veuve noir astronomie
© Nasa, CXC, SAO, F. D. Seward, W. H. Tucker, R. A. FesenDes chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) pensent avoir mis la main sur une « veuve noire » des plus étonnante. Un système formé d’un pulsar – ici pour illustration, le pulsar du Crabe – et de non pas une, mais deux étoiles compagnes.
Si je vous dis veuve noire, vous pensez forcément à cette araignée aux mœurs funestes. Mais sachez que la petite bête n'est pas la seule à mériter ce surnom. Quelques « veuves noires » se cachent aussi dans notre ciel. Des astronomes pensent d'ailleurs en avoir démasqué une nouvelle, au comportement quelque peu surprenant.

VIDÉO : Un pulsar « veuve noire » dévore sa compagne Lorsque l'on parle d'araignées, les veuves noires sont celles qui dévorent leurs compagnons après l'accouplement. Et des astronomes ont observé des comportements similaires dans le ciel. Lorsqu'un pulsar et une étoile de faible masse forment un système binaire. Face aux rayonnements émis par le pulsar, l'étoile n'a que peu de chances de survivre bien longtemps. (en anglais) © Nasa Goddard
La veuve noire, pour les biologistes, c'est une araignée un peu particulière. Parce qu'elle peut libérer un venin mortel pour les Hommes, d'abord. Mais aussi parce que les femelles veuves noires ont l'habitude de dévorer les mâles, plus petits qu'elles, après l'accouplement. Et c'est cette drôle de caractéristique qui vaut aussi leur surnom à certains systèmes binaires d'étoiles. Des systèmes composés d'un pulsar - le reste effondré d'une étoile massive, une étoile à neutrons en rotation très rapide sur elle-même - qui, par gravité, dévore peu à peu une étoile compagne plus petite. Gagnant ainsi un supplément de durée de vie.

Des astronomes du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) viennent tout juste d'observer ce qui ressemble bien à une nouvelle de ces « veuves noires ». À 3.000 années-lumière de notre Terre environ. Un système surprenant à plus d'un égard. D'abord parce que celui qu'il faut appeler ZTF J1406+1222 a été détecté en lumière visible. Se signalant aux chercheurs par le clignotement caractéristique et spectaculaire de l'étoile compagne du pulsar. Classiquement, ce sont plutôt les rayonnements gamma et X émis par le pulsar qui mettent la puce à l'oreille des astronomes.
Le saviez-vous ?

Les astronomes du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) ont testé leur méthode de détection par le clignotement de l'étoile compagne sur une douzaine de « veuves noires » connues. Avec succès !
Autre particularité de ZTF J1406 + 1222 révélée par une luminosité variant d'un facteur 13 : sa période orbitale extrêmement courte. La plus courte jamais observée d'ailleurs. Avec un pulsar et une étoile qui tournent l'un autour de l'autre en seulement... 62 minutes !

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© Nasa's Goddard Space Flight CenterIci, une autre « veuve noire » de l’espace, baptisée PSR J1311−3430. En vert et rouge, le rayonnement radio et gamma du pulsar qui échauffe et évapore peu à peu son étoile compagne.
Une « veuve noire » ou peut-être autre chose

Et ZTF J1406+1222 ne s'arrête pas là. Cette drôle de « veuve noire » semble en effet garder sous son aile une troisième étoile. Plus lointaine. Qui achève son tour de piste en 10.000 ans. Une configuration qui pose question aux astronomes.

Pour l'expliquer, ils envisagent que, comme c'est le cas de la plupart des « veuves noires » connues - environ deux douzaines jusqu'à aujourd'hui -, ce système triple s'est formé dans un amas globulaire. Bien avant que notre Soleil se mette à briller. En dérivant vers le centre de la Voie lactée, ce dernier aurait pu être perturbé par la gravité exercée par le trou noir supermassif qui y loge. Suffisamment perturbé pour éclater tout en laissant ZTF J1406+1222 intact.

Mais les astronomes du MIT nous préviennent. En attendant de nouvelles observations, il reste plus prudent de continuer à considérer ce système triple comme un candidat « veuve noire ». Après tout, il n'a pas (encore) révélé d'émissions gamma ou de rayons X caractéristiques de la présence d'un pulsar. La seule chose dont les chercheurs sont certains, c'est qu'ils ont détecté une étoile dont un côté est beaucoup plus chaud que l'autre - celui qui potentiellement, reçoit le rayonnement constant du pulsar - et qui tourne autour de quelque chose en un peu plus d'une heure. Alors, si tout indique qu'il s'agit bien de la compagne d'un pulsar et d'une « veuve noire », il pourrait aussi s'agir de quelque chose... d'entièrement nouveau !