PARIS - La mortalité des colonies d'abeilles reste largement inexpliquée malgré toutes les recherches sur la toxicité des pesticides et il vaudrait mieux privilégier l'approche multifactorielle pour comprendre le phénomène, ont indiqué lundi des experts réunis à Paris.

En France on a cru avoir découvert un syndrome avec l'arrivée sur le marché du +Gaucho+ et d'autres pesticides du genre, mais dix ans après on est toujours face au même problème de mortalité des colonies d'abeilles, a souligné Philippe Lecompte, président du Réseau Biodiversité pour les Abeilles lors d'un point organisé par l'ONU sur le sujet.

Trente pour cent de la production de plantes alimentaires dépendent de la pollinisation, dont 80% est effectuée par les abeilles.

Le constat est dramatique pour les apiculteurs commerciaux américains qui accusent une perte d'environ 33% des colonies, a précisé Dennis Van Engelsdorp, chercheur de l'Université de Pennsylvanie. Il coordonne les groupes de travail sur le syndrome d'effondrement des colonies aux Etats-Unis.

On a identifié 64 variables différentes, allant des pesticides aux modifications génétiques et agents chimiques, mais nous n'avons pas pu trouver LA solution qui expliquerait le phénomène, selon lui.

Les études menées par les spécialistes de Pennsylvanie ont aussi noté un niveau élevé de fongicide dans le pollen avec un effet néfaste déterminant pour la production de miel, a-t-il ajouté.

Ailleurs, une nouvelle maladie décimant en particulier les reines dans les ruches a été répertoriée. Le problème est complexe: il y a une interaction entre différents facteurs qui exacerbe l'ensemble du phénomène, selon l'expert américain.

Un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) a recensé en mars dernier une douzaine de facteurs pouvant expliquer la mortalité des abeilles surtout dans les pays industrialisés du nord: les pesticides, la pollution de l'air, la réduction du nombre de plantes à fleurs et d'apiculteurs, et un parasite mortel tuant uniquement les abeilles de l'hémisphère nord.

Interrogé sur le miel-béton, celui produit par des ruches en ville qui se multiplient, M. Lecompte parle de mode anecdotique. Il n'y a peut-être pas d'insecticides sur les arbres mais bien d'autres contaminants dans l'air y compris des métaux lourds nocifs (...) mais ces abeilles des villes sont aussi très bichonnées par leurs apiculteurs, a-t-il noté.