Comment: A propos de la joyeuse fusion de ces deux abominations, La Chronique Agora note :
Ce ne sont pas les OGM qui doivent faire peur mais plutôt la taille d'une multinationale qui se retrouvera en situation de quasi-monopole et avec une capacité de lobbying considérable. Cette concentration est aussi le fruit du créditisme. Bayer sollicite cinq banques et devrait emprunter 57 milliards de dollars pour financer son acquisition, un montant record en Allemagne qui surpasse la fusion Sigma Aldrich-Merck de 2014 (17 milliards de dollars). Avec des taux d'intérêt nuls, les multinationales peuvent surenchérir sur les épargnants, les ménages et les petites entreprises. Comme l'explique Bill Bonner dans cet article, la domination du capital mondial devient politique. Le crédit illimité donne aux grands groupes un pouvoir financier et politique qui ne cesse de s'étendre. Élus et gouvernements changent mais les conseils d'administration restent. Les multinationales s'organisent pour se protéger de la concurrence par du lobbying ou par le financement de campagnes électorales.
Campagne électorale d'importance lorsque l'on désire, en plus, imposer légalement des OGM à une population européenne très réticente. Regardons la carte de la production OGM dans le monde :

carte ogm
On choisira donc, contrairement à ce qu'il est dit en début d'extrait, d'avoir peur des OGM parce qu'ils sont nocifs pour la santé (voir plus bas), et d'avoir peur de ce nouveau monstre économique puisque très puissant et tapi en plein cœur de l'Europe.


Monsanto bayer
© PATRIK STOLLARZ, JOHN THYS / AFPMontage associant le logo du géant pharmaceutique allemand Bayer et celui de la bête noire des écologistes, le roi des OGM Monsanto
Le chimiste Bayer a annoncé, mercredi 14 septembre, acheter le fabricant controversé de pesticides et semences OGM Monsanto pour 66 milliards de dollars (59 milliards d'euros), dans ce qui constitue l'acquisition la plus chère jamais payée par un groupe allemand.

« Bayer et Monsanto ont signé mercredi un accord de fusion ferme », au prix de 128 dollars par action en numéraire, a annoncé Bayer dans un communiqué. Le chimiste a dû relever à plusieurs reprises depuis mai son offre avant d'obtenir l'accord du fabricant américain du pesticide Roundup. Déjà puissant dans les pesticides, plus faible dans les semences, Bayer devient ainsi le numéro un mondial incontesté de ces deux types de produits.

Quatre mois de bataille

C'est la fin de quatre mois de bataille et de tractations complexes. En mai, trois semaines à peine après son arrivée à la tête de Bayer, le nouveau PDG Werner Baumann avait créé la surprise en dévoilant son intention d'acheter Monsanto, l'opération la plus coûteuse et la plus risquée jamais tentée par un groupe allemand. Son prédécesseur Marijn Dekkers avait, lui, toujours écarté cette piste, et donné la priorité à l'autre grand métier de Bayer, les médicaments.

Au départ, la direction a rejeté l'offre allemande, jugée « inadéquate », même après avoir été améliorée une première fois. Ce refus initial, classique en pareil cas, n'a pas découragé M. Baumann. Après avoir proposé 122 dollars par action Monsanto, puis 125 dollars, le patron de Bayer a de nouveau surenchéri, le 6 septembre, en proposant d'acheter le groupe américain pour 127,50 dollars par titre.

Cette fois-ci, les dirigeants de Monsanto se sont montrés plus ouverts. Ils ont accepté d'ouvrir leurs comptes détaillés à Bayer, de lui fournir d'autres données confidentielles, et fait état de négociations « constructives » tout en précisant examiner aussi des propositions d'« autres parties », sans précision.

2 milliards de dollars si l'opération échoue

Sentant un accord à portée de main, Bayer a consenti en début de semaine un ultime effort, et mis sur la table une offre à 128 dollars par action, indiquent plusieurs sources. Ce n'est que 5 % de plus que sa proposition initiale, et reste inférieure aux 130 à 150 dollars dont rêvait semble-t-il la direction de Monsanto. Le prix représente néanmoins une prime de 44 % par rapport à ce que valait le groupe à Wall Street début mai, avant la première offre de Bayer. Un argument de choc aux yeux des actionnaires américains.

Vague de fusions dans l'agrochimie

Monsanto s'est longtemps considéré comme un prédateur plutôt qu'une proie. En 2015, le groupe de Saint-Louis, dans le Missouri, a ainsi tenté de mettre la main sur son concurrent suisse Syngenta. Un double échec. Non seulement l'affaire n'a pas abouti, mais elle a déclenché une vague de fusions dans l'agrochimie dont Monsanto se retrouve aujourd'hui victime.

En quelques mois, Syngenta s'est vendu au chinois ChemChina, les deux leaders américains DuPont et Dow Chemical ont lancé leur rapprochement, et, lundi 12 septembre, les canadiens Potash Corp. of Saskatchewan et Agrium ont décidé de créer ensemble le numéro un mondial des engrais.

Chute des prix des matières agricoles

Le mouvement est alimenté par deux grands facteurs. D'une part, l'argent facile : sans la faiblesse actuelle des taux d'intérêt, un groupe comme Bayer pourrait difficilement s'endetter autant pour financer une offre entièrement en numéraire. D'autre part, la chute des prix des matières premières agricoles. Depuis leurs sommets de 2011 et 2013, les cours du blé, du soja, etc., ont plongé en raison notamment de la croissance plus faible de la demande en Chine.

Cette baisse des prix, stoppée depuis quelques mois seulement, a réduit les revenus des agriculteurs, pesé sur la consommation d'engrais, de semences et de pesticides, et incité les industriels concernés à lancer de nouvelles initiatives pour sauver leurs profits.

Faiblesses de Monsanto

A cela s'ajoute dans le cas de Monsanto des faiblesses spécifiques. Pionnier des OGM, le groupe a réussi à y convertir une partie du monde : aux États-Unis, plus de 90 % des semences de maïs et de soja sont modifiées génétiquement. Mais ce succès lui vaut aussi d'être l'une des entreprises les plus haïes au monde.

Par ailleurs, le glyphosate, l'herbicide qu'il a inventé et qui reste le plus vendu sur la planète sous la marque Roundup, est lui aussi très contesté, en raison de son potentiel effet cancérigène. Certains pays envisagent de l'interdire. En achetant Monsanto à un prix jugé élevé, M. Baumann joue donc l'effet de taille, mais prend de sérieux risques.