largué plus de bombes sur les zones peuplées du Cambodge qu'ils n'en avaient largué sur le Japon pendant toute la Deuxième Guerre mondiale : en tonnes de bombes, l'équivalent de cinq Hiroshima ».

Pas contents de bombarder le Cambodge, alors entre les mains de Pol Pot avec son projet de génocidaire d'« Année Zéro », les États-Unis ont continué à soutenir les Khmers Rouges après la libération du pays par les Vietnamiens en 1979, qui a contraint le groupe à se replier de l'autre côté de la frontière, en Thaïlande. John Pilger affirme que «la raison pour cela [le soutien américain aux Khmers Rouges], c'est le fait que les libérateurs du Cambodge n'étaient pas du bon côté durant la Guerre froide. Les Vietnamiens, qui avaient poussé les Américains à quitter leur patrie pour combattre, ne pouvaient en aucun cas être reconnus comme les libérateurs et par conséquent, ils allaient souffrir, comme les Khmers ».

En réalité l'histoire de l'exécution de civils par les États-Unis ou du soutien qu'ils apportent à ceux qui les font souffrir et mourir, fournit assez de matériel pour écrire un millier d'articles différents, et non pas un seul.

L'image que ce pays essaye de faire passer aux crédules et candides, mais d'abord à ses propres citoyens, représente les États-Unis comme une nation qui défend les plus hauts standards de rectitude morale, de décence et d'honneur pour ce qui est de ses rapports avec les autres pays du monde. La vérité est exactement le contraire. La vérité, c'est que Washington noie dans le sang des gens innocents, qui ne correspondent pas aux exigences de l'hégémonie américaine.

Ce n'est pas différent dans le cas de la Syrie actuelle et personne ne devrait s'étonner d'une telle indifférence envers les civils innocents, contenue dans les propos de responsables américains concernant les frappes aériennes à venir.