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Notre galaxie, la Voie lactée, regorge de planètes rocheuses un peu plus grosses que la Terre, où la vie ne serait pas forcément impossible. | GAMMA/ROBERT LLEWELLYN
Notre galaxie, la Voie lactée, regorge de planètes rocheuses un peu plus grosses que la Terre, où la vie ne serait pas forcément impossible. Elles gravitent autour de petites étoiles de faible luminosité, aux colères redoutables, les naines rouges.

"Nos observations signifient qu'environ 40 % de toutes ces naines rouges ont une super-Terre en orbite dans leur zone habitable, là où l'eau liquide peut exister à la surface de la planète", indique Xavier Bonfils (Observatoire des sciences de l'Univers de Grenoble). Sachant qu'on compte environ 160 milliards de naines rouges dans la Voie lactée, il y aurait des dizaines de milliards de planètes dans leur banlieue habitable.

"Il y a dix ans, on n'aurait sans doute pas prédit un tel chiffre", ajoute Xavier Bonfils, premier auteur d'un article publié mercredi 28 mars dans la revue Astronomy & Astrophysics, et signé par une équipe internationale, qui présente cette estimation. Il admet que la marge d'erreur reste "conséquente", puisqu'elle va de 28 % à 95 % des naines rouges dotées de super-Terres dans leur zone habitable.

Ce résultat est pour l'heure statistique. Il se fonde pourtant sur des observations nouvelles : dans le même numéro d'Astronomy & Astrophysics, Xavier Bonfils et ses collègues décrivent une nouvelle moisson du spectrographe Harps installé sur le télescope de 3,6 mètres de diamètre de La Silla de l'Observatoire européen austral (ESO) au Chili. En l'occurrence, une des nouvelles planètes détectées, Gliese 667Cc, quatre fois plus massive que la Terre, semble se trouver au centre de la zone habitable de sa naine rouge. Par ses caractéristiques, c'est à ce jour celle qui se rapproche le plus de notre Terre. Au total, sur 102 naines rouges observées par Harps entre 2003 et 2009, neuf planètes ont été détectées. C'est cet échantillon qui a permis d'estimer le nombre de super-Terres dans la Voie lactée.

ATMOSPHÈRE DENSE

Mais ferait-il bon vivre dans la zone habitable de ces naines rouges ? "On a longtemps pensé que leurs planètes seraient trop bombardées par les rayonnements et bloquées par effet de marée avec la même face toujours tournée vers leur étoile, indique Xavier Bonfils. Mais ce n'est plus considéré comme rédhibitoire." Une atmosphère dense pourrait servir de "tampon" et favoriser l'éclosion de la vie.

François Fressin (Harvard) juge les résultats de Harps "très importants". L'appréciation vaut compliment, venant d'un membre de l'équipe concurrente du satellite américain Kepler qui, en décembre 2011, a annoncé la découverte des deux planètes extrasolaires les plus petites jamais détectées, Kepler-20e et 20f. Mais celles-ci ne se trouvaient pas dans une zone habitable.

"Même si le nombre de super-Terres avancé par l'équipe de Harps paraît excessivement élevé par rapport aux estimations de Kepler, ça en fait quand même des milliards", souligne François Fressin, qui salue la détection de Gliese 667 Cc. Reste qu'une mission vers cette grande sœur de la Terre n'est pas pour demain : elle est distante de trente années-lumière, soit 300 000 milliards de kilomètres...