L'Autriche souhaite que les migrants pris en charge à leur arrivée en Grèce par l'agence européenne aux frontières Frontex puissent être directement renvoyés en Turquie, a déclaré samedi le chancelier autrichien social-démocrate Werner Faymann à la presse.

"Frontex doit arrêter les gens qui fuient vers la Grèce. Tous doivent être sauvés, mais ensuite ces personnes doivent être renvoyées en Turquie. Ainsi Frontex ne serait pas qu'un programme de sauvetage mais réellement un service de protection des frontières", déclare le chancelier dans le tabloïd Österreich.

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© GoogleCorps à corps entre les réfugiés et Frontex
Il a ajouté avoir proposé "cette solution optimale" au Premier ministre turc Ahmet Davutoglu lors de la conférence des donateurs sur la Syrie, jeudi à Londres.

Dans le journal Kronen Zeitung, Werner Faymann assure que ce serait "la seule mesure complètement efficace pour briser les réseaux de passeurs".

Selon les services de la chancellerie interrogés par l'agence APA, la Turquie obtiendrait en contrepartie un déblocage plus rapide des trois milliards d'euros d'aide approuvés par l'Union européenne pour juguler le flux des migrants.

L'Autriche est l'un des pays européens qui a accueilli, au regard de sa population, le plus grand nombre de demandeurs d'asile en 2105.

L'Autriche veut que Frontex renvoie les migrants de Grèce en Turquie. Fin janvier, l'un des partis de la coalition gouvernementale au Pays-Bas avait affirmé qu'un projet similaire était à l'étude avec des partis politiques de dix pays, dont l'Autriche, pour renvoyer en Turquie les migrants fraîchement arrivés en Grèce, en échange de l'accueil en Europe de 250.000 réfugiés installés en Turquie.

Plusieurs organisations avaient cependant émis des doutes sur la légalité de renvoyer aux frontières de l'UE des migrants fondés à demander l'asile.

L'UE est sous pression pour trouver des réponses à la pire crise migratoire sur son territoire depuis la Seconde Guerre mondiale, avec un million d'arrivants en 2015.

La chancelière allemande Angela Merkel se rendra lundi en Turquie pour évoquer ce sujet et le Premier ministre turc sera mercredi aux Pays-Bas, pays qui assure la présidence tournante de l'Union européenne.

Vienne a annoncé le 20 janvier vouloir limiter à 37.500 le nombre de nouveaux demandeurs d'asile en 2016, un chiffre qui pourrait être atteint dès avril.
Le gouvernement se dit décidé à "freiner" les entrées de migrants à ses frontières et compte pour cela sur le dispositif de contrôle renforcé inauguré cette semaine au point de passage de Spielfeld (sud) à la frontière slovène. Ce dispositif comprend notamment une clôture grillagée d'un peu moins de 4 kilomètres de part et d'autre du poste-frontière.

"Naturellement, d'autres clôtures à notre frontière sud sont possibles, si nécessaire", a déclaré samedi la ministre de l'Intérieur Johanna Mikl-Leitner (ÖVP, conservateur), ajoutant qu'il fallait "sans conteste se préparer à une extension du contrôle de la frontière" sud.

Mercredi, la ministre avait annoncé la mise en place dès mi-février de "quotas quotidiens" d'entrées dans le pays, sans préciser leur niveau.

L'Autriche, un pays de 8,7 millions d'habitants, a accueilli 90.000 demandeurs d'asile en 2015, soit l'équivalent de plus de 1% de sa population.