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MONTRÉAL - Après d'innombrables délais, rebondissements et autres élucubrations douteuses devant le tribunal, le roman-savon judiciaire de Jean-François Harrisson est désormais terminé.

Le comédien de 36 ans a été condamné à 20 mois de prison pour possession et distribution de pornographie juvénile, lundi, au Palais de justice de Montréal.

Entrevue avec son avocat

Une fois libéré, il devra compléter 180 heures de travaux communautaires dans un délai de 15 mois. En tenant compte du temps qu'il a passé en détention préventive, il doit encore purger neuf mois et demi fermes derrière les barreaux.

Le juge Jean-Pierre Boyer, de la Cour du Québec, s'est ainsi rendu à la suggestion formulée d'un commun accord entre la procureure de la Couronne, Me Anne Gauvin, et l'avocat de l'accusé, Me Jean Dury.

Harrisson, un acteur rendu populaire grâce à ses rôles dans plusieurs séries jeunesse diffusées à VRAK-TV, a plaidé coupable en avril dernier à trois chefs d'accusation de possession, distribution et importation-exportation de matériel pornographique juvénile.

Affaire rocambolesque

Auparavant, il avait été reconnu coupable de bris de condition et condamné à une journée de détention après qu'il eut refusé de se présenter devant le tribunal alors qu'il était tenu de le faire.

À cette époque, et jusqu'à ce qu'il fasse appel aux services de Me Dury, il clamait à qui voulait l'entendre qu'il était le «représentant autorisé» de Jean-François Harrisson et qu'il ne reconnaissait pas la validité des accusations portées contre lui. Il a ainsi multiplié les comparutions aux allures surréalistes devant la cour, faisant perdre patience à quelques juges au passage.

Père d'un garçon de 13 ans, il a été arrêté chez lui en mars 2009 après qu'une enquête des autorités américaines eut révélé qu'il avait échangé 548 photos en deux semaines avec un citoyen des États-Unis, sous le pseudonyme de SoulLegLover. Une autre enquête, celle-là menée en Allemagne mais couvrant des événements remontant jusqu'en 2004, a permis de dévoiler des faits similaires.

En fouillant son ordinateur, les policiers de Montréal ont découvert environ 29 000 clichés de pornographie juvénile. De ce nombre, 19 523 montraient des enfants, dont des bébés, agressés sexuellement par des adultes. Des photos « dégoûtantes, odieuses et choquantes », a martelé Me Gauvin. D'autres, prises par Harrisson lui-même, présentent des adolescentes se promenant sur la plage.

Obsédé par les ados

Selon deux rapports d'évaluation, dont l'un émane du Centre d'intervention en délinquance sexuelle (CIDS), Harrisson manifeste une «sexualité prédominante et quasi obsessionnelle» avec un fort penchant vers l'hébéphilie, soit une attirance sexuelle envers les adolescents. Il aurait d'ailleurs déclaré aux experts l'ayant évalué qu'«entre 15 et 17 ans, les filles peuvent être sexy ».

«Il vivait plusieurs déceptions avec les femmes adultes. Les mineures lui apportaient gratification et valorisation», a signalé Me Gauvin. On y note également que l'accusé a tendance à minimiser sa responsabilité par rapport aux infractions qu'il a commises. Ce dernier attribuait en effet sa consommation de pornographie juvénile à sa consommation de cannabis et au stress qu'il vivait au travail.

Il soutenait de plus n'avoir aucun problème de dépendance ou déviance sexuelle et que, pour lui, «regarder de la pornographie juvénile n'est rien de plus qu'un jeu». Il s'est d'ailleurs dit surpris par la quantité de fichiers retrouvés chez lui.

Les analyses informatiques ont cependant démontré que Harrisson consultait ces images illicites à des moments précis de la journée et qu'il les entreposait de façon très méticuleuse dans son ordinateur. Il lui arrivait aussi de visionner de la pornographie adulte à l'occasion.

«Content que ça finisse »

Questionné au sortir de la salle d'audience, Me Jean Dury s'est dit heureux d'avoir pu en arriver à une entente avec la Couronne. Selon lui, son client est «content que ça finisse» et espère qu'il pourra se retrouver du travail rapidement.

Pour sa part, Me Gauvin souligne que le processus judiciaire et la forte médiatisation de cette affaire a semblé atténuer les risques de récidive chez Harrisson. «Sa popularité a été moussée par les jeunes et, d'un autre côté, il les utilisait pour alimenter sa déviance», a-t-elle néanmoins rappelé.

Harrisson sera soumis à une probation de trois ans suivant sa sortie du pénitencier. Durant cette période, il lui sera notamment interdit d'utiliser un ordinateur ou tout autre appareil donnant accès à internet, sauf aux fins de travail.

De plus, il ne pourra pas se trouver en compagnie de mineurs sans la présence d'un adulte responsable. Il devra enfin remettre un échantillon d'ADN et verra son nom être inscrit au registre des délinquants sexuels pour une période de dix ans.