Image
La commission nationale d'investiture de l'UMP a accordé son investiture à Georges Fenech pour les élections législatives de 2012 dans la 11e circonscription du Rhône à Givors.

Denis Ribeyre conseiller municipal de Givors nous signale sur son blog qu'en 2001 Georges Fenech était venu se mettre « au vert » - et dans l'urgence - dans la 11e circonscription du Rhône « à peine deux mois après avoir été mis en examen dans l'affaire dite de l'angolagate. Arrivé à Givors en 1963 à l'âge de 9 ans, reparti l'année suivante en 1964, il réapparaît dans la ville 37 années plus tard, sa présence n'étant plus désirée dans la magistrature après sa mise en examen, sa condamnation pour complicité d'injure publique raciale envers un autre magistrat et son escapade au Gabon. »

C'est ainsi qu'il obtint, contre toute attente, l'investiture de l'UMP récemment créée, et qu'il sera élu en juin 2002, puis réélu confortablement en juin 2007 « grâce à un accord avec le maire communiste de Givors alors empêtré dans une affaire judiciaire qui sera classée sans suite malgré les conclusions des enquêteurs.»

Et malgré ses multiples « erreurs », mises en accusation et autres condamnations, non seulement ce magistrat a été réintégré le 28 aout 2008 dans la magistrature, mais il a été nommé premier substitut auprès de l'administration centrale du ministère de la justice et mis à disposition des services du premier ministre François Fillon, qui lui a confié une mission d'évaluation des dispositifs judiciaires de lutte contre les sectes !

N'oublions pas toutes les « casseroles » que traîne cet individu derrière lui, en dehors de ses démêlées centafricaines. Tout d'abord, chargé d'instruire le procès de l'assassinat du Juge Renaud, Fenech a prononcé un non lieu en 1992, enterrant définitivement l'affaire.

On le retrouve également dans le monde de l'industrie agroalimentaire. Il fut l'un des fondateurs de Momagri (Mouvement pour une Organisation Mondiale de l'Agriculture), un lobby international soutenant les OGM et prônant une gestion globale de l'agriculture qui, sous couvert de défense des agriculteurs, fait pression sur les gouvernements et les instances démocratiques afin d'obtenir des législations favorables aux plus grosses compagnies productrices de semences OGM. Et il est pour le moins surprenant que depuis les révélations faites dans la presse internet sur son appartenance au Momagri, le nom de Georges Fenech ait disparu du site, alors qu'il en était l'un des membres fondateurs.

Nous ne devons pas oublier, non plus, que Georges Fenech a proposé de punir tous les refus de vaccination de « six mois d'emprisonnement et 3 750 euros d'amende », alors que la plupart des délinquants ne vont pas en prison.

Et voilà que, malgré toutes ces intrigues, Georges Fenech a été reconduit comme Président de la Miviludes par décret de Nicolas Sarkozy pris le 13 septembre 2011, dix ans mois pour mois après avoir débarqué le 6 septembre 2001 à Givors « dans l'urgence » pour y revendiquer la 11e circonscription du Rhône.

Et 11 ans plus tard, semblant ignorer qu'il fut, un temps, frappé d'inéligibilité, l'Ump lui a accordé son investiture pour les élections législatives de 2012.

Aussi, lors de ses vœux présentés à Loire sur Rhône devant 600 personnes, évidemment toutes acquises à sa cause, il n'a pas hésité à répéter qu'il revenait sur « ses terres », mais comme le précise Denis Ribeyre, qui n'est pas un homme de gauche : « En réalité l'arrière ban UMP des agglomérations lyonnaise et viennoise s'était déplacé en masse pour afficher son soutien au forcing de Fenech. Sur l'estrade, peu de maires de la 11e circonscription (8 sur 42). »

Nous pouvons dès lors supposer que sa campagne législative s'appuiera sur un durcissement de la politique antisecte avec la bénédiction de nos pouvoirs publics ainsi que l'entière collaboration des grands médias.

Anticipant ce mouvement, le 16 janvier 2012 le Figaro demandait d'être vigilants face au phénomène sectaire, et le 29 janvier, le CICNS (Centre d'Information et de Conseil des Nouvelles Spiritualités) s'inquiétait : « Quelle est la justification d'une telle campagne ? Le Figaro pense la trouver dans l'affirmation suivante tirée des propos de ces dernières années du président de la Miviludes : "On estime entre 60 000 et 80 000 le nombre d'enfants victimes de dérives sectaires". Ces propos sont graves puisqu'ils mettent en cause de nombreuses familles appartenant à des minorités spirituelles, éducatives et thérapeutiques : les groupes arbitrairement qualifiés de "sectes" par la Miviludes. »

Or, Jean-Yves Dupuis, inspecteur général de l'administration de l'éducation Nationale (Mission « sectes » de ce ministère) a déclaré lors de l'enquête parlementaire de 2006 sur le thème « Sectes et enfance » présidée par Georges Fenech : « Nous avons demandé aux inspecteurs d'académies quels étaient parmi ces enfants en danger, ceux qui l'étaient à cause de mouvements sectaires, ils nous ont répondu qu'il y en avait 8 (sur les 19 000 signalements auprès des parquets comme le commente Georges Fenech lui-même) »

Ces 8 enfants, qualifiés de « suspects et incertains », justifient-ils un tel déploiement policiers et un tel coût d'argent, alors que d'après l'Unicef : « Plus de 2 millions d'enfants vivent sous le seuil européen de pauvreté, 600 000 enfants sont considérés comme mal logés, 20 000 enfants et leurs parents sont sans domicile fixe et qu'en France métropolitaine, 37 % des enfants sont considérés comme pauvres et/ou vulnérables » ?

Les « sectes » n'ont bien évidemment rien à voir avec cette misère, mais la propagande antisectes a su convaincre une intelligentsia française défaillante de clouer au pilori les médecines douces, les foires et salons biologiques, les végétariens, et les médecins qui soignent et guérissent avec des méthodes « non agréées » mais efficaces, ainsi que ceux qui refusent les vaccins ou les transfusions.

Cette attitude se comprend bien car tous les mouvements qui prônent la nourriture saine, le bien-être, les produits naturels, les médecines douces ou alternatives, donc les gens sains, sont dangereux aux yeux du lobby agro-alimentaire protégée par le fondateur de Momagri. Le meilleur moyen de les neutraliser est de les faire passer pour de dangereux gourous ou pour des sectes.

A-t-on jamais vu la Miviludes s'en prendre aux 150 000 hospitalisations annuelles et aux 15 à 18 000 morts dues à des accidents provoquées par des médicaments munis de l'AMM ? Cette pseudo « bienfaitrice de l'humanité » qui s'inquiète pour la santé de la population a-t-elle dénoncé à temps les responsables du sang contaminé, de l'amiante, de l'hormone de croissance, de la vache folle, ou les mensonges des laboratoires responsables de milliers d'accidents, la plupart mortels, alors qu'elle tire à boulets rouges sur n'importe quel médecin ou thérapeute qui pratique une médecine différente, non encore homologuée par l'Académie de médecine, et qu'elle conseille de les dénoncer pour le bien public et qu'elle est officiellement encouragé pour le faire ?

Hervé Machi, magistrat, et secrétaire général de la Miviludes invite les médecins à informer, avec le concours de son conseil départemental, l'ARS (Agence régionale de santé), le procureur de la République du tribunal de grande instance et la Miviludes de toute situation suspecte, par courrier postal ou par mail : « La Miviludes n'a pas de pouvoir d'enquête, mais elle coordonne les actions de prévention et de répression entre police, justice, éducation nationale, monde médical. Elle peut appuyer les signalements auprès de la justice et faire avancer les dossiers plus facilement ».

Fort heureusement, malgré les moyens mis en œuvre pour faire peur aux Français en disant que les sectes, mouvements quasi terroristes hyper puissants, sont partout et après la création d'une loi spécifique pour lutter contre ces mouvements, bien rares sont les condamnations en justice ! Aussi, la Miviludes n'a trouvé qu'une parade : exagérer considérablement et sans preuve évidemment les chiffres, sans se soucier du ridicule.

De même, puisque cette institution d'Etat se préoccupe autant de l'avenir de nos enfants, comment se fait-il qu'elle ne critique jamais certaines personnalités politiques ou médiatiques qui ne cachent pas leurs pulsions pédophiles et avouent qu'ils vont les assouvir dans des pays étrangers et pauvres ? Et puisqu'elle parle autant des sectes, pourquoi ne s'attaque-t-elle pas aux sectes pédophiles et sataniques qui sévissent partout dans le monde ? Il est certain qu'elles sont beaucoup plus dangereuses que les thérapeutes qui soignent autrement, les parents végétariens ou ceux qui élèvent leurs enfants à la maison étant donné le fiasco total de l'éducation scolaire et l'illettrisme qu'elle propage. Mais il est aussi certain qu'il est plus dangereux et moins facile de placer les véritables sectes dans son collimateur.

Ces individus antisectes ont-ils jamais placardé des affiches titrant : « Face aux dérives pédophiles dans certaines religions, parents soyez vigilants » ?

Et en octobre 2011, le CICNS signalait que l'Université Paris-Descartes s'interrogeait sur l'opportunité de créer un diplôme de spécialisation sur les dérives sectaires à destination des personnels de la santé, de la justice et des travailleurs sociaux. « Il n'est pas étonnant qu'un sujet appartenant à la pensée unique française fasse l'objet d'une désinformation généralisée depuis trente ans, mais que l'Université n'ait pas d'emblée rejeté cette proposition aberrante laisse pantois. »

Il reste à espérer que le Conseil d'Administration de l'Université saura montrer la lucidité nécessaire pour refuser la création de ce diplôme afin que l'Université Paris-Descartes ne devienne pas une annexe de la Miviludes.

Toutefois, la contagion du virus antisecte s'est répandu partout car l'Assemblée nationale a achevé jeudi l'examen d'une proposition de loi UMP dite « de simplification du droit des entreprises ». Dans cette proposition de loi qui aurait pu passer inaperçue, on découvre un amendement de Philippe Vuilque, député PS et militant notoire contre les minorités spirituelles, qui a été adopté et stipule que les membres de la Mission interministérielle de lutte et de vigilance contre les dérives sectaires « ne peuvent être recherchés, poursuivis, arrêtés, détenus ou jugés en raison des opinions qu'ils émettent dans le rapport annuel ». En quoi cette bande de malades mentaux peut-elle être considérée comme une « entreprise » et bénéficier du même statut d'immunité que les hauts fonctionnaires du gouvernement ?

Il en ressort que la Miviludes qui s'est déjà arrogée des droits anticonstitutionnels, en opposition aux principes d'une démocratie et aux libertés fondamentales, pourra désormais impunément pousser plus loin encore ses mensonges et sa campagne diffamatoire aveugle contre les convictions de toute une partie de la population sans que celle-ci ait droit à la parole pour se défendre. Grâce à cette impunité, cette secte pourra ainsi continuer à calomnier en toute tranquillité, sans être obligés de rendre des comptes.

Pour convaincre ses collègues de la légitimité d'une telle protection juridique, le rapporteur du texte Jean-Pierre Michel soutient que les membres de la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), « sont attaqués quotidiennement, y compris physiquement ». Il faut être irresponsable pour oser soutenir de telles âneries car, si une seule agression de ce type avait eu effectivement lieu, l'auteur d'un tel acte aurait immédiatement été jeté en prison, dénoncé par les médias, et le mouvement auquel il aurait appartenu aurait été dissout, ce qui n'a jamais été le cas.

En résumé, ce souhait d´impunité dénote une incapacité à affronter la contradiction et l'appel à la délation baptisée « dénonciation citoyenne » par la Miviludes, nous ramène au temps des Tribunaux d'exceptions créés, de triste mémoire, par le gouvernement de Vichy, aux polices hitlérienne ou stalinienne. Et plus récemment, au temps du sénateur Joseph McCarthy qui, aux états-Unis, avait dressé une « liste noire » (identique à celle demandée par Fenech) des cinéastes qui osaient critiquer l'intervention américaine au Vietnam et qui ont vu leurs carrières brisées et leurs familles ruinées par un malade mental dangereux, mais qui a sévi pendant des années, sans que personne ne le mette hors d'état de nuire dans un pays qui se disait, lui aussi, défenseurs des libertés !

Nous ne devons jamais oublier que la France a été condamnée des dizaines de fois par la Cour européenne de justice pour violation de la Convention européenne des droits de l'homme, ce qui place notre pays en deuxième position ex-æquo avec la Turquie !

On a du mal à comprendre comment Fenech a pu utiliser impunément des véhicules de grand luxe qui sont mis en permanence à la disposition de personnes n'exerçant aucune fonction au ministère. La Cour des comptes a signalé que cette dépense aux frais des contribuables s'ajoute aux nombreuses subventions généreusement attribuées à ce genre de groupuscule. Pourquoi ces privilèges dans un pays qui les a, théoriquement, abolis depuis plus de 200 ans ?

Il devient urgent, en cette période électorale, de connaître quels services a bien pu rendre Fenech et quels sont le ou les moyens de pression dont il dispose pour jouir d'une telle complaisance et protection de la part de François Fillion, alors que Michèle Alliot-Marie l'avait prévenu : « Comme vous le rappelait ma circulaire du 23 janvier 2009, je vous demande de privilégier, dans votre action, la logique visant à rechercher et à qualifier juridiquement les faits pouvant être réprimés, et non une logique de liste de mouvements susceptibles de commettre des dérives sectaires [...] ce dispositif risque de contrevenir à la Convention européenne des droits de l'homme, notamment à l'article 9 qui protège la liberté de pensée, de conscience et de religion. »